GUYSEN-TV TUNISIE-ISRAËL : PAS DE NORMALISATION
Par
Jacques BENILLOUCHE
Il est une constante dans les pays arabes, la Tunisie ne déroge pas à cette règle, qui consiste à détourner l’attention de la population sur les problèmes intérieurs en choisissant le consensus arabe du combat contre Israël. Les islamistes tunisiens avaient été discrets pendant la révolution, laissant faire le travail par les autres mais surtout laissant croire qu’ils ne s’intéressaient pas au pouvoir. Le mot d’ordre avait été donné aux militants et aux cadres d’Ennahda, aussi bien en Tunisie qu’à l’étranger, de garder un profil bas. Il s’agissait de ne pas effaroucher les tunisiens qui venaient de recouvrer leur liberté après des dizaines d’années de dictature totalitaire.
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Sionisme et judaïsme
Rached
Ghanouchi, chef du mouvement islamiste Ennahda, vainqueur des élections du 23
octobre 2011, a déclaré le 31 mars : «qu'il ne peut y avoir de
normalisation avec Israël. Le problème des tunisiens est avec le sionisme et
non avec le judaïsme». Selon lui, «le seul moyen permettant aux palestiniens
de récupérer leur terre est la victoire des régimes démocratiques dans le monde
arabe ». Le problème est qu’il n’y a pas beaucoup de régimes
démocratiques arabes dans le monde, sinon aucun.
Les
tunisiens persistent dans une position dogmatique alors que, proches des
occidentaux, ils n’ont tiré aucun profit en s’alignant sur les dictatures
arabes et sur les potentats féodaux. Pourtant la situation économique est
critique, le feu couve à la maison et le nouveau régime ignore le pragmatisme. La
Tunisie, qui déverse sur son marché chaque année 80.000 nouveaux diplômés des
universités qui rejoignent la cohorte des chômeurs, aurait tout à gagner de
l’expérience d’un jeune pays qui, en 60 ans, a rejoint l’élite de la haute
technologie. Mais la politique a pris le dessus au nom des principes éculés
découlant de la création de l’Etat d’Israël. La Jordanie et l’Egypte ont
maintenu leurs relations diplomatiques. Le Maroc se montre discret quant il s’agit
d’Israël car il tient à ses milliers d’israéliens qui le visitent et au
développement de ses affaires avec les entreprises américaines. Mais la Tunisie
veut être plus royaliste que le roi.
La
révolution a tué l’an dernier le tourisme en Tunisie alors que la seule
manifestation du pèlerinage de la Ghriba à Djerba déversait des milliers de
juifs venus de France, d’Israël et même du Canada. Ces déclarations d’un
islamiste, qualifié de «modéré», éloigneront cette année encore tous
ceux qui apportaient des devises précieuses au pays durant les grandes
vacances. Des
israéliens d’origine tunisienne qui avaient l’habitude de visiter le pays sans
entrave et sans visa ont été empêchés d’entrer en Tunisie le 30 mars, selon une
déclaration de Roger Bismuth, président de la communauté juive en Tunisie. Ces six
touristes ont été obligés de quitter le pays, après une nuit passée à
l’aéroport de Tunis-Carthage.
Les
nouveaux dirigeants n’ont pas compris qu’en attaquant Israël, ils attaquaient
tous les juifs du monde, sensibles à manifester leur solidarité. La Turquie avait
déjà fait les frais avec l’éloignement des américains des villages de vacances.
Les sociétés étrangères n’aiment pas les déclarations belliqueuses et s’inquiètent
des risques de conflit. Le silence et le calme les rassurent. Or 120 sociétés, liées à des
investisseurs occidentaux et juifs, ont quitté la Tunisie faisant passer le taux de chômage de
14 à 19%. Les hôtels tunisiens sont désertés par les touristes européens pour
une perte de chiffre d’affaires de 50%.
Inquiétude
américaine
Rached
Ghanouchi n’inquiète pas uniquement les israéliens mais les américains qui n’acceptent pas les attaques
contre leurs alliés. Les résultats se font d’ailleurs immédiatement sentir. Amel
Bouchmawi Hammami, présidente de la Chambre du commerce tuniso-américaine, a
déclaré que seules 77 entreprises américaines s’étaient installées en Tunisie
mais «malgré son importance et son employabilité (14.000 postes de travail),
ce nombre d’entreprises reste au dessous de nos ambitions et de nos efforts
comme il est très minimal par rapport au nombre des entreprises américaines
dans la région d’Afrique du nord et du Moyen-Orient».
Alors
que la crise sévit dramatiquement en Tunisie, le nouveau régime n’a pas
assimilé la stratégie des investisseurs occidentaux qui détestent les pays
instables politiquement et ceux qui défendent leurs dogmes avant les intérêts
de la population. Israël tend toujours les mains aux pays qui veulent le
reconnaitre et commercer avec lui. Contrairement aux Grands, c’est un petit
pays qui ne s’ingère pas dans la politique intérieure en échange de sa coopération
et il met ses techniques d’énergie renouvelable solaire ainsi que les
techniques d’arrosage à la disposition des pays émergents.
Mais
la Tunisie refuse de se compromettre avec Israël au nom de la solidarité avec
les palestiniens. Sa posture est peut-être digne mais certainement stérile. Elle
n’a en tout cas pas entendu le message du fondateur de la République, Habib
Bourguiba, qui avait une position iconoclaste sur le problème israélo-palestinien
et qui avait estimé que la "grande lutte" était d'abord la lutte économique comme il avait précisé
dans la vidéo suivante. Il avait mis l'accent sur l'éducation et il avait réussi puisque le nombre de diplômés est l'un des plus denses des pays arabes. La Tunisie aurait pu être la tête de pont d'une "silicon valley" nord-africaine avec une collaboration israélienne qui pouvait lui ouvrir les marchés américains. Elle préfère s'enfoncer dans un islamisme pur et dur et vouer aux gémonies l'Etat juif dans une attitude stérile.
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