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dimanche 29 septembre 2019

Israël n'a rien à attendre du tunisien Kaïs Saïed


ISRAËL N’A RIEN À ATTENDRE DU TUNISIEN KAÏS SAÏED

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps


Après les péripéties du «printemps arabe» de 2011 et de la «révolution du jasmin» avec l’intermède des islamistes au pouvoir, la présidentielle tunisienne de 2014 avait apporté un léger espoir aux Israéliens avec le retour de la génération Bourguiba au pouvoir.  Mais ce fut la grande déception car Mohamed Kacimi, auteur algérien, décrit ainsi le père de la nation Béji Caïd Essebsi : «l’homme était un politicien retors et chevronné. A peine investi, le patriarche tente d’introniser son rejeton de fils à la tête du parti qui l’avait porté au pouvoir. En tout dirigeant arabe, fut-il républicain, sommeille un monarque».



Les résultats du 15 septembre 2019 sont tombés comme un coup de tonnerre pour la classe politique tunisienne. Sont arrivés en tête le juriste ultraconservateur Kaïs Saïed et l'homme d'affaires Nabil Karoui, emprisonné à la suite d’un mandat de dépôt émis par la chambre d’accusation le 23 août dernier. Président de Qalb Tounès (au cœur de la Tunisie), Karoui est l'un des principaux acteurs du monde de la publicité et des médias de son pays. Saïed est universitaire et juriste, spécialisé en droit constitutionnel.
Nabil Karoui

Le premier tour est un cauchemar pour le parti islamiste de Ghannouchi et pour l’ancien premier ministre Youssef Chahed. Cependant, ils se sont déjà entendus pour partager le pouvoir à condition d’appeler à faire voter pour Saïed et barrer la route à Karoui. Leur scénario passe par l’élection au perchoir de Ghannouchi au Palais du Bardo et par le maintien comme premier ministre de Chahed à la Kasbah.
Kaïs Saïed

Après avoir refusé le soutien d’un quelconque parti politique, ne disposant d’aucune structure électorale, avare en apparition médiatique, Kais Saïed a dépassé tous les autres candidats qui disposaient de fonds importants pour leur campagne. Il a déjà annoncé son programme politique. Pour lui : «le destin de la Tunisie est lié à l’Algérie» qui sera sa première destination à l’étranger dès son élection. 
À noter la défaite cuisante que viennent d’essuyer les deux principaux candidats tunisiens soutenus par l’internationale des Frères musulmans, à savoir Moncef Marzouki et le représentant du mouvement Ennahda, Abdelfattah Mourou. La Tunisie est devenue un terrain d’influence pour les puissances régionales et un champ de bataille pour les Émirats arabes unis et le Qatar. Mais, les résultats de l’élection freinent la volonté expansionniste de ces deux monarchies pétrolières, tentées déjà par la conquête de l’Algérie et de la Tunisie.
Comme si l’État juif était le centre du monde, le juriste Kaïs Saïed a déjà annoncé la couleur avant le premier tour en s’opposant à la normalisation des relations avec Israël. Dans une vidéo officielle le principal candidat à la présidentielle tunisienne a été clair : «Nous sommes en état de guerre avec le régime occupant et toute tentative de normalisation des relations avec ce régime est une énorme trahison. La normalisation des relations avec Israël n’est pas simplement un crime mais aussi une grande trahison. Celui qui traite avec l’ennemi israélien est un traître et sa trahison devrait être jugée le plus tôt possible. Nous sommes en état de guerre avec le régime occupant, un régime qui déplace la nation palestinienne et occupe ses territoires».
Sa dialectique ne diffère pas beaucoup de celle des islamistes : «Malheureusement, le massacre du peuple palestinien frère continue avec la complicité des régimes arabes et avec l’appui des puissances occidentales. Les grandes questions qui se posent c’est de savoir qu’est-ce qu’on a fait pour eux et quelle est la différence entre l’attitude des régimes arabes actuels et ceux de 2008». Et sa haine d’Israël s’exprime crescendo : «La Tunisie peut faire beaucoup de choses, bien que la libération de Palestine ne passe pas par la Tunisie mais par tous les pays arabes. Avec ses moyens très limités, la Tunisie fraîchement indépendante a pris des positions plus respectueuses dans les années 60. Hélas, aujourd’hui on n’arrive même pas à ce niveau de réaction. Le comble c’est que les pays arabes ne sont même plus maîtres de leur volonté pour dénoncer le génocide israélien et se limitent simplement à dénoncer la violence». Israël peut se passer d’un tel allié éventuel qui n’a pas assimilé que l’entrée dans le monde occidental passe par des relations normales avec l’un des leaders du high-tech.
Mohamed Kacimi

Selon Mohamed Kacimi : «En face de Karoui, émerge la singulière figure de Kaïs Saïed, le Robocop tunisien, raide comme un passe-lacet, froid comme un colin, avec un phrasé particulier, le menton toujours en l’air, les yeux au ciel, il parle un arabe classique, sorti du Lissane al arab, et qui fait penser à un prêche du vendredi plutôt qu’à un cours de droit. Homme d’un autre temps, illuminé, en lévitation permanente, il caresse les foules dans le sens du poil : il est contre l’égalité dans l’héritage, pour la peine de mort, contre la dépénalisation de l’homosexualité, imposée, selon lui, par la commission européenne. Son idéologie est aussi simple qu’une notice du jeu de dominos : tous les malheurs de la Tunisie viennent des autres, de l’étranger : le terrorisme, la liberté des mœurs, la crise économique».
Avec des candidats de ce calibre, la Tunisie persiste à vouloir se distinguer du Maroc, de l’Égypte et de la Jordanie et même d’une certaine manière de l’Arabie et des Émirats, en étant le porte-parole des Palestiniens. Plus royaliste que le roi. L'élection présidentielle tunisienne risque d'être encore une plongée vers l'anachronisme et l'antisionisme pour le malheur de la Tunisie.

P.S : Merci à mon ami Jean Corcos qui m'a fourni une abondante documentation tirée de ses émissions.


2 commentaires:

Marc a dit…

la Tunisie, combien de divisions?

Seknadje René a dit…

Et bien voilà qui semble clair .Si je vous lis bien un nouvel ennemi d Israël va se manifester ,et on peut conclure que ce n est pas demain que les juifs nés en Tunisie pourront retourner voir leur ancien pays .je ne parle pas d y habiter ,comme certains le
Souhaiteraient .On est tenté de penser que ce pays musulman qui semblait modéré et moderne va tomber dans l excès
et on peut raisonnablement admettre que cela peut se passer dans n importe quel pays voisin .
Bien entendu tout cela si le résultat des élections se rapproche de vos prévisions