L’IRAN IMPLIQUÉ AU LIBAN SE TROMPE TOTALEMENT DE STRATÉGIE
Par Jacques BENILLOUCHE
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Khamenei, Nasrallah et Soleimani |
Depuis plusieurs années, après l’intégration du Hezbollah au sein du gouvernement du général Aoun, le Liban
est devenu le monopole de l’Iran qui dispose par ailleurs de forces fidèles à
proximité, en Syrie et en Irak. C'est pourquoi les États-Unis ont imposé des sanctions aux principaux acteurs de la milice chiite.
Il s’agit de geler les entrées financières du Hezbollah en provenance
d’Amérique latine, d’Afrique et d’Australie. Les ressources proviennent
essentiellement du trafic de drogue, de la contrebande de cigarettes et même de
faux médicaments.
Peu d'argent est distribué à la population |
Téhéran avait chargé le Hezbollah de
missions au-delà des frontières libanaises pour le transformer en mercenaire
pour ses actions en Syrie, en Irak et au Yémen. Le Liban est devenu progressivement
le centre de propagande et financier de l’Iran pour contrecarrer les sanctions
américaines. Avec l’accord tacite du président Aoun, le Hezbollah s'est emparé
du contrôle presque total de l'État : l'aéroport, les ports, les points de
passage des frontières, les réseaux téléphoniques, la sécurité et les
ministères des services. Cette mainmise totale a poussé les États-Unis à
imposer de nouvelles sanctions qui semblent cependant avoir des conséquences très
limitées.
La révolution libanaise, qui a pris
pour prétexte la taxation des communications téléphoniques, exprime en fait la
volonté des Libanais de s'opposer à la confrontation du Hezbollah avec les Occidentaux. Pris en
otages, le peuple libanais, et parmi lui les chiites, s'est élevé publiquement
contre la milice chiite au point de l’affronter dans ses fiefs traditionnels de Nabatiyeh et de Baalbek-Hermel. Le Liban, qui a été une petite Suisse prospère,
connaît à présent ses pires jours face à un système politique défaillant, des
intérêts multiples qui ignorent ceux du pays et une division du peuple
qui n’est pas essentiellement due à la situation communautaire.
Soleimani et son adjoint |
Le peuple est resté passif pendant
toute la période où le Hezbollah s’infiltrait dans tous les rouages du pays et
ce ne sont pas les avertissements israéliens qui ont manqué. L’économie est en
chute libre tandis que les dirigeants politiques restent inertes. Le grand
maître d’œuvre de l’infiltration de l’Iran est le général Soleimani qui semble
à présent dans l’erreur. Pour acquérir le soutien de la population, il a organisé
en sous-main les manifestations au Liban à partir du slogan «solidarité avec la
Palestine».
Israël a toujours été le ciment de toutes les
contradictions. La révolte légitime du peuple libanais est devenue une action anti israélienne pour détourner l’attention sur les vrais problèmes.
Les photos de presse sont éloquents en la matière puisque l’on voit des
dizaines de personnes brûler les drapeaux israélien et américain à Beyrouth avec
des slogans surréalistes de «résistants libanais» appelant au djihad
contre les «sionistes meurtriers et le grand Satan américain». Il s’agit
d’un anachronisme qui ramène à l’époque des précédentes décennies, Israël étant le bouc émissaire.
Le général Qassem Soleimani, qui a
installé une tête de pont iranienne pour la conquête du Moyen-Orient à base d’idéologie
Khomeyniste, a réussi grâce aux milliards de dollars investis au Liban. Téhéran
se vante que le Liban est le seul pays où les Iraniens contrôlent tous les
leviers du pouvoir, de la présidence aux services de sécurité, en passant par
le Conseil des ministres et le parlement. Ils ont établi des alliances
avec des familles puissantes, ethniques et sectaires qui ont la main sur
plusieurs régions du Liban.
À Gaza, Téhéran maintient aussi son influence
grâce aux fonds importants distribués au Hamas, la branche palestinienne des
Frères musulmans. Cependant, la rivalité idéologique entre le khomeynisme
et celle des Frères freine, pour l’instant, la mainmise totale iranienne.
Selon la presse iranienne, Soleimani se targue que le Liban est l’exemple éclatant de son succès dans la construction d'un empire, même un peu éloigné de la réalité des mollahs. Il se présente en tant que maître stratège capable d'affronter Tsahal avec la conviction qu’il pourra l’amener jusqu’à sa destruction. Il prétend qu’il a obligé Israël à renoncer à «la stratégie de guerre préventive de Ben Gourion» impliquant ainsi que Tsahal a perdu ses capacités de dissuasion. Il en déduit qu'Israël ne déclencherait jamais de guerre préventive contre l’Iran. Mais dans son raisonnement biaisé, il omet de préciser qu’Israël a perpétré plus de 300 attaques contre des cibles iraniennes en Syrie et en Irak, faisant des centaines de morts.
Selon la presse iranienne, Soleimani se targue que le Liban est l’exemple éclatant de son succès dans la construction d'un empire, même un peu éloigné de la réalité des mollahs. Il se présente en tant que maître stratège capable d'affronter Tsahal avec la conviction qu’il pourra l’amener jusqu’à sa destruction. Il prétend qu’il a obligé Israël à renoncer à «la stratégie de guerre préventive de Ben Gourion» impliquant ainsi que Tsahal a perdu ses capacités de dissuasion. Il en déduit qu'Israël ne déclencherait jamais de guerre préventive contre l’Iran. Mais dans son raisonnement biaisé, il omet de préciser qu’Israël a perpétré plus de 300 attaques contre des cibles iraniennes en Syrie et en Irak, faisant des centaines de morts.
Soleimani sur le terrain |
Il ne cache plus que le Liban est
son objectif principal, a fortiori lorsque le pays est sans gouvernement propre.
Il se vante de ses déplacements permanents en maître dans le pays et de l'introduction des flots d'armes, y
compris des milliers de missiles, déversés au Liban via l'Irak et la
Syrie. Il s’y comporte en proconsul, ne s’embarrassant d’aucune clause préliminaire avec
le gouvernement libanais.
Sa puissance est telle qu'il pourrait,
s’il le voulait, déclencher une guerre sans l’accord du président libanais, du
Premier ministre, du ministre de la Défense et du chef de l'armée. Il se
comporte en maître absolu doté d’un pouvoir illimité. Il se soucie peu
d’éventuelles victimes libanaises qu'une guerre entraînerait, surtout si selon lui il s'agit des «frères sunnites
et chrétiens assis dans leurs villages, fumant du narguilé et buvant du thé,
alors que le Hezbollah se bat pour détruire l'ennemi sioniste. Le Hezbollah est
le principal protecteur de la nation libanaise».
Mais il surestime son pouvoir face à des Libanais qui dans les moments
difficiles ont toujours transcendé les clivages sectaires et politiques, qui s’orientent vers le monde
moderne plutôt que vers l’anachronisme des barbus iraniens, qui ont toujours
visé la Méditerranée plutôt que le Golfe persique, et qui vomissent l’idéologie
khomeyniste. Soleimani devrait craindre un retour de bâton d’une population
excédée par la mainmise chiite. Le peuple libanais, très pacifique, a des
ressorts inattendus.
Le général iranien a tort de se vanter ainsi sachant qu’il
s’est mis à dos tant de Libanais qui pourraient, le jour venu, aider à le
mettre face à ses ennemis israéliens. Tsahal y songe à présent sérieusement. Le
chef du Mossad, Yossi Cohen, vient de déclarer que «l’iranien Soleimani sait
que son assassinat n’est pas impossible». Si Abu Bakr Al-Baghdadi a été éliminé par les forces spéciales, rien n'est impossible. Trop sûr de lui, Soleimani ne se rend pas compte que sa stratégie au Liban n'a plus cours.
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