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jeudi 23 avril 2020

Le Likoud doit songer aux illusions perdues de Balzac



LE LIKOUD DOIT SONGER AUX ILLUSIONS PERDUES DE BALZAC

Par Jacques BENILLOUCHE
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          Ceux qui misent leur avenir sur les sondages risquent d’être déçus car il n’y a pas de plus volatil que l’électeur israélien capable de passer de la gauche à la droite et inversement, sans complexes et avec beaucoup de certitude. De toute façon, les sondages ne donnent qu’une image ponctuelle de l’état de l’opinion ; les sondeurs utilisent d'ailleurs cette raison pour justifier les écarts avec la réalité d'un scrutin. L’avenir israélien, comme celui de tous les pays occidentaux, est peuplé d’embûches qui ne permettent aucune prévision sérieuse.





Les sondages optinistes pour Gantz en avril 2019

            L’évolution du coronavirus obère toute assurance sur l’état physique de la population car les scientifiques ne connaissent toujours rien au virus; il peut repartir comme il peut revenir. Quant à l’économie, il s’agit surtout d’un coup de poker. Les défavorisés, qui vivent d’un salaire étriqué, sont confinés dans leur appartement avec aucune perspective d’avenir car ils dépendent d’abord de leurs employeurs puis ensuite de l’État providence. L’État n’a jamais rien fait pour eux en temps normal, quand les coffres de la banque d’Israël explosaient de devises. A fortiori, il le peut encore moins en période de crise économique aiguë.
            Les petites boutiques, les indépendants, les artisans, les petits restaurateurs et les toutes petites structures paient le prix fort tandis que les grands groupes et les grosses entreprises considèrent qu’il s’agit d’un passage, certes difficile, mais leur avenir n’est pas hypothéqué. Au contraire, certains multiplient leurs bénéfices grâce au coronavirus. Les petites sociétés qui vivaient du transport aérien, du tourisme et de l’hôtellerie risquent de disparaître en emportant avec elles des dizaines d’emplois et en générant des centaines de chômeurs. Un autre signe qui ne trompe pas : les patrons de supermarchés constatent que le panier de la ménagère a diminué de 30%, signe qu'on n'a plus autant d'argent ou alors qu'il faut à présent économiser pour les mauvais jours. 
            Alors quand le ventre est vide, quand ils se sentent mis à l’écart par les plus nantis, alors ils pensent moins à leurs convictions politiques et ils implorent plutôt ceux qui peuvent les sortir de la mélasse économique. Oubliées les idées politiques et les promesses des hommes politiques qui n’ont souvent pas démérité. Mais c’est la règle du jeu, les dirigeants actifs au pouvoir ont toujours tort et un nouvel inconnu reste souvent l’attrait, une fois que l’on n’a plus rien à perdre. Le cas de Macron est un modèle en l’occurrence. 



            Le Likoud a donc tort de se fier aux sondages qui le mettent au firmament avec 42 sièges. C’est fort probable aujourd’hui mais il risque de perdre son assurance en croyant, comme dans le passé, réunir sur son nom une population qui jouissait jadis de l’explosion économique, d’une croissance exponentielle, d’un chômage quasi nul, réduit à son minimum incompressible. La population n’avait jusqu'alors aucun intérêt à changer de gouvernance puisque tout était beau et tout était merveilleux. 
        Où en sera-t-on dans trois mois ? Nul ne le sait ; même les experts les plus neutres et les plus adroits ne peuvent faire aucune prévision car, contrairement aux adages, notre situation en Israël dépend des pays étrangers avec qui nous commerçons et surtout du risque de repli de l’Occident à l’intérieur de ses frontières, pour protéger ses acquis économiques face à une agression extérieure. La politique c’est comme la bourse, on investit mais l’on n’est pas sûr du résultat ; c’est soit la fortune, soit la ruine. Quand on récupère sa mise on est très heureux.
            Bien sûr en Israël on ne souhaite pas le chaos ni la misère pour prouver qu’on avait raison. Mais quand le Likoud refuse une entente politique immédiate parce qu'il croit pouvoir faire mieux demain, c’est vendre la peau de l’ours. La crise aux États-Unis va rendre les dirigeants frileux car "America first". Il n’existe pas plus égoïstes que les Américains quand ils sont dans la dèche. Alors, s’ils subissent la même crise que celle des subprimes, le conflit palestinien leur passera au-dessus de la tête et Netanyahou deviendra le dernier de leurs soucis d’autant plus que Joe Biden pointe à l'horizon. Il sent une nouvelle ouverture. Alors un nouveau président, une nouvelle politique et de nouveaux amis peuvent changer la donne. Trump était célèbre car il avait vaincu le chômage et développé l’économie. Mais, en cas de crise, les Américains ont la mémoire courte et ils vivent le temps présent à l’instar des Israéliens qui veulent leur ressembler.
            Notre propos n’est pas de souhaiter les problèmes pour notre pays mais de mettre en garde la classe politique contre trop d’optimisme, trop d’intransigeance et d’assurance mal placée. La crise est terrible et les bonimenteurs sévissent. 



            Nous nous orientons vers de nouvelles élections car Benny Gantz s’est discrédité vis-à-vis de ses amis qui ne sont plus d’accord à lui faire la courte échelle pour déloger Netanyahou. La rupture est consommée dans l’opposition qui ne pardonne pas la «trahison» de Gantz qui vient d’autoriser, du haut de son perchoir, le vote d'une loi interdisant à Netanyahou de former un gouvernement. Bien que certains à gauche disent qu'ils ne soutiendront pas la décision du président de la Knesset, d'autres insistent sur le fait que la législation est nécessaire pour protéger la démocratie israélienne et empêcher un inculpé de former un gouvernement à l'avenir. 
          Mais ils ne font plus confiance à Gantz qui les a trompés une fois, et ils ne l’appuieront que s’il leur garantit de rester au perchoir et de ne jamais rejoindre ultérieurement Netanyahou dans un nouveau gouvernement. Il n’est pas question pour eux de participer à un stratagème politique sans lendemain. Le vote dépend encore de la volonté d’Avi Nissenkorn, de Kahol-Lavan, de convoquer le comité d'arrangement pour approuver le dépôt de la loi.
            L’Université israélienne devrait créer un nouveau master d’études pour permettre aux jeunes, intellectuellement bien constitués, d’aborder avec efficacité les méandres de la politique politicienne car Israël se surpasse depuis an dans ce domaine, mais en vain.
Mise à jour du 2 avril à 20h

Un accord a été trouvé pour la constitution d'un gouvernement d'union avec la répartition des ministères suivants :

Likoud et alliés
Affaires étrangères pendant 1er mandat puis le ministère passe à Gantz
Logement
Intérieur
Éducation
Environnement
Energie
Jérusalem

Gantz
Défense
Justice,
Économie
Santé
Immigration et absorption,
Culture et sports,
Communications
Tourisme,
Égalité sociale
Diaspora,
Agriculture
Affaires stratégiques


Yamina ne participera pas au gouvernement.

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