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jeudi 1 juillet 2021

Nizar Banat, assassiné en prison par les sbires d'Abbas

 


NIZAR BANAT, ASSASSINÉ EN PRISON PAR LES SBIRES D’ABBAS


Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps



Que n’aurait-on entendu en Occident si un intellectuel palestinien était mort lors de son arrestation par les forces de l’ordre israéliennes. Nizar Banat, célèbre opposant, avait été arrêté à l’aube par l'Autorité palestinienne, le 24 juin 2021, puis transféré le jour même à l'hôpital d’Hébron où il est mort de ses blessures. Parce qu’il dénonçait la corruption de l’Autorité palestinienne, il a été battu à mort, sans pitié, par plus de 20 membres des forces palestiniennes de sécurité.



Manifestation pour Banat


Nizar Banat, 43 ans, militant pour les Droits de l’homme, était candidat aux élections législatives, repoussées sine die, sur la liste électorale Liberté et Dignité. Il était connu par tous les Palestiniens, pour ses vidéos sur les réseaux sociaux, critiquant haut et fort l’Autorité palestinienne et son dirigeant, Mahmoud Abbas, et fustigeant la corruption et les diverses manœuvres politiciennes. Il était un habitué des prisons palestiniennes et des tortures qu’il subissait au point que la représentation de l'Union européenne auprès des Palestiniens s’était inquiétée après ses différentes arrestations. Il a été frappé à coups de barre de fer jusqu’à le rendre méconnaissable.

Devant les nombreuses manifestations de rue, des responsables de l'Autorité palestinienne ont annoncé que le Premier ministre Mohammad Chtayyeh avait ordonné de créer un comité d'enquête sur la mort de Banat, dirigé par le ministre de la Justice Mohammad Shalaldeh et comprenant un médecin nommé par la famille Banat, un responsable des droits humains et un responsable de la sécurité.

La rue palestinienne en colère


Les amis de Banat craignent que l’enquête finisse comme celle de Majd al-Barghouthi, imam et prédicateur islamique, décédé en détention par l'Autorité palestinienne en 2008. L’enquête officielle avait permis en fait d’innocenter les forces de sécurité des actes répréhensibles puisqu’elle avait conclu qu’Al-Barghouthi était mort parce qu’il était un fumeur invétéré, alors qu'il n'avait jamais fumé. Ils font aussi un parallèle entre la mort de Banat et le meurtre en mars 2017 d'un autre militant palestinien de premier plan, Basel al-Araj, l'un des six militants emprisonnés et torturés par l'Autorité palestinienne pendant six mois en 2016.

Majd al-Barghouthi


Banat, habitant de la ville de Dura, dans le district d'Hébron, au sud de la Cisjordanie, laisse derrière lui une femme et cinq enfants. Ancien membre du Fatah, il avait fait campagne aux élections législatives sur une liste d’opposition à Mahmoud Abbas. Il était bien connu pour sa connaissance approfondie de l'histoire politique et sociale palestinienne. Sur sa page Facebook comptant 114.000 abonnés, il a publié des vidéos et des publications critiques sur l’Autorité.  Il avait déjà été emprisonné huit fois, chaque fois pour plusieurs mois. Il avait nargué les agents de sécurité qui l’interrogeaient pour n’avoir pas un certificat de tawjihi (diplôme d'études secondaires).

Famille de Nizar Banat


En mai, des balles, des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes ont été tirés sur la maison de la famille Banat alors que sa femme et ses enfants se trouvaient à l'intérieur. Il avait reçu des menaces de la part des services de renseignement de l'Autorité palestinienne, qui avaient exigé qu'il cesse de critiquer le régime. L’Union européenne s’était élevée contre ces méthodes, en vain : «L'UE s'oppose fermement aux actions visant à limiter l'espace dans lequel la société civile et les médias peuvent opérer, et attend des autorités palestiniennes qu'elles respectent les normes des conventions internationales des droits de l'homme». L'envoyé des Nations Unies pour la paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, a tweeté : «Je demande une enquête rapide, indépendante et transparente. Les auteurs doivent être traduits en justice».

Banat avait déclaré en mai aux médias : «Les Européens doivent savoir qu'ils financent indirectement cette organisation. Ils tirent en l'air lors des célébrations du Fatah, ils tirent en l'air lorsque les dirigeants du Fatah se battent, et ils tirent sur les personnes qui s'opposent au Fatah». Effectivement, la Banque européenne d'investissement a injecté 425 millions de dollars dans le secteur privé palestinien, durement touché par la pandémie. En réponse à la décision d'Abbas d'annuler les élections législatives et présidentielles prévues pour le 31 juillet, Banat et sa liste ont publié une déclaration demandant aux tribunaux de l'UE, dont la Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg, d'ordonner l'arrêt immédiat de l'aide financière à l’AP.



Il avait également accusé cette autorité d'avoir torturé des dissidents politiques détenus dans ses prisons. Étrangement, un de ces articles, publié il y a des semaines, était une liste de tactiques utilisées par l'Autorité palestinienne pour étouffer les critiques après avoir tué des dissidents – des tactiques comprenant le déni, les rumeurs et le silence sur la sympathie envers la victime. Il n’avait pas prévu qu’il en serait la première victime. Il est temps que Mahmoud Abbas prenne sa retraite définitive et que les Palestiniens retrouvent la démocratie alors qu’ils représentaient la seule entité démocratique dans le monde arabe.

4 commentaires:

Unknown a dit…

Ce triste evenement illustre tout a fait ce qui fait barrage a l'avancee du dialogue israelo palestinien: la censure palestinienne. Pour avoir participe plusieurs fois a des rencontres israelo palestiniennes, j'ai eu l'occasion de constater que les personnes souhaitant s'impliquer dans un dialogue ne le font pas - pour la plupart - ouvertement car ils craignent les represailles, avec en toile de fond la crainte de se faire accuser de "collaboration", et donc un etat de fait complexe, ou Israel joue aussi son role.
Dans le cas specifique de Nizar Banat, il n'est pas question de cela, car cet activiste etait ouvertement anti-israelien, mais plutot de la constatation que la population palestinienne n'a pas de liberte d'expression: il serait bon d'en prendre note pour comprendre a quel point les informations qui nous proviennent concernant les populations palestiniennes sont passees au filtre, et donc chacun jugera bon de les prendre ou non pour argent comptant, en fonction de son ethique personnelle.

Jacques BENILLOUCHE a dit…

Cet article n’a pas pour but de glorifier ce personnage islamiste et anti-israélien mais pour montrer du doigt les méthodes antidémocratiques et brutales de l’Autorité palestinienne.

Hamdellah ABRAZ a dit…

Dans beaucoup de pays et ou entités islamo-arabophones dans le monde, une réalité, est que entre les islamo-fascistes et les nationalo-fascistes il n'y a pas de place, ni de paroles pour les libertés et la démocratie. L'autorité palestinienne à sa tête, les gens du fatah, n'échappe pas à cette règle.

Anonyme a dit…

Pour confirmer les contenus des réactions, il faut lire la dépêche publiée par l'Agence France Poubelle qui a montré son savoir faire indiscutable dans la désinformation et la manipulation des infaux qu'elle publie à jets continus.
Comme le dit le dicton : qui s'assemble se ressemble...

Damran