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lundi 11 avril 2022

Gouvernement israélien, et maintenant ?

 


GOUVERNEMENT ISRAÉLIEN, ET MAINTENANT ?

Par Jacques BENILLOUCHEc

opyright © Temps et Contretemps

députés Yamina

      Il est dramatique pour le pays que le gouvernement perde sa majorité à la Knesset qui est passée de 61 à 60 sièges sur 120, voire 59 si le député de Yamina, Avihai Chikli, quitte lui-aussi son parti comme il en avait l'intention au début de la législature. Mais ce n’est pas pour autant que le gouvernement cesse ses fonctions immédiatement. De nombreux mois sont encore nécessaires avant que la Droite n’obtienne éventuellement les clefs du gouvernement. Les meetings de Netanyahou n’y feront rien. 





Il existe d’abord des raisons mathématiques. Après les élections du 21 mars 2021, l’opposition se compose au mieux de 55 députés se répartissant ainsi : Likoud 30 sièges, Shass 9, UTJ 7 et les sionistes religieux 6 et probablement deux ou trois transfuges de Yamina dont les députés sont des maillons faibles. Une motion de censure exige que 6 députés de la liste arabe unifiée se joignent aux voix du Likoud. Un mélange des genres détonnant. La voix prépondérante et symbolique d’Ayelet Shaked n'est pas encore acquise. Le gouvernement minoritaire actuel peut donc fonctionner en attendant le couperet fatal, mais il aura du mal à faire adopter certaines lois qui exigent une majorité, sauf s’il obtient le concours exceptionnel et temporaire des députés Arabes. Idit Silman n’a donc pas finalisé son travail car le gouvernement peut fonctionner avec une minorité à l'instar de Rabin, en 1992, qui avait constitué un gouvernement minoritaire vite rejoint par d'autres opposants.

Si le gouvernement est contraint à la démission par une force autre que Yesh Atid, à la suite d’un regroupement de toutes les forces d’opposition, l’accord de coalition prévoit le remplacement de Naftali Bennett par Yaïr Lapid qui deviendrait premier ministre de fait jusqu’aux élections qui n’interviendraient au mieux qu’à la fin de l’année, laissant encore un sursis de six mois pour faire évoluer la situation, voire à trouver un ou deux députés de circonstance. L’option gagnante du Likoud qui lui permettrait d’organiser un gouvernement sans nouveau scrutin, serait la désignation d’un leader autre que Netanyahou pour conduire les élections et amener à lui un parti de la coalition actuelle à l’instar de Gideon Saar et d'Avigdor Lieberman qui retrouveraient leur camp naturel. Mais Netanyahou n'est pas encore prêt à céder son fauteuil. Des optimistes à droite espèrent la réédition du précédent scenario avec le ralliement de Benny Gantz qui a déjà beaucoup donné pour croire à nouveau aux miracles.

Gantz Netanyahou dos à dos


Yaïr Lapid pourrait rester plus longtemps au pouvoir si, comme dans le passé, les élections ne parviennent pas à désigner une majorité franche. C’est lui le gagnant de cette situation inédite puisqu’il devient premier ministre avant la date fixée d’août 2023. Personne n’a pu anticiper cette nouvelle situation alors que le gouvernement fonctionnait normalement et que sa durée de vie était estimée à plusieurs mois. Il a fallu l’alibi étonnant d'imposer aux visiteurs dans les hôpitaux une fouille pour être sûrs qu’ils n’apportent pas de nourriture hametz pour que Yamina explose. Ce serait risible si cela n’était pas vrai. 



Israël est frappé du syndrome des élections qui l’empêche d’avoir des mandatures de durée légale. Il s’agit de gâchis financier autant que de gâchis politique. Les millions dépensés pour l'organisation du scrutin seraient mieux utilisés par ailleurs. Les sondages électoraux commandés par le Likoud ont convaincu Yariv Levin d’intervenir auprès de l’époux d’Idit Silman pour la convaincre de se lancer dans cette nouvelle aventure. Et pourtant l’on sait que les sondages n’ont jamais été fiables en Israël. D’ailleurs, peu d'espoir s’est dégagé puisqu’aucun bloc n’est en mesure d’atteindre les 61 sièges de majorité. Mais il fallait redonner espoir à Netanyahou. Selon deux sondages, le bloc de droite remporte 58 sièges : Likoud 35, Sionistes religieux 8, Shass 8 et Judaïsme Torah 7, soit un nouveau blocage politique en vue. Mais le Likoud, premier parti du pays, ne pouvait pas se résigner à être dans l’opposition et, quitte à créer le désordre et l’aventure, il espérait recomposer le paysage électoral avec l’assurance d’une droite au pouvoir.

Mais il est triste de constater que les députés ne respectent pas leurs engagements signés alors que rien ne les y obligeait au départ. C'est le cas d'Idit Silman. Ils montrent qu’ils ne défendent pas l’État mais leurs intérêts personnels. A fortiori quand il s’agit de la cheffe de la coalition qui, pour une raison mineure, très négociable par ailleurs, a saboté un gouvernement de ministres qui enfin fonctionnaient normalement dans le cadre étroit de leurs prérogatives. Le control de l’entrée des hôpitaux pour que les visiteurs n’apportent pas de denrées hametz durant Pessah aurait pu être ordonné sans remettre en cause tout le gouvernement. En Tunisie on appelait cela une «excuse aveugle»(touchila amya). Pour un poste à la Knesset et un portefeuille ministériel, ils sont prêts à renier leur parole et à engager le pays vers le chaos. On se moque de certains pays instables mais l’on n’est pas mieux dans l’art de se moquer du peuple.



Pour l’instant rien de concret ne se profile à l’horizon sauf l’assurance de nouvelles élections stériles et la certitude d’un gouvernement minoritaire bridé. Mais Netanyahou aime le mouvement et les réunions publiques où il exulte devant ses militants inconditionnels, voire idolâtres. Qu’Israël soit malade des élections à répétition, cela ne le perturbe pas dès lors qu’il peut s’adonner à son sport favori, la politique politicienne sans vision d’avenir pour le pays. 

3 commentaires:

frenkel david a dit…

Eh bien il faut instaurer l'élection à la proportionnelle. Israël est la risée du monde : Benete qui est premier ministre alors que son parti n'a obtenu que -6- siège.
C'est du n'importe quoi. Quant à Netanyahu, il ni meilleur ni pire que les autres...

Anonyme a dit…

Bonjour,

@Frenkel, la question est éternelle lorsqu'il s'agit de concevoir, de reformer ou non, la structure politique d'un état.

Je ne serai pas autant pessimiste que vous quant à Israël: son état n'est pas la risée du monde, au contraire, il est regardé comme un état ancien et qui suis la modernité, avec des succès et des échecs. Ni le plus beau, ni le plus lait.

Bref.

isaac a dit…

Vous etes toujours entrain de critiquer Netanyahou, et pas Benett ? qui a menti devant les teles p etre PM ?
Bel exemple pour nos jeunes : un menteur et un pseudo corrompu, ou allons nous ?