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dimanche 28 février 2021

Les Hérons qui protègent Israël par Francis MORITZ

 


LES HÉRONS QUI PROTÈGENT ISRAËL


Par Francis MORITZ

 


Pourquoi un article sur les hérons (Machatz en Hébreu) dans ce site ? Ce ne sont pas ceux qui hivernent dans la réserve naturelle de Houla. Ce sont les autres, ceux qui ont trouvé un endroit sûr pour nicher à Tel Nof et veillent sur les frontières d’Israël. Car on sait bien qu’au Moyen Orient tout vient d’en haut. Pour protéger ses frontières et faire face aux défis quotidiens sur sa sécurité, parallèlement aux Américains, Israël est à la pointe du développement des drones. Le pays est dans la liste du top-5 des premiers producteurs mondiaux avec les États-Unis, la Russie, la Chine, le Royaume Uni.



Hérons en opération

Ce sont actuellement les meilleurs outils dans la guerre asymétrique moderne. Depuis le 9 novembre, les drones sont passés de la fonction de reconnaissance à une version armée. Ils offrent un avantage unique, celui de mener une guerre très loin du pays d’origine, sans mettre en danger la vie d'un pilote.  En matière de coûts versus avantages, un avion de combat F-22 coûte 150 millions de dollars avec un risque humain contre environ 4,5 millions de dollars pour un drone qui accomplit la même mission. Ainsi, permettent-ils de lancer des frappes de précision à moindre coût. On s’en est rendu compte en Arabie Saoudite lorsque les Houthis du Yémen, armés par l’Iran, ont attaqué des champs pétrolifères.

Mais après l’élimination de certains de ses plus notoires chefs militaires ou grands responsables, l’Iran connaît maintenant le prix qu’elle aurait à payer. Destructeur de cibles de grande valeur, les drones sont clairement l'arme la plus polyvalente et constituent un élément essentiel de l'avenir de la guerre et de la lutte contre le terrorisme. Ces engins peuvent voler en très haute altitude (45.000 pieds) au-dessus de reliefs très accidentés pour atteindre des endroits que les troupes terrestres auraient de grandes difficultés à pénétrer. La démonstration en a été faite au Sahel où, pour la première fois en décembre 2019, l’armée française a utilisé un drone armé pour neutraliser des terroristes. Elle dispose des drones américains MQ-9 Reapers équipés de missiles guidés par laser dont l’utilisation va s’intensifier. Cela a permis au président français de déclarer, lors de la récente conférence avec les cinq pays du Sahel, que la France resterait «présente» au Sahel, sans entrer dans les détails.

Ces engins ont réduit le fardeau des forces conventionnelles en offrant une alternative bon marché et polyvalente. Le nombre élevé de frappes de missiles réussies témoigne de leur caractère unique. De même, les décideurs politiques reconnaissent leur utilité, particulièrement en Israël où la vie d’un soldat est précieuse. Selon une information officielle,  80% des heures de vol de l’armée de l’air israélienne sont effectuées par les drones.  

Entrainement des pilotes allemands avec Hérons


Le Bundestag allemand a décidé d’équiper la Bundeswehr avec le Héron TP contre son concurrent américain. La question de leur armement a été âprement débattue. Finalement devant une opposition assez large, le gouvernement a renoncé à retenir la version de combat. Ainsi, le contingent allemand de la Minusma, présente au Sahel sous l’égide de l’Onu, utilise quatre drones Héron de surveillance et de recherche basés à Goa. On peut donc dire qu’Israël est présent sur ce vaste territoire où les drones vont progressivement jouer un rôle déterminant. Il suffit de constater le nombre croissant d’appareils utilisés. Il faut aussi se rappeler que les États-Unis ont un accord avec le Niger où ils disposent d’une base à Agades destinée à l’origine à la surveillance et aux actions militaires. Les drones américains Predators et Reapers participent à des missions, sans que beaucoup de publicité soit faite.

L'armée française déplie ses drones

Enfin, étonnante a été l’annulation par le ministre Likoud de la coopération régionale Ofir Akunis, de trois vols pour Abu Dhabi, en raison de la pandémie et ce malgré la demande du ministre de la défense Benny Gantz. Le déplacement de quelques 270 collaborateurs des firmes israéliennes du secteur militaire  à l’exposition IDEX à Abu Dhabi pour laquelle les firmes concernées avaient déjà pris des dispositions, loués des stands etc… planifié des contacts était prévu de longue date. On s’étonne d’autant plus que dans le même temps, El Al avec l’accord des autorités effectue plusieurs vols vers l’Europe et les États Unis.

On doit donc s’interroger sur les motivations réelles, voire cachées de ce revirement de dernière minute. Il pourrait s’agir d’une lutte interne et néfaste entre ministères alors qu’on vient de signer des accords avec les Émirats dont une des clauses concerne le développement d’une coopération militaire en matière de défense. Ce qu’a confirmé Moshe Patel, qui dirige le département missiles au ministère de la défense : «aucun accord régional n’est en cours pour l’instant, mais la coopération entre Israël et ses voisins arabes pourrait être possible dans le futur». Quel est donc l’intérêt d’exposer ce matériel et d’en vanter ses capacités ?

La délégation des Emirats visite le centre Peres pour la paix et l’innovation, reçue par la directrice générale Efrat Duvdevani


Cette décision pourrait avoir une autre origine. La nouvelle administration américaine autorise certes Israël a développer ses ventes dans toute une série d’équipements mais elle peut aussi vouloir «marquer le coup et montrer les dents» comme elle l’a fait en suspendant temporairement les ventes de matériels militaires à l’Arabie et aux Émirats. Le président Biden n’a pas manqué de répéter «USA is back» à la conférence sur la sécurité à Munich ! Les Américains auraient peut-être fait pression sur le gouvernement israélien qui, ne voulant pas perdre la face, a invoqué la Covid pour justifier la décision ; la question restera sans réponse. Dans le même temps une délégation des Émirats a visité le centre Peres pour la paix à Jérusalem le 17 février, sans excuse de la pandémie. Il est certain que cette visite a été organisée avec la totale coopération et la volonté des autorités.

En conclusion, les fabricants d’armes ne se sont pas adressés à la bonne agence de voyage et les Hérons attendront un peu pour visiter les Émirats. Mais au profit de qui, diront certains ?

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