SITUATION PRÉVISIBLE EN TUNISIE
Par Jacques BENILLOUCHE
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Un individu s’est fait exploser ce jeudi 27 juin 2019, peu avant 11h, au
centre-ville de Tunis. L’attaque terroriste s’est déroulée près de la Porte de
France, au croisement de la rue Charles De Gaulle et de l'avenue de France. Un bilan
préliminaire fait état d’un policier et de trois citoyens blessés. Le
terroriste est mort sur place. Un sécuritaire, l’agent de la police municipale, Mehdi Zammali, a été tué lors de cette
opération terroriste.
Trente minutes après cette attaque,
une deuxième explosion a éclaté au siège de la direction des unités spéciales
anti-terrorisme, à El Gorjani. Le terroriste a tenté de s'introduire dans le
bâtiment sans succès et a donc fait exploser la bombe dans le parking. Le ministère
de l’intérieur fait état de 4 blessés parmi les militaires.
Une panique s’est emparée de l’administration. Ainsi le tribunal de première
instance de Tunis a été évacué en urgence à la suite des deux attentats. Tous
les juges et avocats ont été évacués et un important dispositif sécuritaire a
été mis en place. Les autorités tunisiennes accusent l'organisation terroriste Daesh d’être derrière
les deux attaques.
Avant cela, la municipalité d’El Mourouj avait annoncé qu’une explosion avait eu lieu à l’aube du 19 juin 2019, dans un petit fast-food de cette banlieue de Tunis. L'explosion avait été alors attribuée à une "fuite de gaz".
El Mourouj |
Avant cela, la municipalité d’El Mourouj avait annoncé qu’une explosion avait eu lieu à l’aube du 19 juin 2019, dans un petit fast-food de cette banlieue de Tunis. L'explosion avait été alors attribuée à une "fuite de gaz".
Ces actions n’étonnent pas car le
gouvernement tunisien a fait preuve de beaucoup d’indulgence à l’égard des
islamistes qui participent en sous-main à la gouvernance, pour ne pas dire
tirent en fait les ficelles. La Tunisie a été l'un des pourvoyeurs les
plus importants de djihadistes partis faire la guerre en Syrie, 3.000 à 5.000 éléments selon les sources. Elle les a laissés partir pensant pouvoir ainsi s’en débarrasser.
Mais à la suite des revers de Daesh en Syrie, 800 Tunisiens ont fait le chemin
du retour depuis 2016, par leurs propres moyens, certains munis de la mission d’exporter
le terrorisme de Daesh vers la Tunisie. Le président Caïd Essebsi, qui a choisi
la stratégie de la coopération avec les islamistes, a une grande responsabilité
dans cette carence.
Civils fuyant les zones de combat en Syrie |
Comme la France, la Tunisie est aussi
confrontée au rapatriement des enfants de djihadistes. Mais le pays a mis en
place des tests ADN pour certifier la filiation des enfants avant
d’accepter leur rapatriement. Cette pratique a été dénoncée par Human Right
Watch alors que la population tunisienne est majoritairement opposée au retour
des combattants. Les autorités tunisiennes envisagent aussi de rapatrier des
enfants de djihadistes partis combattre en Libye.
200 enfants et 100 femmes tunisiens sont actuellement détenus dans des prisons et camps en Libye, en Syrie et en Irak. Mais le pays qui vit depuis longtemps sous état d’urgence a choisi la modération, croyant pouvoir éviter la même vague d’attentats sanglants de 2015 et 2016. Cette modération a été interprétée comme une preuve de faiblesse; elle a encouragé les terroristes à agir. Or ces djihadistes sont connus dans leurs villages et facilement repérables mais rien n’est fait pour les neutraliser de crainte d’envenimer la situation. Or il ne peut être question de transiger avec des intoxiqués qui ne comprennent pas l’intérêt du pays.
200 enfants et 100 femmes tunisiens sont actuellement détenus dans des prisons et camps en Libye, en Syrie et en Irak. Mais le pays qui vit depuis longtemps sous état d’urgence a choisi la modération, croyant pouvoir éviter la même vague d’attentats sanglants de 2015 et 2016. Cette modération a été interprétée comme une preuve de faiblesse; elle a encouragé les terroristes à agir. Or ces djihadistes sont connus dans leurs villages et facilement repérables mais rien n’est fait pour les neutraliser de crainte d’envenimer la situation. Or il ne peut être question de transiger avec des intoxiqués qui ne comprennent pas l’intérêt du pays.
La Tunisie, petit pays de 11
millions d’habitants, paie ainsi sa passivité durant sept années, en étant l’un
des principaux pourvoyeurs de djihadistes au monde. Certes nombreux sont
morts au combat. Le gouvernement tunisien a organisé des démarches pour permettre
le retour des familles mais il n’est pas question de faciliter le retour des
combattants, qui n’ont pas besoin d’autorisation puisqu’ils reviennent par leurs
propres moyens. Un très faible nombre a été mis sous surveillance mais la
grande majorité s’est réinstallée dans les montagnes tunisiennes, créant une
grande menace pour la sécurité nationale. Cependant le président Caïd Essebsi, dans
une sorte de complicité avec les islamistes, s’est appuyé sur la Constitution pour
justifier le retour des combattants tunisiens car «la Constitution prévoit
qu’on doit accepter tous les citoyens».
Salma Elloumi et René Trabelsi |
Comme en Égypte, les terroristes
choisissent la période estivale pour dissuader les étrangers de se rendre sur
les plages tunisiennes. Or le tourisme est vital pour un pays exsangue qui a
besoin de devises. Salma Elloumi, l’ancienne ministre du Tourisme, qui a laissé
sa place au juif René Trabelsi, a confirmé que le tourisme est très important
pour le développement de la Tunisie et qu’il fallait aussi développer le
tourisme religieux ou culturel sous réserve que les touristes amènent le
maximum de devises avec eux pour faire marcher l’industrie hôtelière.
Avec le ministre Trabelsi, le tourisme en Tunisie a un peu frémi mais les terroristes risquent de lui porter un coup fatal. En s’aplatissant devant les islamistes en déclarant qu’il était «contre la normalisation avec Israël», il n’a pas été payé de retour. Il était en mission impossible tant il avait concentré sur sa personne toutes les oppositions car ce fils de dirigeant de la communauté juive de Djerba n’avait rien à faire à la tête du ministère du Tourisme et de l’Artisanat. Ces attentats lui cassent l'élan qu'il a réussi à insuffler pour inverser la courbe du tourisme.
Avec le ministre Trabelsi, le tourisme en Tunisie a un peu frémi mais les terroristes risquent de lui porter un coup fatal. En s’aplatissant devant les islamistes en déclarant qu’il était «contre la normalisation avec Israël», il n’a pas été payé de retour. Il était en mission impossible tant il avait concentré sur sa personne toutes les oppositions car ce fils de dirigeant de la communauté juive de Djerba n’avait rien à faire à la tête du ministère du Tourisme et de l’Artisanat. Ces attentats lui cassent l'élan qu'il a réussi à insuffler pour inverser la courbe du tourisme.
Manifestation contre Trabelsi |
Au lendemain de sa nomination,
on lui a laissé peu le temps d’agir car une centaine de manifestants
représentant des associations de la société civile et plusieurs partis
politiques, dont le Courant Démocrate, le Mouvement du Peuple, le Parti unifié
des patriotes démocrates, la Ligue tunisienne pour la Tolérance et l’Instance
Nationale de Soutien à la Résistance Arabe, ont brandi des banderoles, avec des
slogans antisionistes, voire antisémites. Dans un amalgame, ils avaient condamné
son appel à accueillir 20.000 touristes juifs qualifiés de sionistes. Pour ces partis contestataires : «la
nomination de Trabelsi s’inscrit dans le cadre d’une campagne menée par
certains pays arabes pour la normalisation avec Israël et pour faire de
Jérusalem sa capitale, d’une part, et pour répondre à la résistance syrienne
contre les projets américano-sionistes, d’autre part».
La Tunisie persiste à vouloir s’isoler et les prix bradés de son hôtellerie
ne justifient pas que les touristes doivent prendre des risques vitaux avec des djihadistes qui
ont pignon sur rue en Tunisie.
1 commentaire:
Article sévère, mais juste!
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