Lors
de son allocution du 13 avril, le chef de l’État a prononcé une phrase qui
mérite d’être relevée. De mémoire : «Des choses n’ont pas bien fonctionné
(dans la crise du covid) nous en tirerons les conséquences». Il est
essentiel de rappeler que le pouvoir politique ne se conçoit pas en dehors de
la responsabilité. Les deux ne peuvent pas être découplés. Le pouvoir est
source de contentement personnel : pour un esprit sain, la satisfaction de
servir l’intérêt général ; et pour un cerveau pervers, la pure jubilation
narcissique.
Mais
cette satisfaction, qu’elle qu’en soit la nature, a une contrepartie : la
responsabilité. Le personnage qui incarne le pouvoir incarne aussi, par
définition, la responsabilité. Dès lors qu’il exerce la mission de décider, il
est personnellement comptable de ses décisions ou de ses non-décisions et de
leurs conséquences. Le chef choisit lui-même son entourage. Il arbitre entre
les choix qui lui sont proposés. Si l’appareil de décision dont il est en
charge ne fonctionne pas correctement, souffre de dysfonctionnements, il lui
incombe de prendre, quand il en est temps, les décisions pour y remédier.
S’il
n’est pas correctement informé, c’est qu’il ne s’en est pas donné les moyens,
en particulier dans le choix de ses collaborateurs. Idem, s’il est mal
conseillé, cela signifie qu’il s’est trompé sur le choix de son entourage. Par
ailleurs, s’il n’est pas libre de choisir ses collaborateurs, si ces derniers
lui sont imposés, et s’il accepte d’en être l’otage, cela signifie qu’il n’est pas
digne de sa mission. L’attitude de dirigeants politiques qui se défaussent sur
leur administration pour l’accabler des insuffisances ou des désastres est
inepte.
Le
pays élit des gouvernants et leur confie son destin sur la base des promesses
de ces derniers. S’ils réussissent et si le pays est heureux, ils méritent des
lauriers. Si le pays sombre dans le chaos et la détresse, sans qu’ils ne lui
apportent de solution satisfaisante, cela signifie qu’ils ont failli dans leur
tâche. Ils sont à coup sûr seuls et uniques responsables. Quand un drame
éclate, faute d’anticipation ou de préparation suffisante, la responsabilité
est avant tout celle des autorités politiques auxquelles le pays a fait
confiance. Chercher des boucs émissaires, quels qu’ils soient – prédécesseurs,
fonctionnaires, collaborateurs, experts, peuple – pour se dérober à sa
responsabilité, est la quintessence de la misère politique.
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