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dimanche 25 août 2019

Tsahal ignore les limitations aériennes irakiennes


TSAHAL IGNORE LES LIMITATIONS AÉRIENNES IRAKIENNES

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps

Chammal : Ravitaillement en vol d'un rafale par un KC10 américain

En septembre 2014, la Syrie avait déclaré que l’armée israélienne avait abattu un de ses avions de combats dans le sud du pays en transgression de la résolution 2170 qui «réaffirmait l’indépendance, la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de la République d’Irak et de la République arabe syrienne» mais qui autorise la lutte contre «la menace que représentent, pour la région notamment, l’État islamique d’Irak et du Levant et le Front el-Nosra». Le Conseil de sécurité autorisait donc l’usage de la force contre ces groupes terroristes par une coalition internationale dirigée par les États-Unis. C’est dans ce cadre que l'opération Chammal a été organisée, nom donné à la participation des forces armées françaises, au sein de cette coalition.



Adel Abdel Mahdi

Pour faciliter les opérations de la coalition, le gouvernement irakien avait accordé des autorisations spéciales pour les vols dans son espace aérien. Mais le premier ministre irakien, Adel Abdel Mahdi, avait annulé le 15 août ces autorisations en précisant qu’elles s’appliquaient «aux missions de reconnaissance, aux avions de chasse, aux hélicoptères et aux drones». Cela impliquait que tout aéronef volant sans autorisation sera «considéré comme un appareil hostile et sera immédiatement traité par la défense aérienne». Israël était visé en premier.
Cela était justifié par les multiples incidents aux origines indéterminées. En juillet 2019 à Amirli dans la province de Salah-ad-Din, une base occupée par des milices irakiennes soutenues par l’Iran, Hachd al-Chaabi, a subi une attaque de drone suivie d’explosions. Au moins un membre des Gardiens iraniens de la Révolution a été tué.
Le quotidien Asharq Al-Awsat, sur la base d’informations occidentales, a affirmé que des F-35I israéliens auraient frappé à deux reprises des entrepôts iraniens stockant des armes et des missiles, au nord-est de Bagdad. Selon les experts, qui précisent que la base israélienne de Névatim se trouvant à plus de 1.000 kms, l’opération ne pouvait s’exécuter qu’au moyen d’un avion ravitailleur. Une sorte d’exercice grandeur nature pour une attaque d’envergure à longue distance.
Le 12 août, une autre explosion a eu lieu dans un autre dépôt d’armes situé dans le camp militaire de Saqr, au sud de Bagdad, appartenant aux mêmes milices. Israël est seul accusé alors que la coalition anti-djihadiste ne cesse de mener des opérations aériennes. Pour les seuls Français, les Rafale basés en Jordanie ont effectué 450 sorties aériennes au cours du premier semestre 2019. Pour l’instant, les forces irakiennes ont de fortes lacunes dans le domaine aérien en ce qui concerne les capacités ISR (Intelligence, surveillance, reconnaissance) ce qui laisse l’espace aérien tout à fait ouvert aux aviations militaires étrangères.
Frappe à Al-Balad

Le 20 août 2019, la base militaire d’Al-Balad dans la province de Salahuddin a été bombardée. Il s’agirait d’une action militaire israélienne, non confirmée par Tsahal, contre des entrepôts d'armes iraniennes et de missiles qui ont fait l’objet d’incendie de grande envergure. Selon le quotidien Asharq Al-Awsat, ces attaques ont eu lieu sous couvert d’un accord américano-russe en partant pour principe que «la sécurité d'Israël est une priorité, tout comme les attaques contre l'Iran en Irak et en Syrie». Tsahal n’a certes pas reconnu officiellement ces raids pour éviter les complications régionales mais depuis 2018, le gouvernement israélien avait annoncé qu’il se gardait le droit de frapper les sites et les entrepôts de missiles balistiques iraniens en Irak et en Syrie.
Israël avait prévenu ses alliés occidentaux de sa volonté «d'étendre ses opérations contre l’Iran en Irak» malgré trois obstacles majeurs. Washington craint en effet que ces frappes aient une influence sur sa présence en Irak, sur la guerre contre Daesh et surtout sur le gouvernement irakien. Par ailleurs, Israël doit ménager ses relations avec la Russie après qu’un de ses avions avait été frappé en septembre 2018. 
Général Norkin

Enfin Israël doit tenir compte de l’état de préparation des avions F-35 qui n’avaient pas obtenu le baptême du feu et surtout de sa capacité à assurer leur ravitaillement en vol. Tsahal est à présent prêt et on doit cette information au commandant de l'armée de l'air israélienne. Le général Amikam Norkin avait annoncé en mai 2019 que les F-35 seraient les premiers à être utilisés à l’étranger dans des frappes militaires : «Les avions de combat F-35 israéliens volent dans tout le Moyen-Orient, et nous sommes les premiers à les utiliser en combat».
Cette déclaration coïncidait avec la visite de Benjamin Netanyahu en Russie et il est fort probable qu’il a discuté avec le président Vladimir Poutine d’une coordination militaire en Syrie pour éviter tout incident entres les armées. Il a été aussi prévu que le système de missiles S-300 ne soit pas activé contre les avions israéliens dès lors où seuls les Iraniens étaient visés. 
Bolton, ben Shabbat et Patrushev

D’ailleurs une réunion importante s’est tenue fin juin à Jérusalem entre John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Meir Ben-Shabbat, conseiller israélien à la sécurité nationale et Nikolai Patrushev, secrétaire du Conseil de sécurité russe. La réunion avait entériné la priorité à la sécurité d'Israël en Syrie et en Irak. C'est à cet effet que les États-Unis avaient donné le feu vert à cette action contre l’Iran. Il est probable que Tsahal ne se contentera pas de cette seule action militaire tant que le danger iranien rode à ses frontières. Un bon moyen de "roder" les nouvelles escadrilles de F-35.

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