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samedi 19 octobre 2019

Mahmoud Abbas songe peut-être... à des élections




Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps


            

          Il n’est jamais trop tard pour bien faire en politique. Le président Mahmoud Abbas songe, enfin, à des élections en Cisjordanie alors que les Palestiniens en ont été privés depuis 13 ans. Mais il n’est pas certain qu’il parvienne à surmonter tous les obstacles. Il a peu de chances de les organiser à Gaza tant que le Hamas y est au pouvoir. Bien qu’il ait pourtant affirmé que «les élections palestiniennes devraient avoir lieu en Cisjordanie, à Jérusalem et dans la bande de Gaza», il est improbable qu’il ait le pouvoir d’assurer des élections ailleurs qu’en Cisjordanie, à Jérusalem certainement pas puisque la zone-Est a été annexée par Israël.



            Bien sûr il souhaite des élections à Jérusalem où résident 360.000 Palestiniens parce qu’il s’agit d’une partie de la ville qu’il se réserve comme capitale de son futur État palestinien. Alors des idées sont lancées pour contourner l’interdiction israélienne, comme celle de placer des isoloirs en dehors des frontières actuelles d'Israël. Cette solution avait été testée en 2006 lorsque des bureaux de vote avaient été installés dans la ville palestinienne d’Ar Ram, au nord-est de Jérusalem. Mais cela décourage les électeurs contraints de parcourir une longue distance.
            L’Autorité envisage éventuellement un vote en ligne en attribuant des codes spéciaux aux habitants de Jérusalem sachant que tous les résidents palestiniens de Jérusalem, âgés de plus de 18 ans, sont automatiquement inscrits sur les listes électorales palestiniennes.
Jérusalem

            La question de Gaza est complexe. Le blocus israélien y rend physiquement difficile la tenue d’élections sans la coopération du Hamas et de l'Autorité palestinienne puisque les déplacements sont très limités avec la Cisjordanie, centre officiel du comité des élections. Le fossé idéologique entre les clans du Fatah et du Hamas est tel que tout devient impossible. Depuis 2007, plus de cent morts tués dans des combats fratricides empêchent toute réconciliation. Or la réussite des élections passe par la participation active du Hamas qui n’est pas du tout acquise. De nombreuses tentatives de réconciliation ont toutes échoué. Plusieurs accords ont été signés dans l’euphorie mais ils n’ont jamais été suivis d’un début de réalisation, chacun restant sur ses positions idéologiques.
Mohammad Shtayyeh

            Cependant, Mahmoud Abbas ne désarme pas. Il a lancé le mois dernier un appel solennel à des élections législatives depuis la tribune de l’Assemblée de l’ONU. Le premier ministre Mohammad Shtayyeh, a fait le voyage au Caire à la tête d’une délégation pour obtenir la caution égyptienne pour la tenue d’élections. Mais le Hamas continue à faire obstacle à des élections présidentielles sous le prétexte fallacieux qu'il exige des élections législatives et présidentielles simultannées. C’est pourquoi Mahmoud Abbas s’est rabattu sur de simples élections législatives. Mais on voit mal comment le Hamas pourrait accepter la mainmise de l’Autorité «dans le cadre d'un système politique palestinien unique, d'une seule autorité légitime, d'une loi et d'une arme légitime». Le Hamas tient à son indépendance et à ses propres forces militaires indépendantes de l'Autorité palestinienne.
            Sur le plan international, le blocage concernant le Hamas, considéré comme une organisation terroriste, est latent, a fortiori lorsque cette organisation est soutenue militairement et financièrement par l’Iran, pays voyou. Aucun pays donateur ne peut envisager de poursuivre son aide à une Autorité dans laquelle serait impliqué ouvertement le Hamas.
            Ces obstacles concourent à bloquer tout calendrier pour des élections législatives. Pourtant il devient indispensable de faire participer les Palestiniens aux décisions prévisibles qui risquent d’intervenir dans un éventuel processus de paix sous l’égide des États-Unis.
Mouchir Al-Masri
            Mais le Hamas refuse à présent la tenue d'élections législatives avant les présidentielles. Mouchir Al-Masri, dirigeant du Hamas, a confirmé que son mouvement exigeait la simultanéité des deux scrutins : «Notre position, et celle de tous les Palestiniens, est que nous ne voulons pas d’élections incomplètes ou sélectives et tout ce que nous demandons c’est le respect des lois et des accords palestiniens. La loi fondamentale palestinienne est claire, elle stipule que les élections présidentielles et législatives doivent se tenir le même jour». Le Hamas soutient l’initiative lancée par huit factions palestiniennes, qui avaient appelé à la tenue d’élections législatives et présidentielles simultanées.
            Le président Abbas avait chargé le président de la Commission centrale des élections, Hanna Nasser, d’entamer des contacts avec toutes les factions concernées pour la tenue d'élections législatives, qui devraient être suivies, quelques mois plus tard, par des élections présidentielles. Il a affirmé que son parti saluait l’initiative du président Abbas de «renouveler la légitimité des institutions palestiniennes, loin de toute velléité sélective». L’initiative des huit factions avait pour but de mettre fin à la division et de promouvoir, une fois de plus, la réconciliation interne.
Hanna Nasser

            Cette nouvelle initiative s’articule autour de quatre recommandations majeures, mettant l’accent sur les accords de réconciliation précédents, comme référence pour mettre un terme à la division. Elle appelle à la réforme des organes de l’OLP et à considérer la période s’étendant entre octobre 2019 et juillet 2020, comme une période transitoire, en vue de la réalisation de l’unité nationale. La dernière recommandation propose la tenue d’élections présidentielles et législatives à la mi-2020. Une recommandation, comme tous les autres projets palestiniens, qui risque de rejoindre les précédentes, au rebut de l’Histoire.


1 commentaire:

Elizabeth GARREAULT a dit…

On en rirait si ce n'était pas pathétique. Le plus intelligent serait de déclarer l'Autorité Palestinienne en faillite et laisser Bibi se débrouiller avec ça mais il n'aura jamais le courage de le faire.