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mardi 16 février 2021

Le Liban des affamés menace Israël par Francis MORITZ

 

LE LIBAN DES AFFAMÉS MENACE ISRAËL

Par Francis MORITZ 

 

Slim Lokman

Le Liban semble entrer dans une phase de décomposition ultime. On savait que le meurtre d’opposants était chose courante, le passé en témoigne. L’assassinat de l’opposant et critique du Hezbollah, Lokman Slim, abattu d’une balle dans sa voiture, vient s’ajouter à une liste déjà longue au milieu d’un chaos qu’on n’aurait pas imaginé il y a encore quelques années, où malgré ses difficultés, le pays du cèdre parvenait à se relever. Il est aujourd’hui à genoux et à deux doigts de la guerre civile.



Un manifestant brandit la photo de Lockman Slim critique du Hezbollah


Ce qui ne présage surtout rien de bon pour son peuple et les réfugiés syriens qui sont plus de 1,5 millions pour une population de six et in fine pour Israël. Avoir à sa frontière un pays et une population désespérée est une menace humanitaire et sécuritaire qui n’a rien à envier à une menace militaire. Dans un passé récent Israël a dû faire face à des infiltrations, relativement importantes pour un petit pays, en provenance du Soudan notamment.

La victime Lokman Slim, personnalité connue, producteur de films, organisateur de forums politiques, était le fondateur de l’organisation de documentation et de recherche UMAM qui avait pour objectif de créer un fonds d’archives sur les violences passées en vue de sensibiliser le pays à une prévention de nouvelles violences. C’était donc un gêneur, non seulement critique notoire de l’organisation terroriste, mais aussi enquêteur à propos de crimes passés et la recherche des auteurs. On a donc voulu le faire taire définitivement six mois après l’explosion du port de Beyrouth.

Funérailles multi-religieuses de Lokman


À date, l’enquête n’a pas avancé. Bien qu’on montre du doigt les responsables, beaucoup de monde savait, c’est l’omerta. Dans ce pays hélas totalement fracturé, écartelé, livré aux luttes de clans et de pouvoir entre hommes politiques corrompus, milices qui vivent au crochet des habitants et autres puissances régionales, la pandémie aura été la plaie de plus qui s’est abattue sur ces hommes, ces femmes, ces enfants qui sont à bout.



La banque centrale libanaise a averti qu'elle pourrait manquer d'argent sous peu, pour financer les subventions. Si cela se produisait, les observateurs sur place dont l’ONU et des ONG locales, prédisent une catastrophe. Si les autorités arrêtent de subventionner les produits de base que sont la farine et le carburant, cela aurait pour effet de précipiter potentiellement plus des trois quarts des Libanais dans la pauvreté. On en est là ! car les subventions ne règlent pas le problème chronique des inégalités criantes dans le pays. Le prix de la farine a pratiquement triplé depuis le début de la crise.

À qui profite le crime ? C’est la question que se posent chaque jour les habitants et les réfugiés. Jusqu'ici, les subventions étaient de l’ordre d’environ 750 millions de dollars (613 millions d'euros) par mois, la réduction des coûts voit ce montant diminuer à environ 450 millions. Cette hémorragie financière ne pourra pas durer et enfonce encore plus le pays dans l’anarchie. Ce qui sera la porte ouverte au Hezbollah pour se saisir du pouvoir, même si pour sauvegarder les apparences, le président de la République Michel Aoun, dont on connaît la collusion avec le groupe terroriste, a confié à Saad Hariri la mission de former un nouveau gouvernement. On sait que les chefs de clans libanais ne s’intéressent pas à l’intérêt supérieur du pays, mais uniquement au leur et ne feront rien pour que ce gouvernement voit le jour. Les grandes puissances s’avèrent également impuissantes à cet égard. La diplomatie, qu’elle soit française ou européenne est totalement impuissante à régler quoi que ce soit, malgré de vivifiantes déclarations et sa commisération renouvelée. 

Manifestation dans le port de Tripoli


Le pays est confiné pour 30 jours dans une situation sanitaire, sécuritaire et économique au bord de l’effondrement total. Plus de 200 manifestants et soldats ont été blessés dans des émeutes de la faim à Tripoli. Les forces de sécurité ont tenté de mettre tous les moyens habituels en œuvre sans grand succès et ce malgré des mises en garde et des tirs de mitrailleuse. La croix rouge a traité plusieurs dizaines de blessés par balles de caoutchouc. À noter que devant la relative passivité des soldats, ce sont les forces de sécurité intérieure qui sont intervenues plus violement, provoquant de nombreux blessés.

Parallèlement, Tsahal semble s’attendre à la reprise d’un conflit limité dans son ampleur avec le Hezbollah qui doit absolument démontrer sa force et sa capacité à «être le dernier rempart contre l’ennemi sioniste» slogan bien connu. Dans le passé, les terroristes s’étaient servis de boucliers humains en défense, pour éviter les bombardements. Il faut imaginer ce qui se passerait si demain, face au désespoir de tout cette population et en particulier une partie des réfugiés, le Hezbollah poussait devant lui une marée humaine qui franchirait les grilles de la frontière pour y trouver à manger, y être soignés et traités en êtres humains. Tsahal ne pourrait sans doute pas tirer sur ces manifestants comme le font ses voisins sans hésitation.

Manifestants face aux forces de sécurité intérieure


C’est un nouveau défi auquel Israël doit se préparer, même si sur le papier cette éventualité paraît inimaginable. Avant que des terroristes ne creusent des tunnels et ne surgissent en Israël, personne n’avait imaginé que ça se produirait, et pourtant ! L’imagination de l’organisation terroriste est sans limite, on ne saurait la sous-estimer. La misère de ces populations est telle qu’Israël représente un havre de salut sinon de paix. Peut-être est-ce aussi une opportunité pour Israël de trouver le moyen d’avoir une action envers les Libanais et les réfugiés, pour démontrer sa bonne volonté et son humanisme. C’est à la fois un défi mais aussi une opportunité d’innover politiquement et humainement. Après tout, peut être que tout cela n’est sorti que de ma seule imagination ?

 

3 commentaires:

Unknown a dit…

Cela fait déjà un certain temps que plus aucun lecteur de l'Orient le jour ne traite le Hezbollah de "la Résistance".
Chaque fois qu'un des leur parle de l'ennemi sioniste il se fait rabrouer.

Michelle Mazel a dit…

Qui se souvient de cette bonne barrière - Hagader hatova - initiative de Shimon Peres en 1976 - et de l'aide offerte par Israël à son voisin libanais dans le domaine de la santé et de l'économie? On disait alors que le Liban serait le premier pays à faire la paix avec Israël. Hélas, on connait la suite.

Marianne ARNAUD a dit…


http://rachelarnaud.unblog.fr/2008/10/15/libanon-love/