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L'AZERBAÏDJAN ET ISRAËL
Jacques BENILLOUCHE au micro de David SEBBAN
Article publié sur Slate et Vidéo de Guysen-TV
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ARTICLE publié par Jacques BENILLOUCHE
le 28 juin 2010 sur Slate.fr
L'affaire de la flottille humanitaire vers Gaza,
et la Coupe du monde de football occultent les
informations alarmistes en provenance du Moyen-Orient et notamment d'Iran. Des
sources iraniennes font état d'une mobilisation au nord-ouest du pays, au bord
de la mer Caspienne, parce que le régime des Mollahs a peur de ce qui se trame
en Azerbaïdjan. Les Etats-Unis et Israël ont fait de cette ex République
soviétique un atout dans la guerre secrète
qu'ils mènent contre la République islamique iranienne et ses ambitions
nucléaires.
Antagonisme
Dans un précédent article,
nous avions souligné l'activisme du ministre israélien des Affaires étrangères,
Avigdor Lieberman, qui avait fait part, le
premier publiquement, de ses doutes sur la solidité de l'alliance turque
et dans ce contexte, il avait tenté de la combler par une ouverture vers les
pays du Caucase, l'Azerbaïdjan musulman en particulier. Cette région avait été
arrachée à l'Iran par la Russie tsariste, puis remodelée par les soviétiques
qui ont sécularisé sa population. Les dirigeants de l'Azerbaïdjan, comptant
parmi les élites politico-intellectuelles sensibles aux valeurs de l'occident, ont
été très inquiets de l'avènement du régime islamique en Iran. Les péripéties
nucléaires du régime ont rendu exécrables les relations entre ces deux pays. La
frontière commune, qui s'étend sur 560 kilomètres, est devenue une barrière
idéologique dont s'est servi Israël pour ouvrir de nouvelles alliances et un
nouveau front, réplique aux alliances de Téhéran avec le Hezbollah au Liban et
le Hamas à Gaza.
En réponse, le régime de Téhéran a envoyé ses meilleures troupes, les plus
fidèles, les Gardiens de la Révolution,
pour s'opposer, selon les dires iraniens, aux forces américaines et
israéliennes qui seraient concentrées à sa frontière nord. Il s'inquiète des
bases de l'Otan installées depuis janvier 1999. Depuis 2008 et la signature de
contrats d'armement israélien de plusieurs centaines de millions de dollars,
cet ancien satellite soviétique est totalement sous influence occidentale.
Israël dispose ainsi de facilités dans ce pays limitrophe de l'Iran lui
permettant d'avoir un œil électronique permanent sur tout ce qui s'y passe. Des
indiscrétions israéliennes permettent d'affirmer que des avions militaires de
l'Etat juif s'entraînent dans l'espace aérien de l'Azerbaïdjan pour tester la
réaction des systèmes de défense iraniens.
Contrer l'offensive
Le Brigadier-Général Mehdi Moini a annoncé le 22 juin qu'il avait pris des
mesures pour contrer «une attaque de forces conjointes américaines et
israéliennes basées en Azerbaïdjan, qui se prépareraient à lancer une offensive
contre des installations nucléaires sur le territoire iranien». Les
services de renseignement iraniens laissent entendre qu'Israël a transféré vers
l'Azerbaïdjan, via la Géorgie, autre nouvel allié de l'Etat juif, plusieurs
escadrilles de bombardiers tandis que des troupes spéciales américaines
viennent de s'installer à la frontière dans l'intention, selon eux, d'aider à
une éventuelle frappe.
Des témoins dignes de foi précisent que des convois iraniens de chars,
d'artillerie, d'unités anti-aériennes et d'infanterie ont été vus se dirigeant
sur les axes menant à la frontière nord. Les Iraniens prennent au sérieux Uzi
Arad, chef du Conseil israélien de sécurité nationale, qui a déclaré le 22 juin
que: «La dernière série de sanctions du Conseil de sécurité sur l'Iran est
insuffisante pour s'opposer à ses progrès nucléaires. Une attaque préventive
militaire pourrait donc éventuellement être nécessaire.»
Une présence physique israélienne à la frontière entre l'Iran et
l'Azerbaïdjan n'a jamais été reconnue officiellement, mais les services de
renseignement occidentaux attestent de l'augmentation du nombre de «conseillers
techniques militaires juifs». L'arrivée déjà annoncée du porte-avions
nucléaire américain USS Harry S. Truman dans le golfe Persique et la mer d'Oman
inquiète aussi les autorités de Téhéran. Ce porte-avions comprend même des
avions français, des Rafales, capables de missions anti-aériennes et d'attaque
au sol, sont embarqués sur le Harry S. Truman dans le cadre d'une collaboration
technique. Une armada de dix navires dont un israélien et un allemand, la
frégate FGS F221 Hessen, a par ailleurs traversé le Canal de Suez le 18 juin et
se trouve à présent dans le Golfe Persique.
Exercice aérien secret
Des sources du renseignement israélien révèlent que le porte-avions avait
mouillé au large des côtes sud-ouest d'Israël, du 6 au 10 juin, à des fins
prétendues d'interception d'éventuels tirs de missiles ou de roquettes contre
des cibles américaines ou israéliennes au Moyen-Orient. En fait, durant ces
cinq jours, 60 bombardiers super-Hornet F18 se sont exercés à simuler
des missions de bombardement contre des objectifs proposés par l'aviation
israélienne dans sa base Nevatim-2 en plein désert du Néguev. Cet exercice a
été doublé par une autre simulation des forces aériennes israéliennes qui ont
fait décoller 60 F-16 depuis des bases en Allemagne et en Roumanie pour tester
le ravitaillement en vol sur une longue distance.
Le président Obama avait donné ordre de garder secrète l'information sur
cet exercice aérien américano-israélien, baptisé Juniper Stallion 2010.
L'objectif de cet exercice de grande ampleur mettait en scène une simulation
d'une attaque de missiles en provenance d'Iran ou du Hezbollah en raison
d'informations nouvelles confirmant que l'arsenal opérationnel de missiles à
moyenne portée, détenus par l'Iran, la Syrie et le Hezbollah, a doublé. Ces
nouvelles données expliquent la mise en garde du Secrétaire à la Défense Robert
Gates devant le Sénat le 18 juin affirmant que «l'Iran pouvait lancer contre
l'Europe des missiles à court et moyen rayon d'action. Je pense que nous
n'accepterons pas l'idée d'un Iran nucléaire».
Craintes d'un soulèvement intérieur
Ces informations ont transpiré pour parvenir aux Iraniens qui ont déclenché
une alerte générale. Téhéran a par ailleurs décidé d'un coup de semonce à
destination des minorités vivant au nord du pays. L'exécution le 20 juin, d'Abdolmalek Rigi, chef de l'organisation
sunnite rebelle baloutche, a pour but de dissuader les autres minorités d'Iran,
en particulier les séparatistes azéris agissant en Iran, de tenter de fomenter
des troubles dans le pays avec l'aide de leurs frères en Azerbaïdjan.
Le lancement par les Israéliens du nouveau satellite espion Ofek-9, doté
d'une caméra de très haute résolution, signifie aussi pour les Iraniens que
l'armée israélienne accroît significativement ses possibilités de recueillir
des informations sur les infrastructures nucléaires et militaires du pays. Le
chef de l'agence spatiale israélienne a estimé qu'à «partir d'aujourd'hui un
pays ne pourra plus mener d'activités secrètes au Proche-Orient. Les Iraniens
ne pourront plus transférer des substances sans que nous le sachions». Il
est reconnu qu'Israël utilise trois satellites pour notamment observer l'Iran
et les traces de son programme nucléaire.
Des bruits de bottes se sont déjà fait entendre dans la région, mais cette
fois, les Iraniens ont pris l'initiative de la mobilisation. Elle peut faire
partie d'une manœuvre à l'intention des occidentaux pour leur faire comprendre
que l'Iran est prêt à toutes les éventualités militaires. Il peut s'agir aussi
d'une réelle crainte d'Ahmadinejad qui mesure à présent le risque qu'il a pris
en refusant le dialogue avec les occidentaux et avec la France en particulier.
Cette démonstration militaire, de grande envergure, pourrait préfigurer
l'occasion pour lui d'ouvrir des négociations en donnant l'impression qu'il
s'assoit à la table des discussions en position de force. Ce serait la
meilleure hypothèse.
http://www.slate.fr/story/23705/israeliens-iraniens-azerbaidjan-avions-chasse-gardiens-revolution
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