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dimanche 25 décembre 2022

Netanyahou, une délivrance difficile


NETANYAHOU, UNE DÉLIVRANCE DIFFICILE


Par Jacques BENILLOUCHE

copyright © Temps et Contretemps

           

Netanyahou à la Knesset 

          Il ne fait aucun doute que la victoire aux dernières élections de Netanyahou a été nette et dénuée de contestation dans des élections sans magouilles puisque les votes par procuration ne sont pas admis. La présence du seul électeur est obligatoire dans les bureaux de vote. Contrairement aux derniers sondages qui le mettaient à égalité avec l’opposition, Bibi a obtenu plus que la majorité nécessaire avec 64 sièges sur 120. On pensait donc que la constitution du gouvernement serait une formalité mais, après 30 jours et dix jours de prolongation accordés par le président de l’État, il doit se contenter d’annoncer la constitution du gouvernement sans détailler son contour pour ne pas perdre ses droits.


Leaders du Likoud


Netanyahou a perdu le charisme qu’il imposait à ses partenaires qui ont en profité pour faire preuve d’un chantage honteux ; leurs intérêts personnels primaient sur les intérêts du pays. Même son camp proteste car la méthode choisie est une preuve de faiblesse. Il aurait dû imposer, au tout début, les postes qu’il réservait à son parti majoritaire et distribuer le reste aux partenaires de sa nouvelle coalition.  Cela aurait été le cas pour un leader incontesté. Mais au terme de la période légale, il n’a pas finalisé la distribution des postes de ministres au sein de son propre camp. Cela est plus compliqué que prévu car les députés du Likoud n’ont aucune raison de ne pas être exigeants alors que des portefeuilles importants ont déjà été distribués. Ses partenaires de l’ultra-droite et des religieux orthodoxes ont déjà raflé la mise mais ne lui ont pas permis de finaliser son gouvernement avant la date légale du 21 décembre 2022 minuit.

Ses alliés sont allés jusqu’à contester sa parole car ils ne lui font pas confiance et attendent que certaines lois définitives soient d’abord votées en urgence par la Knesset avant de signer l’accord de coalition. En particulier le ministère de la Sécurité nationale accordé à Itamar Ben Gvir doit être remodelé sur mesure pour que le leader étende son pouvoir sur la police israélienne.  Bezalel Smotrich exige de son côté la responsabilité des implantations non incluse dans les normes de son ministère. L’avenir ministériel d’Arie Dehry dépend aussi de la loi qui devra être votée pour lui permettre d’être ministre en tant que repris de justice.

Leaders de la nouvelle coalition


La parole de Netanyahou étant contestée, la nouvelle coalition attend l’accélération du processus législatif avant de s’engager. D’ailleurs Netanyahou a nommé provisoirement un président intérimaire à la Knesset, Yariv Levin, pour accélérer le processus législatif. Le ministère des Affaires étrangères lui a en effet été réservé. Yariv Levin a mis en chantier quatre nouvelles lois en urgence. D’abord un amendement à la Loi Fondamentale de la Knesset pour annuler la clause qui permet à quatre députés de se séparer d'un parti existant et de former leur propre parti. Ensuite, un amendement de la loi sur la police pour permettre au nouveau ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, d'avoir un contrôle plus large sur de nombreux aspects de la police. Par ailleurs deux amendements à la Loi fondamentale concernant le gouvernement. D’une part la loi Arie Dehry qui permettrait au président du Shass de devenir ministre malgré sa condamnation pour délits fiscaux et d’autre part, la loi Smotrich pour lui permettre d’accéder au poste de ministre adjoint à la Défense.

Les religieux orthodoxes ne sont pas en reste avec leurs exigences. La loi israélienne actuelle considère les écoles «reconnues mais non officielles» perçoivent 75% du financement accordé aux écoles publiques. Ces écoles privées ne sont pas tenues d'enseigner les matières profanes.  Ce financement a été retoqué pour que les écoles privées reçoivent 55% de la somme totale que les écoles publiques reçoivent.

Yariv Levin


Yariv Levin a obtenu de geler les votes à la Knesset afin de donner plus de temps à Netanyahou à savoir que le Premier ministre a un nouveau délai de deux semaines pour prêter serment et pour finaliser la législation avant que sa coalition n’ait à prêter serment.

Mais ces exigences de la coalition créent des remous au sein du Likoud qui trouve ces arrangements un peu excessifs. Danny Danon, qui brigue le poste de président définitif de la Knesset, critique Ben Gvir pour sa liste non-exhaustive d'exigences en vue de former un gouvernement de coalition : «Chaque matin, nous nous réveillons avec une nouvelle demande. Assez ! Mettons en place un gouvernement, et après cela, apportons des améliorations et discutons – nous sommes des partenaires. Cela aurait déjà dû être fait il y a deux ou trois semaines. Trop, c’est trop. Signons cet accord de coalition».

Danny Danon


Devant ces difficultés et cette soumission aux petits partis, des rumeurs font état de négociations secrètes entre le Likoud et Benny Gantz d’une part, Yaïr Lapid d’autre part, pour la constitution d’un gouvernement d’union nationale de centre-droit, excluant les extrêmes et revenant aux normes habituelles des responsabilités des ministères. Mais pour cela, il faut que les égos surdimensionnés de certains leaders soient revus à la baisse. Devant toutes ces difficultés, il est légitime de se demander si Netanyahou n’a pas effectué le mandat de trop au lieu de laisser la responsabilité à d’éminentes pointures au sein du Likoud qui auraient pu renouer avec certains membres de l’opposition. Un projet interne avait prévu de nommer Netanyahou leader du Likoud et président de la commission des Affaires étrangères pour libérer le poste de premier ministre.

 

7 commentaires:

bliahphilippe a dit…

La délivrance du précédent gouvernement entre partis dits du centre gauche et de droite, partis arabes et partis antisionistes ne fut pas laborieuse?

Georges Kabi a dit…

Ce qui est certain, c'est que la presence de Ben Gvir dans ce gouvernement preconise des jours sombres a l'Etat d'Israe. Ben Gvir n'est pas seulement raciste, c'est aussi un anti-democrate resolu, un homophobe non moins resolu et un religieux extremiste.

Jacques BENILLOUCHE a dit…

@Philippe
Vous m’étonnez Philippe. Vous ne pouvez pas comparer la majorité précédente ric-rac avec un parti arabe et cette majorité juive large et monochrome ! D'ordinaire, vous êtes plus judicieux.

Jean CORCOS a dit…

Le problème sur le court terme - cette Knesset doit durer normalement 4 ans, ce qui n'est pas beaucoup - c'est de voir Israël se transformer en démocratie "illibérale" ; si l'extrême-droite à la Smotrich ou à la Gvir se met à terroriser les opposants ; si la Justice commence à être muselée ; si l'abrutissement d'une bonne partie de la jeunesse devient encore plus important dans le système scolaire, et transforme la majorité des électeurs de demain en meutes de kahanistes ; alors, oui, le pire pourra arriver. Tout dépend de l'état réel de la société israélienne : une majorité contraire à ce que l'espérait Trump, l'ami américain de Bibi, a pu le chasser du pouvoir ; mais en Hongrie, en Turquie par exemple, les dirigeants populistes alter-égo de Bibi ont su écraser leurs oppositions.

frenkel david a dit…

De grâce, Messieurs, arrêtons de tirer des plans sur la comète.De toute façon, le peuple a fait clairement son choix : elle ne veut plus d'une gauche qui dénaturait l’État juif. Alors, laissons le temps au nouveau gouvernement de gouverner, et nous le critiquerons, si critique il y a, après.

Dov a dit…

Oui Bibi aurait du se retirer,oui Bibi nous vends aux extrémistes,oui Bibi ne pense qu’à essayer de sauver sa peau en offrant en sacrifice la nation entière a une poignée de sangsues affamées de pouvoir

bliahphilippe a dit…

Cher Jacques Benilouche,
Il ne m'appartient pas de juger personnellement si mon commentaire est judicieux ou non. Cette appréciation est du ressort de vos lecteurs.
Par contre, au dela de toute polémique il y'a lieu de constater que le système électoral israélien qui s'apparente à celui de la IVième république rend de facto plus complexe la constitution d'une coalition gouvernmentale puisque chaque parti politique cherche à retirer le maximum de concessions quitte à faire pression au moyen de chantage s'il n'obtient pas satisfaction quant aux choix et moyens attribués aux ministères.
Ceci explique que quelque soit la majorité qui se dégage des urnes-droite ou gauche-, l'aboutissement d'une formation gouvernementale s'avère laborieuse.
Espérant que ma réponse somme toute non dénuée de logique vous satisfasse à défaut d'être judicieuse, je vous souhaite une bonne fin de semaine.