Par Alain PIERRET
Ancien ambassadeur de France en Israël (1986-1991)
Copyright
© Temps et Contretemps
Alain Pierret dans sa résidence à Jaffa |
Que de souvenirs en ce 11
septembre ! En 2001, je suis dans mon jardin, ma femme m’appelle, les tours
du World Trade Center sont en feu. Près de 3 000 morts. Le 11 septembre
1997, le souvenir du drame de New York occulte la présence à Jérusalem de la
secrétaire d’Etat américaine Madeleine Albright.
À Paris cependant, alors qu’il occupe les fonctions de ministre des Affaires étrangères dans le récent gouvernement Jospin, Hubert Védrine fait ce même jour une déclaration qui surprend politiques et médias, puisqu’il dénonce le «gouvernement catastrophique» du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou. Et pourtant, combien prémonitoire !
À Paris cependant, alors qu’il occupe les fonctions de ministre des Affaires étrangères dans le récent gouvernement Jospin, Hubert Védrine fait ce même jour une déclaration qui surprend politiques et médias, puisqu’il dénonce le «gouvernement catastrophique» du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou. Et pourtant, combien prémonitoire !
Vingt-deux années écoulées et perdues !
Le renouvellement de la Knesset aura lieu le 17 septembre. Bien que certains
diplomates français me considèrent comme un goy de service, un stipendié des
Juifs, je ne suis pas électeur en Israël. Mais je ne peux m’empêcher d’espérer
que le scrutin apportera un changement significatif dans la direction de ce
pays merveilleux.
Pourtant, où est aujourd’hui la démocratie dans un pays qui
exempte du service militaire les étudiants de yechivot orthodoxes, complaisance
étrange dans un pays menacé par des puissances régionales comme l’Iran et par
des mouvements terroristes, Hezbollah, Hamas. Il prend par ailleurs des
décisions qui me rappellent cette Afrique du Sud que j’ai connue au temps de
l’apartheid, telle la promulgation le 19 juillet 2018 d’une loi scandaleuse
retirant à l’arabe son statut de langue nationale pratiquée par près de 20 % de
la population israélienne. L’annonce enfin d’un projet d’annexion de larges
parts des territoires de Cisjordanie n’est pas de nature à restaurer l’image de
l’État juif.
Pour ma part, je ne peux que
suivre ce que disait le général de Gaulle à propos de Jérusalem et de l’appropriation
des territoires arabes. Ainsi, dans sa conférence de presse du 17 novembre 1948,
il constatait qu’«il est désormais bien difficile de refuser aux Juifs le Néguev
qu’ils ont pris ou la Galilée dont ils se sont emparés» et se disait «fort
étonné qu’en définitive Jérusalem ne fît pas partie de leur État».
Les Palestiniens sont malvenus
de revendiquer au moins partie de la cité, alors qu’avec leurs frères voisins
ils ont lancé trois guerres pour éradiquer l’État juif, et les ont perdues.
D’ailleurs, pourquoi notre République laïque soutient-elle cette prétention
puisque, à ce que je sache, une capitale est un centre politique. Ni La
Mecque ni Médine ne le sont devenues. Alors, pourquoi pas Hébron,
grande métropole palestinienne et, de surcroît, double lieu saint puisque le
caveau des Patriarches abrite la tombe d’Ibrahim/Abraham, père d’Ismaël,
l’ancêtre des Arabes. En s’y rendant voici quelques jours, Netanyahou a sans doute
voulu confirmer qu’il ne céderait pas davantage sur ce point.
Abbaye d'Abou Gosh |
La France, au demeurant, est
fort mal placée pour en juger autrement. À deux reprises, en 1985 sous un
gouvernement socialiste, en 1993 avec la droite, elle fixa et confirma par
arrêté que Tel Aviv était la capitale d’Israël. Et elle confia à son consulat
général de Jérusalem la gestion des monastères d’Abu Gosh situés en territoire
israélien non contesté. En second lieu, au lendemain de la Guerre des Six-Jours,
le 27 novembre 1967, le président de la République, Charles de Gaulle voyait en
Israël un «État guerrier et résolu à s’agrandir» et, pour cela, «porté
à utiliser toute occasion qui se présenterait». Il ne croyait sans doute
pas si bien dire ! La politique engagée par le gouvernement Pérès et
développée avec ténacité par l’actuel Premier ministre n’est pas acceptable
puisqu’elle ne vaut que par occupation condamnable de territoires censés
revenir à un État souverain.
7 commentaires:
Un état souverain...dans le coin, c'est ISRAEL et ce, depuis 1967 ou les points sur les I ont été mis...amen.
Il est assez amusant de constater que les élites françaises - qu'elles soient goyes ou pas - n'hésitent jamais à donner des leçons de démocratie aux étrangers, alors que raisonnablement elles seraient mieux inspirées de les réserver à la France qui, par les temps qui courent, en a le plus grand besoin !
Le commentaire de Marianne ARNAUD me semble on ne peut plus juste concernant le rédacteur de l'article en question alors qu'il se trouve bien au chaud dans notre si belle France. Il est inconcevable aux ETRANGERS, même juifs, d'essayer de donner des leçons de survie aux dirigeants Israéliens qui se sont succédés. GLOIRE a eux et mort aux abrutis.
Monsieur,
Je ne doute pas de la pertinence de vos conseils, et je suis étonné que la France se passe d'une telle clairvoyance.
A ma connaissance Israël est un état démocratique, et tous les gouvernements qui s'y sont succédés sont légitimes. Vous avez le droit de ne pas être d'accord avec la politique de tel ou tel premier ministre mais en aucun cas de vouloir vous ingérer dans les élections d'un pays étranger et je suis convaincu que vous n'accepteriez pas que des israéliens disent aux français comment ils doivent voter!
Etonnamment vous ne le faites que pour le seul pays démocratique de la région!
sincèrement
Incroyable ce que je viens de lire et d'ailleurs je n'y ai rien compris!
Mr Pierret : ravi que Mr Benillouche vous ait confié une tribune sur ce site.
Vous qui avez été ambassadeur en Israël face à Ytshak Shamir et Ytshak Rabin, vous avez vu évoluer Israël dans une direction à marche forcée.
Forcée de développer son économie (atone pendant les années 1979 à 1984 avec une inflation de 111% en 1979 jusqu’à 445% en 1984 ! ).
Vous citez des références vieilles de 71 ans (Gal De Gaulle) ou de + 50 ans (1967).
Il est certain qu’Israël a tant changé et ne peut vivre dans des frontières de « cessez-le-feu-de-1949 » où 15km était la largeur du pays ( à hauteur de Tel Aviv) endroit le plus vulnérable du pays.
Imaginez la LARGEUR de la France entre Porte Maillot et République… et à Bastille nos ennemis disposent de missiles avec pour mission de tirer et de couper en 2 “la France”. Cela nous ramène à la France étirée d’Orléans à Paris (cf. Le Domaine royal en 1180).
Mr Pierret : Israel 2020 n’est plus le même qu'en 1986.
Mr Netanyahu (que vous ne portez pas dans votre cœur) a tout de même révolutionné la puissance d’Israël et fait que la guerre sera portée à 2000 km de nos frontières plutôt qu’à la Station Centrale d’autobus de Tél Aviv ( « Tahanat Merkazit »)
Quant à Ramallah, faut il la nommer capitale de la Palestine et risquer que l’Iran ou la Turquie placent un garrot sur la gorge palestinienne, pour que ceux-ci nous harcèle et nous détruise ?
Mr Pierret, un seul symbole doit vous réveiller : JÉRUSALEM n’est toujours pas notre capitale aux yeux de la plupart des leaders de ce Monde !!
Même l’Eurovision n’a pu s’y tenir !
Enfin, même si Bibi est battu ce 17/9, il aura été un aiguillon pour Israël. Vous souvenez vous quand Mr Obama a insulté Bibi à la Maison Blanche en le faisant attendre des heures et en lui donnant une liste d’ordres à honorer, comme à un laquais. Aucun israélien, aucun juif n’avait apprécié et n’avait pardonné l’affront.
Mon vote de ce jour ? « Bleu Blanc ».
En vérité nous ne sommes qu'un ensemble d'ethnies, certaines plus égales que d'autres. Il n'a pas tout à fait tort.
Enregistrer un commentaire