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dimanche 23 juillet 2017

La sécurité et l'avenir des implantations en question



LA SÉCURITÉ ET L’AVENIR DES IMPLANTATIONS EN QUESTION

Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps

            
Masssacre d'Halamish (Photo Tsahal)
          Après l’assassinat de trois personnes dans l’implantation d’Halamish, le 21 juillet 2017, la question se pose sur la sécurité des implantations. Après les larmes et le deuil, on ne peut pas balayer d’un revers de main deux questions fondamentales : l’intérêt d’implantations au milieu de nulle part, dans un environnement arabe hostile, et la protection d’implantations isolées. Leurs habitants donnent l’impression de ne pas être sensibles aux risques encourus. 



Mitraillette artisanale de Djénine
          Or la situation a évolué. Les jeunes palestiniens se radicalisent de plus en plus et ne suivent plus les conseils de leurs aînés. Ils disposent d’armes fabriquées localement dans les villages, avec des moyens de fortune, et ils sont influencés par les prêches d’imams radicaux, à Jérusalem même.
            L’éparpillement des blocs a été analysé par les experts sécuritaires israéliens qui recommandent dorénavant d’en limiter le développement afin d’assurer une défense efficace. Ils prônent le regroupement autour des implantations majeures. D’ailleurs l’Institut d’études sur la sécurité nationale recommande ce choix à Israël pour faciliter le projet américain de Donald Trump de créer un État palestinien. Selon Amos Yadlin, directeur de l’institut : «Israël doit saisir la chance de l’arrivée d’une nouvelle administration américaine avec une nouvelle approche pour promouvoir le remodelage indépendant de ses frontières, même si les Palestiniens s’en tiennent encore à leur position extrême». Cela rejoint d’ailleurs le projet du ministre de la défense Avigdor Lieberman qui veut créer à présent une entité palestinienne autonome et garder les trois grands blocs principaux.
Amos Yadlin

            Des lacunes existent certainement dans la sécurité, d’autres parleront d’une trop grande assurance de la part des habitants qui négligent le minimum sécuritaire. On s’étonne ainsi qu’à plusieurs reprises, des terroristes puissent s’introduire en toute liberté dans une implantation perdue au centre de la Cisjordanie, que les habitants laissent leur porte ouverte à tout va, qu’aucune alerte n’a été déclenchée après l’intrusion et que les gardes n’ont pas détecté l’infiltration d’un étranger. Halamish a eu la chance d’avoir un soldat armé, en permission, pour assurer la défense de la famille sans quoi les enfants des victimes auraient subi eux-aussi une mort atroce.
Massacre Itamar 2011

            De nombreux cas similaires ont eu lieu avec la même constance.  À Itamar, près de Naplouse le 11 mars 2011, cinq membres d'une même famille ont été poignardés à mort pendant leur sommeil, le père, la mère et trois de leurs six enfants, le dernier à peine âgé de trois mois. En octobre 2015, deux Israéliens ont été tués par balles, alors qu'ils circulaient en voiture avec leurs quatre enfants près d'Elon Moré.  En juin 2016, une fillette de 13 ans a été assassinée à coups de couteau par un agresseur palestinien, à Kyriat Arba près de Hébron, après avoir franchi la clôture. Le tueur a pénétré dans la maison de Hallel Yaffa Ariel qui y dormait seule. Poignardée une dizaine de fois dans son lit, elle a été transportée dans un état critique dans un hôpital de Jérusalem où elle est décédée. Enfin le 17 janvier 2016, Daphna Meir, infirmière de 38 ans, a été tuée chez elle à coups de couteau par un terroriste qui était entré chez elle, dans la localité d’Otniel au sud d’Hébron.  Il ne s’agit donc pas d’un incident isolé mais d’événements répétitifs qui démontrent que les bonnes mesures n’ont pas été prises.
Plan Alon 1967

            La création d’implantations ne procède plus d’un besoin sécuritaire mais d’une volonté messianique. L’histoire des implantations date du lendemain de la Guerre des Six-Jours. Yigal Alon, ancien général et conseiller du gouvernement travailliste de 1967 à 1977, avait présenté son plan fondamental dont l’objectif consistait à conserver des frontières sûres pour Israël. Sa stratégie territoriale reposait sur des considérations uniquement militaires, sans aucune référence historique ou biblique. Il voulait garder dans la vallée du Jourdain, une bande frontalière de 12 à 15 km, armée et occupée par des Juifs pour contrôler les frontières avec la Jordanie et l’Irak. Quelques parties des montagnes de Samarie au Nord, et du désert de Judée au Sud, dépeuplées d’Arabes, jugées stratégiques, devaient aussi accueillir des implantations sécuritaires. Il fit une exception en cédant à des considérations historiques, sous la pression de groupes religieux, en acceptant d’étendre la zone israélienne jusqu’à Hébron, la cité des Patriarches, abritant le tombeau d’Abraham. Ainsi, en 1968, Kyriat Arba était créée à l’Est de la ville.
            Un premier tournant a lieu après la guerre du Kippour d’octobre 1973, lorsque les Travaillistes ont accepté des implantations dans des territoires densément peuplés. En fait, au sein des sionistes, un changement politique est intervenu. Les Juifs religieux, jusqu’alors opposés au sionisme, se sont convertis au sionisme actif pour décréter que les Juifs doivent s’installer dans toute la Cisjordanie suite à la promesse faite par Dieu. Des groupes de pression se forment dont le plus important, le Goush Emounim (Bloc de la foi), créé en 1974, incite les Israéliens à venir s’installer en Cisjordanie, uniquement par devoir religieux. La religion a pris le pas sur le sionisme. Ainsi, Ofra au Nord de Ramallah et Kfar Kaddoum près de Naplouse ont été respectivement créés en mai 1975 et en novembre 1975, sans aucun justificatif des forces de défense d’Israël.
Les implantations de 1977 à 1989

            L’arrivée au pouvoir de la droite en 1977 avec Menahem Begin, a encore accentué la stratégie. Le Likoud décida de garder les «territoires récupérés» et non plus «occupés» pour constituer le «Grand-Israël» auquel d'ailleurs Lieberman ne se revendique plus. La création des implantations change de nature en passant d’un besoin de sécurité à «une volonté de peuplement, de judaïsation des territoires conquis».
Assassinats d'Halamish (photo Tsahal)

            Les choses ont depuis changé. Les Palestiniens sont soutenus par les Occidentaux et leurs forces de sécurité disposent d’un armement légal, qui change de camp parfois. De nombreuses armes entre illégalement en Cisjordanie tandis que de nouvelles petites usines voient le jour pour construire des mitraillettes artisanales. Ces faits prouvent que la question des implantations isolées exige de nouvelles méthodes sécuritaires qui mobilisent des forces militaires de plus en plus nombreuses. Par ailleurs, pour éviter une situation de western, les civils israéliens ont été désarmés et seuls les officiers de réserve gardent le droit de porter une arme ce qui ne facilite pas la défense des civils alors que les méthodes des terroristes évoluent aussi. L’éparpillement des points d’implantation rend difficile leur protection militaire. Tsahal est conscient de ces lacunes et prône le regroupement des petites entités autour des grands blocs; or les implantations sauvages se développent de plus en plus.
            Les implantations sont devenues un enjeu politique et même économique. Il s’agit d’abord d’y placer le maximum d’immigrés et même d’Israéliens pour assurer leur survie et leur extension afin de bloquer toute solution de restitution, même partielle, de la Cisjordanie. La droite nationaliste utilise les implantations comme moyen de pression contre le gouvernement et contre sa politique économique. L’augmentation de prix de l’immobilier dans les villes est telle que les Israéliens n’ont plus d’autres solutions que de s’installer au-delà de la ligne verte, à un coût dix fois inférieur. Il est possible en effet de se loger dans un quatre pièces tout confort pour à peine 100.000 dollars.   
Cisjordanie zones A B C et les nombreuses implantations

            La multiplication des implantations a morcelé la Cisjordanie. En septembre 1995, l’accord de Taba l'a divisée en trois zones. La zone A (20% du territoire, 55% de la population cisjordanienne) sous contrôle palestinien. La zone B (28% du territoire, 41% de la population) où l’Autorité palestinienne y possède les pouvoirs civils, et Israël les pouvoirs en matière de sécurité. Enfin la zone C (62% du territoire, 4% de la population) sous contrôle exclusif israélien, englobe l’essentiel des implantations juives. Il devient de plus en plus difficile d’assurer la sécurité de toutes les implantations ce qui explique les nombreux meurtres qui y sont perpétrés.


            Israël doit donc faire face à un choix pour l’avenir ; soit idéologique en maintenant l’existence d’implantations qui n’entrent plus dans le programme sécuritaire du pays ; soit pragmatique en démantelant les petites entités pour les regrouper autour des trois grands blocs. C'est l'option de Lieberman qui a beaucoup évolué sur la question et qu'il compte appliquer s'il arrive au pouvoir. La séparation avec les Palestiniens, dans le cadre d'un Etat palestinien, reste la seule solution viable souhaitée d'ailleurs par les Occidentaux. Laissons à l'ancien ambassadeur Arie Avidor le soin de conclure : «Il faut lutter contre le terrorisme sans pour autant danser sur les flaques de sang».

7 commentaires:

2 nids a dit…

Pourquoi en 1967 Israel n'a pas fait évacuer les arabes soit vers la Jordanie, ou bien l'Egypte..?
il faudrait d'énorme moyen militaire,certe, mais ne serait ce pas la meilleure solution pour avoir enfin la paix en Israel..?
Les arabes palestiniens sont continuellement subventionnés pour vivre, donc autant qu'ils rentrent en Jordanie.. il me semble...
Je reconnais que c'est un peu simpliste vue de la "cambrouse" française et que la situation sur place est certainement très compliquée mais je ne vois pas de solutions à deux Etats, c'est même impensable...Israel est Un..je ne tomberai pas dans le coté fanatique ultra orthodoxe mais il est difficile d'imaginer de pouvoir vivre avec des gens qui n'acceptent pas la démocratie, une base élémentaire pour vivre en bonne intelligence ( même si cette dernière peut être manipulée...)
Sabbat Shalom Mr Jacques...

Abraham a dit…

Le problème des implantations la confiance qu'ont ceux qui s'intallent dans cet enrironnement hostile. Il faudrait orgabiser des siminaires pour leur apprendre la méfiance pour sécuriser leur famille.

2 nids a dit…

ce ne devrait pas être un problème Abraham, le peuple Juif doit pouvoir s'installer sur sa terre mais attention "il faudrait et y a qu'a" es ce que c'est la solution..?
Je pense qu'il serait normal que l'armée américaine soit sur place, au coté d'Israel pour évacuer les indésirables...
Après tout, ils nous doivent bien ce coup de mains, eux qui, par l'intermédiaire de Monsanto, ont fourni du ziklon B jusqu'en 1943 aux nazis...ZAKHOR, AL TICHKAH !

François GUTHMANN a dit…

En attendant se repose, pour la énième fois, la sécurité de ces implantations. L'inconscience de ces מתנחלים fait frémir. Et ce n'est pas nouveau. Dès les années 70 & 80 lors de mes fréquentes incursions professionnelles dans les territoires j'avais déjà observé ce type d'attitude. Et déjà, aux questions que je pouvais poser sur leur fait que les maisons n'étaient, par exemple, jamais fermées à clefs et sur le manque de clôtures fiables (alors qu'à l’époque tous les kibbutzims de ce côté-ci de la ligne verte en étaient abondamment pourvus) c'est l'insouciance qui prédominait, leur croyance dans leur bon droit de s'installer dans cette région désignée par le Tanakh, et leur croyance en l’Éternel...

Marianne ARNAUD a dit…

Cher monsieur Benillouche,

Pourquoi cette lecture, m'a remis en mémoire ce magnifique article de Joseph Castano intitulé : ET ILS PARTIRENT POUR LA TERRE PROMISE ?

http://jeanyvesthorrignac.fr/wa_files/ET_20ILS_20PARTIRENT_20VERS_20LA_20TERRE_20PROMISE.pdf

Évidemment il n'y est question que des Pieds-Noirs, pourtant je ne peux m'empêcher d'y voir une analogie avec Israël.
Sans doute que sous la pression des "Occidentaux", vous finirez par avoir vos deux états.
Sera-ce la paix pour autant, pour le peuple juif ? Je l'espère, mais je ne peux y croire.

Très cordialement.

Trumpeldor a dit…

Israel ne survivra pas sans la Judee Samarie:

-Le controle de la La vallee du Jourdain est indispensable contre les flux d'armes entre Jordanie et Israel
-Detenir La "ligne des cretes" : l'ensemble des sommets des Monts de Judee et Samarie qui sont des observatoiret des obstacles naturels a toute invasions(raison pour laquelle beaucoup de villages sont sur ces sommets avec des noms commencant par pisgah...)
-Proximite immediate de l'ex ligne verte avec notre seul aeroport international: inutile de preciser la menace de missiles portables contre las avions civils qui effectuent un virage a hauteur de l'autoraute N01 ,a quelques encablures de Modiin Elit....
-La Taille de guepe d'Israel pre 67: 13 kms de largeur seulement a hauteur de Qualquilya...
- Outre la Thorah qui nous exhorte a nous répandre (Ufaratsa) sur TOUTE la Terre d'Israel,en Droit International , d'apres les conventions toujours valides et contraignantes de San Remo de 1920 ,le Peuple Juif et donc Israel est le seul proprietaire légitime entre la Mediterannee et le Jourdain !
Les arabes devraient dégager, nous y arriverons un jour: c'est inevitable .....

Avraham NATAF a dit…

Israël se trouve-il comme en 1947/48, le dos au mur; c’étaient les kibboutsim (ou colonies) qui avaient reçu le choc, tenu le coup en attendant que l’arrière s'organise et prépare la victoire. Le soldat en permission avait bien bien pris la situation en main comme le feraient d'autres citoyens de ce pays