Trois exécutés |
La presse occidentale a été très discrète sur
l’exécution par décapitation de 37 «terroristes» en Arabie Saoudite,
dont l’un par crucifixion abominable effectuée après l’exécution. Parmi les exécutés : un étudiant, un universitaire, un manifestant et un imam.
Il n’est pas question de vexer un bon client d’armement et surtout de s’élever contre une tragédie de justice expéditive. Les prisonniers ont été regroupés et condamnés sous des chefs d’inculpation variés mais surtout ambigus. Aucune publicité n’a été faite durant leur procès où ils étaient accusés, selon le cas, de terrorisme, de complot contre la sécurité, de meurtre, d’espionnage ou de propagation interdite de l'islam chiite. L’homme qui a eu droit à la crucifixion était accusé d’avoir assassiné une femme et d’avoir conspiré pour en assassiner une autre.
Il n’est pas question de vexer un bon client d’armement et surtout de s’élever contre une tragédie de justice expéditive. Les prisonniers ont été regroupés et condamnés sous des chefs d’inculpation variés mais surtout ambigus. Aucune publicité n’a été faite durant leur procès où ils étaient accusés, selon le cas, de terrorisme, de complot contre la sécurité, de meurtre, d’espionnage ou de propagation interdite de l'islam chiite. L’homme qui a eu droit à la crucifixion était accusé d’avoir assassiné une femme et d’avoir conspiré pour en assassiner une autre.
La peine de mort existe encore aux États-Unis mais
c’est le côté macabre, expéditif et barbare qui choque. Les exécutés sont en
fait des victimes politiques car 34 d’entre eux étaient des militants chiites,
des professionnels, des érudits religieux et un certain nombre de jeunes hommes
arrêtés alors qu'ils étaient mineurs et qui ont attendu leur majorité dans le
couloir de la mort. Mais cela ne découragera pas les manifestations pacifiques
ni l’activisme de la communauté chiite saoudienne parce qu’elle lutte depuis
plus de 50 ans pour l’égalité avec les sunnites. Selon les autorités
saoudiennes : «La peine de mort a été appliquée à un certain nombre de
criminels pour avoir adopté des idéologies terroristes extrémistes et formé des
cellules terroristes afin de corrompre et de perturber la sécurité, ainsi que
de semer le chaos et de provoquer des conflits sectaires».
Certes, les
Iraniens ne sont pas plus civilisés avec leurs pendaisons mais on ne s'inspire pas du mauvais exemple. Alors que
l’an dernier 149 exécutions avaient été effectuées, L’Arabie a déjà procédé à 104
décapitations depuis le début de l’année 2019. Au moins, elle ne perd pas de
temps en procès, appels et Cour de cassation. Tout est tellement secret qu’on
ignore si des avocats ont été commis pour la défense. Les «terroristes»
étaient coupables d’avance. Silence gêné en Occident. Quand on pense qu’un
condamné palestinien en Israël emplit des dizaines de pages dans les tabloïds
étrangers !
Ce n’est pas nouveau que les Chiites soient visés mais
ils occupent une région stratégique dans la province orientale d’Arabie, riche
en pétrole, et ils sont soutenus par l’Iran, connu pour sa capacité de nuisance. Ils
avaient déjà exprimé leur colère en 2014 dans des manifestations inspirés par le Printemps
arabe mais la dissidence est rarement tolérée dans la monarchie conservatrice. Des militants de la minorité chiite risquaient même leur vie pour
manifester contre la monarchie. Cette province abrite la plupart des musulmans chiites
d'Arabie, moins de 15% de la population, qui souffrent de discrimination
sectaire. Plus d’une vingtaine d’hommes avaient été tués et des centaines d’emprisonnés
croupissent toujours dans les geôles saoudiennes.
Manifestation de chiites soaudiens |
Ces chiites vivent au-dessus des champs de pétrole qui
inondent le monde entier mais ils ne voient rien sinon la pauvreté, la faim et
l’absence de liberté politique. La population a eu le courage d’organiser un
soulèvement pour réclamer la libération
de leurs prisonniers politiques mais la mort était au bout du chemin pour
certains. Ces chiites sont alors soumis à une punition de masse qui n’est jamais très saine dans un pays
féodal où le pouvoir judiciaire est soumis au pouvoir politique absolu.
Waleed Abual-Khair |
Les
procès secrets se passent à huit clos et parfois quelques aveux obtenus sous la
torture sont médiatisés pour faire bonne mesure ; mais la crédibilité du
système judiciaire est en cause. La liberté d’opinion n’existe pas et pour
preuve la mise en prison de l'avocat Waleed Abual-Khair, condamné le 6 juillet
2014 à quinze ans de prison par une cour criminelle spéciale et de la militante
des droits des femmes Loujain al-Hathloul. Ils attendent en prison leur sort.
Loujain al-Hathloul |
La justice facilite en fait le travail du roi Salman en accusant les
prisonniers de terrorisme puisque, dans ce cas seulement, il signe
automatiquement les condamnations à la peine capitale. Tout critique de cette
mesure est alors considérée comme de la sympathie avec le terrorisme. Les Chiites saoudiens sont toujours accusés de loyauté
envers l’Iran et restent donc toujours marginalisés et exclus.
Les Saoudiens se justifient auprès de leurs alliés en insistant sur la
nécessité d’une poigne de fer pour mettre fin au terrorisme et surtout pour
être l’avant-garde contre Daesh. Ils se sentent libres puisqu’ils ont reçu de
Donald Trump la mission de contenir l’Iran. Donc l’exécution en masse de
Chiites entre dans ce cadre là. Mais ce qui est aussi étonnant est le silence
des Iraniens face aux meurtres de leurs coreligionnaires. On se souvient que l’assassinat du cheikh
Nimr Al-Nimr en 2016 avait entraîné une attaque contre l’ambassade saoudienne à
Téhéran.
Nimr al-Nimr |
Ces dernières exécutions, qui portent atteinte à la coexistence pacifique
entre communautés, représentent un message à destination de l’Iran pour lui
signifier d’éviter de provoquer un soulèvement chiite en Arabie. La peine de
mort fait partie de la justice islamique et de la charia. Elle ne peut être
abolie.
Au nom de la religion, l’Arabie
saoudite s’octroie ainsi le droit de prendre la vie de ses propres citoyens
sans que quiconque en Occident ne lève le petit doigt pour mettre fin à la
barbarie des décapitations. Mais pour cela il faut oser hausser le ton avec
l’Arabie malgré ses pétrodollars. L’alliée, l’amie de l’Occident et même
d’Israël, devrait revenir à des méthodes moins barbares. Le sabre ne devrait
être réservé qu‘à la parade.
1 commentaire:
È terribile che non si senta volare una moscavsui giornali e sui media,mi vergogno di essere Europea!!!
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