Le premier accord
de coalition signé par Benjamin Netanyahou l’a été avec Tsipi Livni et il constitue un véritable symbole. Dans
un de nos articles en date du 9 février * faisant état d’indiscrétions de
l’entourage de Hatnoua, la participation de Livni était déjà envisagée bien que
certains observateurs israéliens, très sceptiques, raillaient cette information
du domaine de l’improbable ou de l'inconcevable.
Problème palestinien
En fait, en choisissant la femme
politique qui l’a le plus critiqué sur le dossier palestinien, le premier
ministre veut afficher sa volonté de raviver le processus de paix moribond au
cours de sa nouvelle mandature. En effet elle avait contesté la réponse de Netanayahou à
Obama qui avait affirmé : «Israël agit contre ses propres intérêts. Elle
avait insisté sur l'importance des liens qui unissent Israël aux États-Unis : «vous
pouvez aimer ou ne pas aimer le président américain, mais il est important pour
nous et il fait partie de nos capacités de dissuasion». Netanyahou veut aussi
rassurer Yaïr Lapid qui avait martelé au cours de la campagne qu’il ne
participerait qu’à un gouvernement qui relancerait le dialogue avec les
palestiniens. La présence de Tsipi Livni sera ainsi sa caution.
A l’instar de Shimon Pérès, Tsipi Livni est plus appréciée à
l’étranger que dans son pays et elle pourrait retisser les liens distendus avec
les palestiniens et avec certains pays arabes, le Qatar en particulier, avec
qui elle entretient des relations cordiales. Elle avait reçu à Jérusalem en
visite secrète l’émir du Qatar Sheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani pour l’informer
de l'importance de son rôle dans les discussions entre les arabes et Israël. Le
Qatar et Israël ont une convergence de points de vue au sujet du programme
nucléaire de l'Iran. Doha a systématiquement soutenu Israël contre l'Iran et
pourrait l’aider dans le cas d'une attaque militaire contre les installations
nucléaires iraniennes. Livni, en tant que premier ministre d'Israël, avait rendu
de fréquentes visites au Qatar. Par ailleurs, en 2009, elle avait œuvré pour le rapprochement
israélo-marocain en se rendant à Tanger sur l’invitation d’un Think tank
local qui l’avait ovationnée dans la salle de réunion.
Sa présence dans la coalition permettra aussi de contrebalancer le
poids de l’aile droite du Likoud et celui éventuel de Habayit Hayehudi, le
Foyer Juif de Naftali Bennett. Compte tenu du manque d’expérience des
élus des listes Lapid et Bennett,
Netanyahou avait besoin d’une compétence exceptionnelle pour traiter les dossiers sensibles. On voit mal quelle
personnalité de droite pourrait diriger des négociations tendues, sans les
saboter par conviction.
Face à Obama
Tsipi Livni pourrait raviver la crédibilité de la diplomatie
israélienne et constituer un symbole à l’occasion de la visite à Jérusalem de
Barack Obama qui a l’intention, en effet,
de mettre son deuxième mandat sous le signe de la résolution du conflit
israélo-palestinien. Sa présence aux côtés de Netanyahou donnera du poids au
gouvernement israélien qui montrera un front uni face aux américains. Le
premier ministre israélien tient à lui opposer une diplomate chevronnée qui le
mettra en confiance car elle avait été la seule dirigeante politique
israélienne à appuyer Barack Obama au moment des élections américaines.
En effet elle s’était rendue en voyage aux États-Unis en septembre
2012 et avait fait certaines confidences à son retour : «Je rentre des États-Unis
avec l’impression que si Barack Obama est réélu en novembre, il frappera les
installations nucléaires de l’Iran, car il n’aura plus rien à perdre, ce sera
son deuxième et dernier mandat. Tandis que si c’est Romney qui gagne, il ne
pourra pas commencer son mandat de président des États-Unis par une guerre».
Exit le Shass
Dirigeants du Shass |
Par ailleurs, il est fort probable
que cet accord scellera la mise à l’écart du parti Shass, orthodoxes séfarades,
pour lequel Livni n’a aucune sympathie puisqu’il s’était opposé à sa désignation
comme premier ministre en 2009 alors qu’elle était arrivée en tête des
élections. Il est fort probable que le Shass a fait l’objet des conditions de l’entrée
de Hatnoua dans la coalition gouvernementale ce qui réjouit à la fois les clans Lapid et Bennett qui semblent vouloir mettre leur veto à son entrée
au gouvernement à moins qu'il ne réduise à néant ses prétentions disproportionnées.
La nomination de Tsipi Livni va
débloquer la constitution du gouvernement qui a jusqu’à la fin du mois pour
présenter la liste des ministres sauf à demander un délai supplémentaires de
deux fois sept jours. Les autres partis réticents jusqu’alors, comme Habayit Hayehudi,
ont intégré l’idée qu’ils ne peuvent plus s’opposer à l’idée de négociations de
paix avec les palestiniens et qu’ils n’intègreront la coalition que par
nécessité pour faire partie d'un
gouvernent stable
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