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dimanche 21 avril 2019

Le gouvernement devrait méditer sur le discours sur la misère



LE GOUVERNEMENT DEVRAIT MÉDITER SUR LE DISCOURS SUR LA MISÈRE

De Victor HUGO

Copyright © Temps et Contretemps
      

          Les périodes politiques se suivent et se ressemblent. Les maux d’hier, restent les maux d’aujourd’hui. Les hommes politiques n’arrivent pas à éradiquer la misère, que ce soit en France ou en Israël parce qu’ils font preuve d’un égoïsme exacerbé. Un nouveau gouvernement devrait s’installer en Israël, après une campagne électorale détestable où l’on a volontairement ignoré les questions qui fâchent telles que l’augmentation du coût de la vie, l’accroissement de la pauvreté dans un pays du hightech et les difficultés du logement dues à des prix excessifs. 




          Cela n’est pas nouveau et le problème persiste, au cours de tous les siècles malgré les progrès enregistrés, comme si les leçons du passé ne sont pas assimilées. L’exemple frappant est le «discours sur la misère» qu’a prononcé le 9 juillet 1849, le grand Victor Hugo, certes en France, mais cela peut s’appliquer à la virgule près, chez nous en Israël. 
         On peut être qualifié de «gauchiste» parce qu’on aime bien rêver à une société qui ne laisse pas un pan de sa population sur le bas côté sous prétexte qu’elle est née du mauvais côté de la chance mais rien n’est immuable si les ministres consacrent un peu de leur temps et de leur budget à la misère parce que la misère est universelle, même dans les pays occidentaux. 
       Bien sûr nous sommes loin, Dieu merci, de la description dramatique de Victor Hugo et avons dépassé ce niveau d’acuité du siècle dernier mais le symbole reste. Ceux qui s'offusquent qu'on soulève ce problème parce ce qu'on attente à la réputation d'Israël, peuvent continuer à fermer les yeux et les oreilles. 


Le discours sur la misère de Victor Hugo

"Je ne suis pas, Messieurs, de ceux qui croient qu'on peut supprimer la souffrance en ce monde, la souffrance est une loi divine, mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu'on peut détruire la misère. Remarquez-le bien, Messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. La misère est une maladie du corps social comme la lèpre était une maladie du corps humain ; la misère peut disparaître comme la lèpre a disparu. Détruire la misère ! Oui, cela est possible !  Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n'est pas le fait, le devoir n'est pas rempli.

La misère, Messieurs, j'aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir où elle en est, la misère ? Voulez-vous savoir jusqu'où elle peut aller, jusqu'où elle va, je ne dis pas en Irlande, je ne dis pas au Moyen-âge, je dis en France, je dis à Paris, et au temps où nous vivons ? Voulez-vous des faits ?
Mon Dieu, je n'hésite pas à les citer, ces faits. Ils sont tristes, mais nécessaires à révéler ; et tenez, s'il faut dire toute ma pensée, je voudrais qu'il sortît de cette assemblée, et au besoin j'en ferai la proposition formelle, une grande et solennelle enquête sur la situation vraie des classes laborieuses et souffrantes en France. Je voudrais que tous les faits éclatassent au grand jour. Comment veut-on guérir le mal si l'on ne sonde pas les plaies ?

Voici donc ces faits :
Il y a dans Paris, dans ces faubourgs de Paris que le vent de l'émeute soulevait naguère si  aisément, il y a des rues, des maisons, des cloaques, où des familles, des  familles entières, vivent pêle-mêle, hommes, femmes, jeunes filles, enfants,  n'ayant pour lits, n'ayant pour couvertures, j'ai presque dit pour vêtements, que des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassés dans la fange du  coin des bornes, espèce de fumier des villes, où des créatures humaines s'enfouissent toutes vivantes pour échapper au froid de l'hiver. Voilà un fait. En voici d'autres : Ces jours derniers, un homme, mon Dieu, un malheureux homme de lettres, car la misère n'épargne pas plus les professions libérales que les professions manuelles, un malheureux homme est mort de faim, mort de faim à la lettre, et l'on a constaté après sa mort qu'il n'avait pas mangé depuis six jours. Voulez-vous quelque chose de plus douloureux encore ? Le mois passé, pendant la recrudescence du choléra, on a trouvé une mère et ses quatre enfants qui cherchaient leur nourriture dans les débris immondes et pestilentiels des charniers de Montfaucon !
Taux de pauvreté OCDE, Israël 3ème des plus mal classés

Eh bien, messieurs, je dis que ce sont là des choses qui ne doivent pas être ; je dis que la société doit dépenser toute sa force, toute sa sollicitude, toute son intelligence, toute sa volonté, pour que de telles choses ne soient pas ! Je dis que de tels faits, dans un pays civilisé, engagent la conscience de la société toute entière ; que je m'en sens, moi qui parle, complice et solidaire, et que de tels faits ne sont pas seulement des torts envers l'homme, que ce sont des crimes envers Dieu !
Voilà pourquoi je suis pénétré, voilà pourquoi je voudrais pénétrer tous ceux qui m'écoutent de la haute importance de la proposition qui vous est soumise. Ce n'est qu'un premier pas, mais il est décisif. Je voudrais que cette assemblée, majorité et minorité, n'importe, je ne connais pas, moi de majorité et de minorité en de telles questions ; je voudrais que cette assemblée n'eût qu'une seule âme pour marcher à ce grand but, à ce but magnifique, à ce but sublime, l'abolition de la misère !

Et, messieurs, je ne m'adresse pas seulement à votre générosité, je m'adresse à ce qu'il y a de plus sérieux dans le sentiment politique d'une assemblée de législateurs ! Et à ce sujet, un dernier mot : je terminerai là.

Messieurs, comme je vous le disais tout à l'heure, vous venez avec le concours de la garde nationale, de l'armée et de toutes les forces vives du pays, vous venez de raffermir l'État ébranlé encore une fois. Vous n'avez reculé devant aucun péril, vous n'avez hésité devant aucun devoir. Vous avez sauvé la société régulière, le gouvernement légal, les institutions, la paix publique, la civilisation même. Vous avez fait une chose considérable... Eh bien ! Vous n'avez rien fait !
Vous n'avez rien fait, j'insiste sur ce point, tant que l'ordre matériel raffermi n'a point pour base l'ordre moral consolidé ! Vous n'avez rien fait tant que le peuple souffre ! Vous n'avez rien fait tant qu'il y a au-dessous de vous une partie du peuple qui désespère ! Vous n'avez rien fait, tant que ceux qui sont dans la force de l'âge et qui travaillent peuvent être sans pain ! tant que ceux qui sont vieux et ont travaillé peuvent être sans asile ! tant que l'usure dévore nos campagnes, tant qu'on meurt de faim dans nos villes tant qu'il n'y a pas des lois fraternelles, des lois évangéliques qui viennent de toutes parts en aide aux pauvres familles honnêtes, aux bons paysans, aux bons ouvriers, aux gens de cœur ! Vous n'avez rien fait, tant que l'esprit de révolution a pour auxiliaire la souffrance publique ! Vous n'avez rien fait, rien fait, tant que dans cette œuvre de destruction et de ténèbres, qui se continue souterrainement, l'homme méchant a pour collaborateur fatal l'homme malheureux !"


3 commentaires:

Véronique ALLOUCHE a dit…

Merci pour ce bel hommage à Victor Hugo. Nier la misère c’est se complaire dans l’entre-soi.
« Il suffisait de me taire, c'est vrai, et tout continuait. Vous me demandez ce qui me force à parler? une drôle de chose, ma conscience. »
Les Misérables

bliahphilippe a dit…

N'est pas qualifié de "gauchiste" celui qui veut s'occuper de social en Israel.
Est qualifié de gauchiste celui qui se déclare-surtout sur le dos des autres en faisant fi de l'histoire- pret à abandonner des territoires à nos ennemis sans se poser la question de ce qu'ils vont en faire et en voulant ignorer délibérément que ce territoire n'est qu'une étape et un tremplin pour continuer la guerre, le tout apposé sur un bout de papier qui ne vaut pas l'encre ni la signature de leurs auteurs.

Avraham NATAF a dit…

Chaque période a sa propre forme de misère; combien d'emplois sont supprimes parce que la machine revient bien meilleure marché que le travailleur promu chômeur. Regardons les emplois supprimes tel que les postiers, les réceptionnistes, les vendeurs, les mises à la retraite accélérées et remplacées par des ordinateurs/robots L'autre cause de chômage reste les importations plus économiques. La masse salariale qui paie. des impôts à l'Etat font comme la neige au soleil et les ordinateurs/robots ne sont pas imposés