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mercredi 28 avril 2021

Grand rassemblement pour Sarah Halimi par Maxime TANDONNET

 


GRAND RASSEMBLEMENT POUR SARAH HALIMI


Par Maxime TANDONNET


          Comment dire davantage que ce que j’avais écrit (ci-dessous) lors de la décision de justice que le jugement en cassation ne fait que confirmer. Après le drame d’Ilan Halimi en 2005, celui de Sarah Halimi. Quel que soit l’angle par lequel on prend le problème – y compris celui du discernement- le constat est celui d’un État, justice comprise mais pas elle seulement, qui face à l’apocalypse d’une société en pleine désintégration rongée par l’angélisme et le communautarisme, a renoncé de fait à la protéger du retour de la bête immonde, l’antisémitisme.




C’est l’absence de jugement dans une affaire dont le mobile antisémite et l’intention de donner la mort sont reconnus qui est terrifiante, d’autant plus que Kobili Traore de ce que l’on sait, avait l’habitude de persécuter Mme Halimi. On sait qu’il existe des territoires perdus sur le sol de la République de plus en plus nombreux où les Juifs sont victimes de persécutions qui peuvent aller jusqu’au meurtre. Mais on refuse de le voir et de le dire et d’en tirer des conclusions et des actes. Nous sommes bien sûr entièrement solidaires du grand rassemblement au Trocadéro auquel tous ceux qui peuvent, doivent impérativement se rendre. Pour reprendre (et détourner) un slogan célèbre, Aujourd’hui, nous sommes tous des Juifs français.

Voici ce que j’écrivais le 21 décembre 2019, des propos n’ayant pas pris une ride :

«La Cour a donc estimé qu’il existait “des charges suffisantes contre Kobili Traoré d’avoir (…) volontairement donné la mort” à Sarah Halimi, avec la circonstance aggravante de l’antisémitisme, tout en le déclarant toutefois “irresponsable pénalement”.

[…] Le meurtrier, qui a défenestré cette dame seule, âgée et en situation de fragilité, parce qu’elle était juive – mobile antisémite – ne sera pas jugé : il est reconnu irresponsable, dans le contexte d’une perte de discernement aggravée par la consommation de cannabis.

[…] Dans le même esprit, qu’en sera-t-il d’un drogué en manque qui tue un épicier pour lui voler sa caisse : sera-t-il jugé irresponsable ? L’alcoolique chronique qui prend le volant, en état de complète ébriété, et massacre une famille, père, mère et trois enfants, sera-t-il reconnu irresponsable ? Quid de l’alcoolique, ivre-mort, qui tue d’un coup de fusil le gendarme venu l’interpeller ? Des voyous totalement camés au cannabis ou au crack qui violent et torturent une jeune fille dans une cave seront-ils jugés irresponsables ? Les bourreaux de Daesh, probablement drogués quand ils égorgeaient leurs prisonniers, ont-ils droit à la moindre indulgence pour ces crimes ?

[…] Un livre récent, «L’extase totale» , le IIIe Reich les Allemands et la drogue, de Norman Ohler, (la Découverte, 2016), révèle que les soldats de la Wehrmacht et les SS et les dirigeants nazis étaient lourdement drogués à la pervitine, une substance de type amphétamine qui leur donnait un sentiment d’invulnérabilité et décuplait leur cruauté. Le fait qu’ils aient été drogués, bel et bien drogués, rendus par les amphétamines encore plus barbares que de nature, doit-il susciter la moindre sensation d’indulgence envers les monstres et les tortionnaires qui ont dévasté l’Europe, provoqué l’anéantissement de 50 millions d’hommes de femmes et d’enfants, et procédé à l’extermination méthodique, à l’échelle industrielle, de six millions de Juifs dans les conditions d’une barbarie indescriptible ? Évidemment, non.

À moins que ce jugement, et au-delà de ce cas d’espèce, ne soit le reflet subreptice de l’évolution générale du monde, sa crétinisation à travers l’oubli de l’histoire, une indulgence lâche et coupables envers certains bourreaux, et une sinistre accoutumance au retour de la bête immonde, notamment la barbarie antisémite ? En tout cas, ma solidarité est totale envers tous ceux qui, comme moi, dans un climat général d’atonie, d’indifférence, de banalisation, s’interrogent, s’interrogent sur le sens de ce jugement».

6 commentaires:

Véronique Allouche a dit…


La consommation de drogue ou la surconsommation d’alcool est une circonstance aggravante d’un délit. Le cannabis absorbé par cet individu a été selon les experts un facteur déclencheur mais non la cause. Les trois collèges d’experts psychiatres ont conclu d’une même voix à une bouffée délirante qui conduit à un trouble schizophrénique, ce qui selon la Loi amène à l’irresponsabilité pénale.
La justice se réfère à des experts psychiatres qui, de part leur profession, doivent rester neutre. Ils ont en charge l’état psychique du patient et non les problèmes autour de la religion ou autre. N´oublions pas non plus qu´un malade psychiatrique peut avoir des comportements et des actes dangereux vis-a-vis de lui-meme et des autres. La justice n´a pas a mettre en danger les prisonniers en mettant en cellule un malade psychiatrique.
Ce qui est triste c´est de prendre conscience que les personnes n´arrivent plus à raisonner et à écouter les experts.
Cette situation pose de multiples problèmes: quelle considération a-t-on pour les experts? Pour la justice? Quel regard porte-t-on sur l’hôpital psychiatrique? Quel regard porte-t-on sur la prison?
Les journalistes feraient mieux de porter à la connaissance du public ces différents thèmes .
Pour autant cela n’enlève rien à la culpabilité et au crime antisémite reconnus par la Chambre de l’Instruction.
Mais force doit rester à la Loi.
Il ne suffit pas qu’une majorité soit persuadée être dans le vrai pour qu’elle ait effectivement raison .

Unknown a dit…

Que se serait-il passé si un juif victime de bouffées délirante avait massacré une octogénaire musulmane.
Les partis d'extrême gauche France insoumise Parti communiste exetera où êtes-vous maintenant

Elie BENICHOU a dit…

Excusez moi Mme Allouche, vous faites fausse route là ! Ce qui rends encore plus révoltant cette triste affaire, c’est que précisément,Traoré n’avait aucun antécédent psychiatrique, aucun traitement au long cours, rien du tout. Les experts psychiatres ont émis un avis par definition subjectif, la psychiatrie n'étant pas une science, sur une personne totalement inconnue de tout service medical. Qu’avaient-ils donc face à eux lors de leurs entretiens ? Un type normal, pas bi-polaire, pas psychopathe, pas schizophrène, un individu parfaitement sain d’esprit. Sauf, que c’est assurément, un extrémiste islamiste (n’a-t-il pas hurler Allah Akbar lors de son crime ?). L’instruction dans cette affaire a balayé toute autre consideration et s’est focalisée et entêtée à démontrer l’irresponsabilité de Traoré, alors que Zagury, le premier expert disait que son acte était parfaitement réfléchi, malgré la prise de drogue. Si les juges avaient simplement fait appel au bon sens commun, ce crime antisemite et prémédité ne faisait aucun doute. L’instruction aurait pris en compte que Traoré pendant des années a croisé, insulté et menacé Mme Halimi. Et pas que lui. Toute la famille Traoré !!
Traoré, au lieu d’aller frapper sur sa porte (si il était si défoncé, c’était ce qu’il aurait fait a réfléchi. Oui il réfléchi ! Et il s’est dit, tiens je vais plutôt passer par l'appartement de mes voisins les Diarra pour accéder plus facilement au balcon de Mme Halimi et l’atteindre. Le type avait-il perdu la tete ? Avait-t-on besoin de 36 experts pour le dire ? Non, bien-sur que non. Tout, absolument tout, démontre que la psychiatrie n’a rien à faire dans ce dossier. On est tout simplement face à un crime de haine anti-juif de la part d’un islamiste (de type Daech). Ce criminel ne fréquentait-il pas assidument une mosquée salafiste ? Element de plus à charge ? Finalement, et c'est ce qu’aurait pu démontrer le procès, la prise de haschisch a peut-être participé en tant que déclencheur dans sa sinistre entreprise, mais n’a pas aboli ses sens. Voilà pourquoi, ce verdict aberrant provoque autant de malaise et de révolte chez tout le monde, et pas uniquement dans la communauté.
Finalement, qu’est ce que révèle ce verdict sur la France d’aujourd’hui, sur ses juges, sur sa population, sur sa classe politique et sur ses medias ?
On devine la réponse. Et elle est terrifiante...

Véronique Allouche a dit…

@elie Bénichou
« La psychiatrie n’est pas une science... »dites-vous . 10 ans d’études tout de même! Mais pour vous le docteur Zagury pourtant psychiatre, est dans le vrai, seul des experts à rapprocher ce crime à un acte antisémite. Demande-t-on à un psychiatre de juger un acte ou de s’occuper exclusivement de l’état mental du criminel? Permettez-moi de vous dire que vous êtes exclusivement dans l’émotion et la compassion tout autant que je le suis mais avons-nous le droit de juger à la place de la justice et le professionnalisme des experts? Cela me semble bien présomptueux.

Unknown a dit…

Sarah Halimi mérite notre respect et surtout la justice pour le crime commis par un individu sous les cris d'allah u Akbar... Si ce n'est pas un crime antisémite commis par un musulman, comme cela de la pauvre fonctionnaire de police a Rambouillet

Elie BENICHOU a dit…

Vous croyez donc encore à la Justice dans ce pays ? Vous ne voyez donc pas que cette institution est politisée comme jamais (le mur des cons, ça vous parle ?). Chaque semaine nous avons droit à un jugement aberrant (dernier en date, celui de Viry-Châtillon qui innocente des criminels). Un cocaïnomane jette un chien par la fenetre et prend un an ferme et pendant ce temps là Traoré sortira de son asile psychiatrique tot ou tard et libre ! Normal, il n’est pas fou ! Bon sang, ça ne vous revolte pas ça ? Vous voyez pas le problème ?! Vous ne voyez pas le message subliminal adressé à toute une population (et elle est nombreuse hélas) qui voudra « tuer du Juif » ?
Comment ne voulez vous pas tomber dans l'émotion devant ça ? J’ai volontairement cité Zagury, car c’est le seul qui a fait appel au bon sens commun. Et il était le premier mandaté. Pour autant, la psychiatrie, n’est pas et n’a jamais été une science. La science, c’est un champ de disciplines qui fait appel à l’experience et la demonstration de faits irréfutables. Là, avec la psychiatrie, on est dans le subjectif complet. Chacun peut dire tout et son contraire.
Et ce que je deplore encore une fois dans cette affaire, c’est que l’Instruction a tout misé sur la psychiatrie. On n’a pas cherché ailleurs. Il y avait de lourds faisceaux de présomptions sur Traoré et qui motivaient son acte. On n’en a pas tenu compte. Un procès aurait permis de répondre à des tas de questions. La Justice a préféré botter en touche.