BIZARRE ? NON
Par
Gérard AKOUN
Judaïques FM
Israël
a critiqué la visite effectuée par l’émir du Qatar, Hamad ben Khalifa al-Thani,
dans la bande de Gaza en la qualifiant de
«bizarre» et s’est étonné de voir l’émir du Qatar prendre le parti du Hamas
contre l’Autorité palestinienne. Le porte parole du ministère des Affaires
étrangères Ygal Palmor en a conclu, je
cite «l’émir a ainsi choisi son camp
et ce n’est pas le bon».
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Tapis
rouge
Cette
visite, pour laquelle le Hamas a déroulé
le tapis rouge, a constitué pour Mahmoud Abbas un véritable camouflet, et pour
l’organisation terroriste un succès incontestable. Ismail Hanyeh a pu ainsi
souligner que l’entrée à Gaza de l’Emir du Qatar, à partir de l’Égypte,
marquait la fin du blocus économique et politique. C’est excessif bien sur,
mais cette déclaration souligne la
nouvelle allégeance du Hamas, qui n’a rien de surprenante. Faut-il rappeler que ses dirigeants sont des
sunnites, des Frères musulmans qui ont
fait leurs classes en Égypte, que ce pays frontalier de Gaza est maintenant dirigé par les Frères
musulmans, si bien que le Hamas n’est plus obligé d’être affidé à la Syrie
comme à l’époque de Moubarak.
Cette subordination à Damas, dirigée par une
minorité chiite, les alaouites, fidèles
alliés de l’Iran, n’était que de
circonstance. La guerre civile en Syrie, les massacres de civils sunnites
perpétrés sous les ordres de Bachar el Assad, la solidarité exprimée par les habitants de Gaza à l’égard
des rebelles syriens ont provoqué la
rupture. Les responsables du Hamas ont quitté plus ou moins discrètement la
Syrie et leur principal leader à l’étranger Khaled Meshal réside maintenant à
Doha, la capitale du Qatar.
Le
Qatar, situé entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, petit par sa surface et par le
nombre de ses habitants, est immensément riche par son pétrole et son gaz. Son
chef, l’émir Hamad Ben Khalifa al-Thani veut jouer, dans la cour des grands, il
possède une fortune colossale qu’il investit en Europe, aux Etats Unis, il
s’est doté d’un important outil de diffusion et donc d’influence, la chaine de
télévision Al Jazeera, la «CNN du Moyen Orient». Il a soutenu les révolutions arabes, les élans démocratiques
en Tunisie, en Egypte, en Lybie, aujourd’hui en Syrie, en finançant, en armant,
si nécessaire, les rébellions, et en leur sein les Frères musulmans, en
particulier. Il a popularisé ces luttes dans tout le monde arabe avec Al Jazeera, en provoquant
ainsi, certains le pensent, un effet
d’entrainement, mais aussi en confortant l’hégémonie des Frères musulmans au
sein de ces mouvements.
Qatar
islamique
L’émir
du Qatar, qui soutient les révolutions
arabes, ne tolère aucun mouvement de contestation chez lui, sa télévision
ne traite aucun sujet de politique intérieure, la démocratie brille par son
absence sur son territoire. C’est un État islamiste qui a la particularité
d’être allié aux américains, aux français, qui a sur son sol des bases
étrangères, mais qui est fortement soupçonné de soutenir financièrement,
au-delà du Moyen-Orient, les mouvements djihadistes en Afrique, en particulier
au Sahel. Mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin, il voudrait aussi investir,
en France, dans les banlieues, où résident de nombreux musulmans.
La
visite à Gaza n’a rien de bizarre, pas plus
que l’affront infligé à Mahmoud
Abbas. L’émir du Qatar considère, que l’Autorité palestinienne est finie
politiquement, les israéliens y ont beaucoup aidé, que dans le Moyen-Orient les
islamistes ont le vent en poupe, que la Palestine, si Palestine il y a, sera
islamiste. Les quatre cent millions de
dollars qu’il va investir dans ce
minuscule territoire permettront de faire la différence avec une Autorité palestinienne
exsangue. La prochaine étape serait bien
sur la tenue d’élections démocratiques sur tout le territoire palestinien avec
une victoire des islamistes qui renforcerait l’influence du Qatar ; mais
la réussite d’un tel plan exige que le calme règne dans le territoire.
Heureusement, si l’on peut dire, les plans les mieux conçus ont peu de chance
d’aboutir avec les palestiniens, en raison de leurs divisions et de leur
extrémisme. L’émir reparti, des
centaines de roquettes tombent sur le sud d’Israël depuis trente six heures.
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