LE FRONT NATIONAL SE BANALISE
Par Gérard AKOUN
Judaïques FM
Le
baromètre annuel d’image du Front
national réalisé par TNS-Sofres pour le Monde, France info et Canal+ montre que
ce parti se banalise et que plus d’un tiers des français adhèrent à ses idées.
Marine Le Pen recueille ainsi les fruits de la politique qu’elle pratique depuis son élection à la présidence
du parti. Elle s’est efforcée de sortir
le Front national du ghetto dans lequel son père l’avait enfermé, de le
dédiaboliser.
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Loin
du père fondateur
Elle
s’est démarquée du discours négationniste de son père, de son antisémitisme, de
ses mauvais calembours. Elle s’est affranchie de son père et de sa vieille
garde qui sentait le souffre, pour s’entourer d’une équipe rajeunie, avec
laquelle elle essaie de se débarrasser de l’étiquette familiale facho
raciste qui lui colle à la peau. Cela semble lui avoir réussi puisque la candidate «Bleue Marine» est arrivée en troisième position dans la
dernière élection présidentielle. Les fondamentaux du Front national n’ont pas,
pour autant, changé même si Marine Le Pen a mis en avant dans sa campagne des
propositions économiques et monétaires, ce sont toujours la sécurité,
l’immigration, la préférence nationale. Alors où se situe le changement ?
Jean Marie Le Pen se contentait du rôle de batteur d’estrade, dans lequel il
excellait, mais il ne souhaitait absolument pas accéder au pouvoir alors que la
fille s’y prépare ; elle veut faire
du FN un parti de gouvernement. Elle se rapproche de son objectif.
47%
des personnes interrogées estiment que le Front National «ne constitue pas un danger pour la
démocratie», ils sont 54% chez les sympathisants de l’UMP et les mêmes
considèrent que Marine Le Pen représente «une
droite patriote attachée aux valeurs traditionnelles», 35% des sondés
considèrent qu’elle est capable de gouverner. Il est à craindre que les
barrières érigées par l’UMP pour éviter tout accord électoral avec l’extrême droite aient du mal à résister,
lors des prochaines élections municipales en 2014, dans la mesure où le FN
serait perçu par les sympathisants de droite comme un élément constitutif de cette droite.
Repli
de l’opinion
Mais
il ne faudrait pas mettre cette banalisation du FN uniquement au crédit de
Marine Le Pen, elle profite de ce que constate un sondage Ipsos pour le
Monde, le Cevipof, la Fondation Jean Jaurès paru il y a quelques jours : «un profond repli de l’opinion qui se
caractérise par une très forte défiance à l’égard du monde extérieur et
d’autrui». Ce sondage s’intitule: France 2013 : les nouvelles fractures.
Pour 78% des personnes interrogées «on
n’est jamais trop prudent quand on a affaire aux autres», pour 62% des
français «la plupart des hommes et des
femmes politiques sont corrompus» quant aux journalistes, ils font mal leur
travail pour 58% et ne parlent pas des vrais problèmes des français pour 72%. Une très forte majorité, (87%) «a besoin d’un vrai chef pour
remettre de l’ordre», la montée
du populisme devient une vraie
menace dans un pays en crise à partir du
moment où le peuple se cherche un
sauveur… n’est pas le Général de Gaulle qui veut.
On
n’en est pas encore là. Mais il faut prendre garde. Des fractures, qui ne sont
pas nouvelles, s’approfondissent ; la xénophobie : 70% des français
considèrent «qu’il y a trop
d’étrangers en France», ou le rejet de l’islam. Pour 74% des français, la
religion musulmane n’est pas tolérante et pas compatible avec les valeurs de la
société française ; pour la religion
catholique les chiffres sont
respectivement de 28% et 11%, et pour la religion juive de 34% et 25%. Ces chiffres sont inquiétants, car ils
remettent en cause, le vivre ensemble dans la société française. Certains juifs
ont eu du mal à trouver l’équilibre entre le respect de leurs obligations
religieuses et la vie dans une société laïque, mais ils y sont parvenus. Les musulmans
devront en faire autant, s’ils veulent rassurer les français de bonne foi qui s’angoissent. Ces deux sondages, rendus publics à quelques
jours d’intervalle, constituent un avertissement, pour le gouvernement et pour
le président Hollande, ces fractures ne se refermeront pas par une victoire au
Mali mais par une victoire en France remportée sur le chômage et la précarité.
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