AHMADINEJAD N’A PLUS LA COTE EN IRAN
Par Jacques BENILLOUCHE
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Et
si Barack Obama avait raison en temporisant dans le problème du nucléaire
iranien ? Il avait demandé aux israéliens de patienter jusqu’à l’élection
présidentielle iranienne de 2013 qui se déroulera le 14 juin 2013.
Après
deux mandats consécutifs, Mahmoud Ahmadinejad ne peut plus se
représenter. Trois candidats sont actuellement sur les rangs. Dans les milieux
conservateurs, Ali Larijani, président du Parlement, et Saïd Jalili, secrétaire du Conseil
suprême de la sécurité nationale, ont fait connaitre leur intention de se
présenter. Le 11 avril 2013, Hassan Rohani, directeur du Centre pour la recherche stratégique et négociateur du
programme nucléaire avec les occidentaux, est entré dans la course.
Il
est certain qu’Ahmadinejad n’a plus la cote non seulement auprès du Guide
suprême Ali Khamenei, mais auprès de la population jusqu’à avoir du mal à imposer
son proche conseiller Esfandiar Rahim-Mashaie pour le remplacer. Il n’arrive
plus à masquer l’échec de ses deux mandats ; la désaffection des iraniens
à son égard acte la mort de sa politique de fuite en avant au détriment d’un
programme économique visant à améliorer le niveau de vie de son peuple.
Cliquer sur le triangle noir pour voir la vidéo présentant un stade vide
La
preuve en a été donnée le 18 avril à l’occasion d’un meeting au stade Azadi de
Téhéran. Sur les 100.000 personnes qu’il escomptait, seule une moitié s’est
dérangée dans un stade donnant une impression de vide comme l’attestent les
photos et les vidéos pirates. Pourtant il n’avait pas ménagé les moyens publics
en organisant des transports de bus jusqu’à 1.000 kms à la ronde. Devant cet
échec éloquent, son conseiller a boudé la réunion et a préféré s’éclipser
plutôt que de subir au grand jour une déconvenue qui atteste qu’Ahmadinejad n’avait plus la popularité des
premiers beaux jours.
S’il
s’était fait connaitre auprès de l’occident par ses propos bellicistes et sa
volonté de doter l’Iran de l’arme nucléaire, il ne peut en revanche cacher la
situation dramatique de son économie. Les organisations locales n’hésitent plus
à fustiger cet échec tandis que la première chaine de télévision a lancé une
attaque en règle contre la falsification du bilan économique de l’ère
Ahmadinejad.
Économie en berne
En
effet, le 14 avril, l’économiste Massoud Nili, réputé sur le plan international et professeur à l’université
Sharif de Téhéran, a mis en doute les chiffres économiques publiés par le
gouvernement qui prétend avoir créé 600.000 emplois par an depuis son arrivée
au pouvoir en 2005 alors que le chiffre certifié est de 14.000. Il prévoit d’ailleurs que «le pays serait
confronté à une vague de chômeurs diplômés dans les prochaines années». En
soutien à Massoud Nili, la Banque Centrale iranienne a publié un rapport qui
contredit les chiffres du président ; en particulier la croissance ne serait
que de 5,8% au lieu des 10% annoncés.
Ahmadinejad
persiste à nier l’influence des sanctions imposées par l’occident sur la
situation économique du pays. Il appuie son raisonnement sur les progrès
nucléaires réalisés représentant
cependant un gouffre économique après tous les aléas techniques.
Il
a entrainé dans sa chute son dauphin qui semble avoir choisi la mauvaise carte.
Le Conseil des gardiens de la révolution n’acceptera certainement pas de
valider la candidature du bras droit d’Ahmadinejad sous le prétexte de prises
de position considérées comme peu orthodoxes. Ainsi donc sa tentative d’échange
de postes à la manière Poutine-Medvedev tombe à l’eau. Le meeting dans le stade
Azadi, préparé par un déploiement d’affiches dans tout le pays devait être
l’occasion de dévoiler le nom de son candidat. Il n’a pas réussi à atteindre
ses espérances et la réunion a été une péripétie stérile de plus. Il est vrai
que le public a été dissuadé d’assister par Ahmadi-Moghaddam, chef de la police
iranienne, qui s'était opposé en vain à la tenue du meeting.
Chef de la police |
Ahmadinejad
a tout raté dans cette opération séduction. Le 12 avril, à l’occasion d’un
voyage officiel dans la province de Semnan, il avait suscité les critiques
acerbes de ses opposants qui n’avaient pas accepté qu’il offre en public un
drapeau iranien à son conseiller et dauphin Esfandiar Rahim-Mashaie. Les
conservateurs, qui y avaient vu une volonté de mépris à l’égard du clergé, ont
interprété ce geste comme un moyen de leur forcer la main pour le choix du
candidat.
Ahmadinejad et son dauphin Esfandiar Rahim-Mashaie |
Le secours de l’Afrique
Mais
il compte sur sa tournée africaine pour redorer son blason. Sa visite au Benin
et au Ghana entre dans le cadre de la signature de «différents protocoles
d’accord dans les domaines de l’énergie, du commerce, de la culture, du
tourisme et de la santé». Mais il en est autrement pour celle du Niger car
ce pays est le quatrième producteur mondial d’uranium. Cette étape donne ainsi la
certitude qu’Ahmadinejad maintient son cap pour le développement de son
activité nucléaire et dissimule un volet militaire sous couvert d’activités
nucléaires civiles.
Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’uranium du Niger, pays sans débouché maritime, est exporté via des ports béninois essentiellement vers la France, et peut-être vers l'Iran. Le ministre nigérien des Affaires étrangères s’était rendu en visite à Téhéran en février afin de discuter avec l’Iran de ses besoins d’uranium pour développer son programme nucléaire alors qu’il est sous le coup d’une série de sanctions économiques des occidentaux. Il y a quelques jours, les États-Unis s’étaient montrés «très inquiets» de l’inauguration de deux mines et d’un complexe de production d’uranium en Iran alors que les discussions sur le programme nucléaire de Téhéran sont dans l’impasse.
Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’uranium du Niger, pays sans débouché maritime, est exporté via des ports béninois essentiellement vers la France, et peut-être vers l'Iran. Le ministre nigérien des Affaires étrangères s’était rendu en visite à Téhéran en février afin de discuter avec l’Iran de ses besoins d’uranium pour développer son programme nucléaire alors qu’il est sous le coup d’une série de sanctions économiques des occidentaux. Il y a quelques jours, les États-Unis s’étaient montrés «très inquiets» de l’inauguration de deux mines et d’un complexe de production d’uranium en Iran alors que les discussions sur le programme nucléaire de Téhéran sont dans l’impasse.
Or, sachant que le salut ne viendra pas de
l’occident, Ahmadinejad a décidé de se tourner vers les pays africains, ceux en
particulier qui veulent s’affranchir de la tutelle occidentale. Mais il a noyé
dans des aspects économiques le véritable but de son voyage au Niger qui illustre bien sa volonté de doter
l’Iran de l’arme nucléaire.
Il pourrait certes être remplacé en juin 2013 par un président plus pragmatique recherchant l’amélioration des conditions de vie de son peuple plutôt que le gaspillage des fonds dans une entreprise de mort hypothéquant l’avenir du pays mais, il n’est pas certain qu’un nouveau président décidera d’un virage dans la politique nucléaire car l’Iran a beaucoup investi dans ses usines nucléaires..
Il pourrait certes être remplacé en juin 2013 par un président plus pragmatique recherchant l’amélioration des conditions de vie de son peuple plutôt que le gaspillage des fonds dans une entreprise de mort hypothéquant l’avenir du pays mais, il n’est pas certain qu’un nouveau président décidera d’un virage dans la politique nucléaire car l’Iran a beaucoup investi dans ses usines nucléaires..
C'est pourquoi Israël
ne croit pas beaucoup aux prévisions optimistes de Barack Obama qui mise sur une évolution politique en Iran. Cependant, les
américains espèrent au moins un changement de dialectique après le départ d'Ahmadinejad.
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