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dimanche 25 décembre 2022

Le risque d'une vague d'émigration des Israéliens


LE RISQUE D’UNE VAGUE D’ÉMIGRATION DES ISRAÉLIENS

Par  Jacques  BENILLOUCHE

copyright © Temps et Contretemps

Français devant le Consulat de Netanya

        Le nouveau gouvernement devra prendre des mesures rapides pour enrayer le mouvement d’émigration des cerveaux israéliens. L’augmentation du coût de la vie, la crise du logement, les licenciements massifs dans les startups ont créé une situation difficile pour une certaine catégorie d’Israéliens qui se posent dorénavant des questions sur leur avenir en Israël. Par ailleurs, les résultats des élections législatives avec la poussée des extrêmes et des orthodoxes religieux ont fini par convaincre les hésitants qu’ils devaient quitter Israël. Jusqu’à présent, les nouveaux immigrants Français étaient seuls concernés mais le problème s’est étendu à tous les Israéliens, souvent désabusés.




Selon le quotidien Maariv, un nouveau mouvement appelle les Israéliens à quitter le pays. Ce mouvement a défini un objectif initial d'environ dix mille israéliens avec la création d’un kibboutz dans une ferme qu'il possède dans le New Jersey. Ce groupe est connu sous le nom de «Leaving the Land, together» (Quittons ensemble le pays). Les animateurs du mouvement sont connus, Yaniv Gorlik, leader des manifestations contre Netanyahou et contre la coercition religieuse ainsi que Mordechai (Motti) Kahana, homme d'affaires et philanthrope israélo-américain. Ce dernier vient de préciser que «Après des années de contrebande de Juifs depuis des zones de guerre au Yémen, en Afghanistan, en Syrie et en Ukraine vers Israël, j'ai décidé d'aider les Israéliens à s'installer aux États-Unis».

Yaniv Gorlik


Kahana a reçu des dizaines de demandes d'aide à l'immigration d'Israéliens, principalement de ceux qui dirigent de petites entreprises technologiques qui souhaitent déménager leurs bureaux aux États-Unis. Pour lui, «Le Second Temple a été détruit à cause de la haine, ce qui est similaire à ce qui se passe en Israël en 2022».  Le diagnostic est sévère mais il se fonde sur des réalités «Les appartements sont beaucoup moins chers en Italie qu’en Israël où de nombreuses taxes inutiles existent.  Les prix des supermarchés pour les aliments et les produits de première nécessité sont les plus chers au monde». Le paradoxe est que les départs s’effectuent dans un premier temps vers des destinations originales Roumanie ou Grèce.

Mordechai Kahana


L’implantation juive aux États-Unis n’est pas nouvelle. Une immigration de masse a été organisée de 1882 à 1914 pour amener deux millions d’immigrés russes qui voulaient échapper à la misère et à l’antisémitisme avec l’aide du financier juif franco-allemand, le Baron Maurice de Hirsch. La première colonie agricole aux États-Unis fut Woodbine Colony, fondée en 1891 dans le sud du New Jersey qui a accueilli beaucoup plus tard des centaines de survivants de la Shoah.

Le départ des colons juifs de Palestine n'est pas un phénomène nouveau. À l'époque, des immigrés juifs d'Ukraine, membres du mouvement Bilou basé à Kharkov et à Odessa, ont quitté la Palestine, après avoir été déçus par les résultats de leurs efforts, soit vers les États-Unis soit pour retourner en Russie. En 1980, près de 500.000 Israéliens avaient émigré aux États-Unis. En 2003, le gouvernement israélien estimait que plus de 750.000 Israéliens vivaient en permanence aux États-Unis et au Canada, dont plus de 230.000 étaient nés en Israël. Entre 1948 et 2015, selon le gouvernement israélien, 720.000 Israéliens ont émigré et ne sont jamais revenus. En 2016, on estimait que 30% des Juifs français avaient quitté Israël après leur alyah pour rentrer en France.

Motti Kahana


L’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir et la mainmise des religieux orthodoxes suscitent une inquiétude quant à la possibilité de vivre en Israël en tant que laïc démocratique, dans un État qui risque d’être de plus en plus coercitif sur la religion et de plus en plus expansionniste en Cisjordanie. Les Juifs libéraux craignent que le nouveau gouvernement ne les mène à un terrorisme palestinien de plus en plus virulent en Cisjordanie mais aussi, par réaction, au sein d’Israël et que les suprémacistes juifs n’enveniment la situation.

Le nouveau gouvernement doit rapidement prendre des mesures pour enrayer la crise dans le hightech et empêcher la fuite des cerveaux car de nombreuses startups de séparent de leur main d’œuvre. Des licenciements importants ont eu lieu dans la haute technologie en 2022. Bizzabo a licencié 40% de ses effectifs soit 100 employés. Unicorn Trax s’est réparé de 8% de la main-d'œuvre (80 salariés). La licorne Fintech Rapyd, la plus valorisée d’Israël avec 15 milliards de dollars, licencie 10% de ses 900 salariés.  

La licorne Fintech Capitolis supprime 25% (37 employés) de ses effectifs. Similarweb licencie 130 salariés, soit 10% des effectifs. Unicorn Yotpo licencie 70 employés, 9% de l'équipe. Philips Israël licencie des dizaines d'employés, 4.000 employés dans le monde. L'application de messagerie Rakuten Viber licencie 45 employés soit 8% de l'équipe. Unicorn OwnBackup licencie 15% (150 employés) de ses effectifs. Unicorn Cloudinary supprime 8% de ses effectifs. Namogoo licencie 15% (25 personnes) de ses effectifs. Varonis licencie 110 employés et réduit son personnel de R&D. La cybersécurité Checkmarx supprime 10% (100 personnes) de ses effectifs. Equitybee licencie 20% de ses effectifs,

HP licencie 60 employés en Israël. La cyber licorne Cybereason licencie 200 employés, soit 17% des effectifs. Vee poursuit ses compressions, licenciant 50% des employés restants et restera avec seulement 17 employés. La licorne Fintech Fundbox licencie 40% de ses effectifs, soit 150 de ses 360 employés. La cyber-licorne Snyk s'apprête à licencier 15% de ses effectifs (150 employés). Antidote licencie un tiers de ses salariés. OrCam licencie 16% (62 employés) de ses effectifs. Habana Labs d'Intel licencie 10% (100 employés) de ses effectifs.

La start-up Healthtech DayTwo licencie des dizaines d'employés. Taboola licencie 6% de ses effectifs, soit un total de plus de 100 employés. Compete supprime un quart de ses effectifs, 11 de ses 39 employés. La startup de puces Xsight Labs licencie des dizaines d'employés. La licorne des données cloud Firebolt licencie des dizaines d'employés. Snap licencie des dizaines d'employés en Israël et ferme le centre de R&D d'Herzliya

Hippo Insurance licencie 70 salariés et supprime 10% des effectifs. Otonomo va licencier des dizaines d'employés.  La plateforme immobilière Reali cesse ses activités. NSO licencie 100 employés (15% de ses effectifs). Kaltura supprime 10% (80 salariés) de ses effectifs. Wix licencie 100 employés. La plateforme de bénévolat Vee licencie 30% de ses effectifs. La plateforme de marketing Skai licencie 4% de ses effectifs (30 personnes). Fiverr licencie 60 employés. Outbrain va évincer 3% de ses effectifs (38 employés).  

Asurion ferme le centre de R&D israélien de Soluto et licencie les 120 employés. Vimeo réduit ses effectifs de 6%, y compris dans le centre de R&D israélien. Zencity supprime 20% de ses effectifs (30 employés). Kornit Digital licencie des dizaines d'employés. Unicorn Lusha licencie 10% (30) de ses employés. Licorne de la technologie de détail Fabric licencie plus de 120 employés

La licorne Insurtech Next Insurance supprime 17% (150 employés) de ses effectifs. Anodot licencie plus d'un quart de ses effectifs, 35 de ses 129 salariés. SQream supprime plus de 15% de ses effectifs, 30 de ses 170 employés. Bizzabo 120 de ses 400 employés. Verbit va licencier 10% (30 personnes) de ses effectifs. eToro licencie 100 employés. Lightricks va licencier 80 employés (12%).  Snyk licencie 30 employés. Le prêteur de crypto en difficulté Celsius va licencier un quart de ses employés (150). Parallel Wireless s'apprête à licencier 60 des 250 employés. Bright Machines licencie 30 employés en Israël. Alibaba ferme un centre de R&D en Israël et licencie tout son personnel (50 salariés). StreamElements va licencier 20% de ses employés. Airspan licencie 35 employés en Israël. La licorne d'analyse de détail Trax va licencier plus de 100 employés. Elementor licencie 50 à 60 employés. Cybereason licencie 100 employés. Enfin Intel Israël a supprimé des dizaines d'emplois.



Cette litanie des licenciements a pour but de marquer les esprits, de montrer que la situation est grave et que la préoccupation des religieux orthodoxes et de l’extrême-droite est loin de cadrer avec cet objectif de limiter la fuite de cerveaux vers l’Occident.  

 

 

3 commentaires:

Georges Kabi a dit…

D'apres les autorites gouvernementales, le nombre d'Israeliens ayant quitte Israel est de 600.000. C'est beaucoup, mais ce phenomene a toujours exister. De l'exil de Babylone ne revinrent qu'a peu pres 50,000 personnes. Plus d'un millllion resterent derriere. Il y a 2000 ans, il y avait plus de Juifs en Egypte qu'en Terre Sainte. Et durant les Croisades il ne resta plus un seul Juif. Ce n'est qu'avec la victoire de Saladin que les Juifs revinrent.
La 2 Aliya laissa en Palestine une vingtaine d'olim (dont Ben Gourion). En 1914, la quasi totalite des Juifs vivant en Palestine en furent expulses, n'ayant pas la nationalite turque.
En 1977, Begin arriva au pouvoir. Une clameur se fit entendre dans l'opposition:"L'Etat d'Israel sera detruit d'ici peut, nous ne vivrons pas sous un regime fasciste. L'emigration n'augmenta pas. Oui, il y a des problemes economiques, oui des initiatives problematiques ont ete adoptees, mais comme disait si bien Arik Sharon: "Ce qu'on voit d'ici, on le voit completement autre la-bas".
Les ultra-orthodoxes ont recu ou recevront des financements importants. D'abord, ils recupereront ce que le preedent gouvernement leur avait enleve, ensuite ils ont un taux de natalite le plus important dans toutes les communautes israeliennes. On estine qu'en 2050, ils seront majoritaires en Israel, seulement voila on ne peut pas prendre en compte les mouvements de population. Cette annee 2022 a vu l'installation de 90,000 Juifs ukriniens et russes (et tres peu d'entre eux sont ultra-orthodoxes. Avec l'augmentation vertigineuse de l'antisemitisne dans le monde et particulierement dans les grandes communautes juives (USA. France, Australie, Canada, Afrique du Sud, Hongrie) on poura voir un declenchement d'une aliya importante, ou seuls les Juifs francais apporteront un renfort numerique aux ultra-orthodoxes (et a la pegre israeliennne). La crise economique dans le monde de la haute technologie est le resultat direct du refus du gouvernement israelien a soutenir l'Ukraine.
Et je ne serais pas outrement etonne que les USA ne soient pas le moteur de cette crise.
Enfin je suis persuade que le nouveau gouvernement de droite ne sera pire que le dernier gouvernement de cette tendance. Et meme les ultra-orthodoxes sont parfaitement conscients
que le present systeme de subventions ne pourra durer eternellement.

Yaakov NEEMAN a dit…

Israël a décidé de fonctionner selon l'ultra-libéralisme. L'Etat hébreu s'est soumis à une idéologie ultra-laïque, où l'éthique se réduit à n'avoir d'yeux que sur une ligne comptable. Résultat : sous l'implacable loi du marché, le pouvoir des banques s'est décuplé. Désormais un individu n'a d'existence qu'en fonction de son poids économique. C'est le retour du Veau d'or. Renverser la tendance sera surhumain.

bliahphilippe a dit…

Le dicton est  connu : l'herbe est toujours plus verte ailleurs! Voilà bien des années qu'un employé de banque israélien recevant un candidat à l'Alyah lui demandait " pourquoi viens-tu ici, la période est difficile! Ce à quoi il lui fut répondu :"mais dites-moi quand il y'a eu une période facile dans ce pays"? Nul besoin de préciser que la réponse se fait toujours attendre...
Ceci dit, sans nier les problèmes évoqués  dans cet article, il semble  discutable d'imputer à "l'extrême droite"-non encore en fonction-les craintes d'un départ éventuel du pays pour cause d'aggravation de son fait de la situation sécuritaire.
 En rappel : sous le précédent gouvernement il n'y eut pas moins de 4000 attentats (!) en Israel sous formes diverses (jets de pierre, coups de couteaux, attentats à la hache, armes automatiques, terrorisme à l'aide de voitures béliers,exactions contre les citoyens). Si les élections israéliennes témoignent d'une volonté populaire majoritaire de mieux combattre ce fléau, libre à ceux qui en ont peur de fuir le pays.
 D'ailleurs qui en a l'intention réelle? Les mouvements dont il est parlé dans cet article sont clairement manipulés -quel hasard-par  des personnes ou associations dont on devine l'idéologie très à gauche " puis qu'évidemment contre Netanyahou et la coercition religieuse(!)"... dont la police des moeurs n'a pas encore vu le jour depuis l'existence de l'Etat d'Israël qui demande- O scandale!- à demeurer un État juif dans le cadre d'un équilibre difficile que d'aucuns veulent combattre et remettre en cause arguant de la formule trompeuse "État de tous les citoyens"...
Au fait que représentent ces individus à l'échelle du pays? Pas grand chose si l'on en juge leur poids électoral.
Les difficultés économiques? Les abus de groupes alimentaires? Les licenciements massifs? L'inflation? Mais ces maux frappent partout!  Allez voir ce qui se passe ailleurs ajoutés aux risques de récessions qui frappent au présent et dans l'avenir le monde occidental ! Parlons en: voici des décennies des milliers d'israéliens installés aux Etats-Unis imaginant découvrir le Pérou se retrouvent au "Perreux" ... Ils commencent... et finissent pour beaucoup d'entre eux chauffeurs de taxis.(Ceci sans discrimination envers tous métiers permettant d'assurer la subsistance). Certes face à des problèmes économiques une partie de l'élite de la High tech pourrait s'expatrier-un phénomène classique-qu'il appartient à l'Etat de gérer s'il veut retenir ses cerveaux. La France y réussit-elle mieux qu'Israël ? A  voir . Mêler ce problème à celui de "l'extrême droite"-qui ne s'oppose en rien au développement économique à l'unisson des tous les autres partis- relève du fantasme habituel asséné par les médias occidentaux.