Manifestation de solidarité avec la Palestine Tunis le 19 mai 2021 |
Le 21 mai, un cessez-le-feu a été conclu entre le Hamas et Israël, mettant
fin à une courte mais intense guerre de 11 jours. Comme c’est toujours le cas,
le Hamas a aussitôt proclamé sa «divine victoire», aussitôt suivi par
tous les Arabes, musulmans et islamo-gauchistes que compte la planète. La
Tunisie n’est pas en reste car elle demeure l’un des pays arabes les plus
engagés sur la question palestinienne.
Ainsi pendant la manif du 19 mai 2021 Des slogans tels que «Le peuple
veut la criminalisation de la normalisation», «Palestine libre,
sionistes dehors !» ont été scandés par les participants qui ont
envahi l’avenue Mohammed V munis de drapeaux tunisiens et palestiniens. Au
premier rang de la marche, le secrétaire général de l’UGTT, main dans la main
avec le bâtonnier de l’ordre des avocats, les dirigeants du parti islamiste Ennahda
et d’autres politiques et représentants des organisations nationales. La cause
palestinienne est un des rares sujets à faire l’unanimité parmi les différentes
composantes du paysage politique tunisien.
Habib Bourguiba |
Après les accords d’Oslo, Tunis a mis en place entre 1996 et 1999 un bureau de contact à Tel Aviv. Avec l’élection de Kais Saïed, la Tunisie condamne à nouveau la normalisation. Le Syndicat Union générale tunisienne du travail (UGTT) condamne la normalisation «avec l’entité sioniste» qui est un «coup de poignard», «une division fatale des causes arabes, et une planification pour l’application du complot pour l’intégration de l’entité sioniste dans l’environnement régional et international du Moyen-Orient». Ce qui en langage clair signifie pas d’Etat juif au Proche-Orient.
Le 15 décembre 2020, le bloc démocrate (regroupant les députés
sociaux-démocrates d’al-Tayar et les nationalistes arabes d’Echâab) a déposé
une proposition de loi criminalisant la normalisation avec Israël. Avec cette dernière
guerre contre le Hamas, le bureau de l’Assemblée a inscrit le texte à l’ordre
du jour. Selon ce texte : «est considérée comme auteur de crime de
normalisation toute personne ayant participé ou tenté de participer à une
opération commerciale, de collaboration, ou de transaction industrielle,
artisanale, culturelle, scientifique ou de service – avec ou sans contrepartie,
d’une façon permanente ou provisoire, directement ou par l’intermédiaire d’une
tierce personne physique ou morale – avec une institution israélienne
gouvernementale, publique ou privée». «L’auteur du crime de
normalisation avec l’entité sioniste est passible d’une peine de prison de deux
à cinq ans, et d’une amende entre 10.000 et 100.000 dinars [plus de 30.000
euros]». Bye Bye le tourisme juif en Tunisie.
Le plus navrant est l’attitude des
intellectuels tunisiens.
Plusieurs
dizaines de personnalités tunisiennes de premier plan, parmi des intellectuels
et des figures emblématiques de la société civile, sont parmi les signataires
d’une pétition du 17 mai 2021 qui dénonce «vigoureusement l’agression
israélienne sur Gaza et appelant à une cessation immédiate et sans conditions
de ce crime humanitaire». « Nous, hommes et femmes des lettres, des arts,
des sciences, de la culture et des médias, signataires de la présente pétition …»,
qui reprend l’ensemble des arguments du Hamas : Pas de légitime défense,
force disproportionnée, destructions délibérées de biens civils, crimes de
guerre, crimes contre l’humanité, violation du droit, État voyou, impunité, …Avec parmi les signataires connus en France : Bessis
Sophie, Kazdaghli Habib.
Aucune mention dans ce texte des attaques
de la population civile par le Hamas, ni de son agenda politique répété tous
les jours : destruction d’Israël et un État arabe du Jourdain à la mer. Dans
les commentaires apparaissent de nombreuses imprécation :
«Que Dieu maudisse tous les sionistes vauriens., Vous serez jugés bande de
traîtres, Maudits soient les agents sionistes, Maudits !»
Ces intellectuels qui souvent prétendent
combattre les islamistes tunisiens d’Ennahda font ainsi les yeux doux au Hamas
et au Djihad islamique. Dur, dur, dur.
Avenue de Gaza à Tunis
Dans la soirée de vendredi 21 mai 2021, la Coordination nationale pour la Palestine
a rebaptisé l’avenue de Paris dans la capitale Tunis, en avenue de Gaza.
Les initiateurs de cette action ont également voulu condamner la politique de
l'État français supposée «hostile à la cause palestinienne».
Grande synagogue Tunis |
zaro Le grand café d'Alger sur la place Bab Souika Tunis 1913 |
Le grand café d'Alger sur la place Bab Souika, Tunis 1913. «Son enseigne
lumineuse, le croissant et le sceau de Salomon, tels qu'ils figuraient sur le
pavillon beylical au milieu du XIX siècle, n'est pas sans évoquer un symbole
d'union et de tolérance aussi bien par la communauté juive que musulmane». Cependant
cette photo publiée sur le blog Facebook Musée juif tunisien a suscité pendant
le dernier conflit à Gaza de très nombreuses remarques hostiles, d’imbéciles choqués
par la vue de l’étoile de David.
Zaro grande synagogue Hafsia |
Jacques Benillouche nous racontait que pendant son enfance, son père lui faisait découvrir les jours de Kippour, le quartier juif de la Hara dans la Médina avec ses synagogues. On aperçoit sur cette photo la grande synagogue au premier plan et au fond la mosquée Sidi Mahrez. Ces deux constructions symbolisent les 1000 ans de l’histoire de la communauté juive tunisoise, Sidi Mahrez ayant permis aux Juifs de vivre à l’intérieur des murailles. Les Juifs ont pu ainsi façonner à jamais l’âme de la ville.
Pourtant, malgré les excellents rapports
qu’entretenait la communauté juive avec Habib Bourguiba, la synagogue et tout
le quartier environnant furent détruits dans les années 60.
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