LE BEST-OF DES ARTICLES LES PLUS LUS DU SITE, cliquer sur l'image pour lire l'article


 

samedi 11 mars 2023

Netanyahou et la Reine Esther Par André NAHUM



NETANYAHOU ET LA REINE ESTHER

La chronique de André NAHUM

Copyright © Temps et Contretemps


Cet article du 7 mars 2015 de notre regretté André Nahum méritait d'être republié tant il est encore d'actualité même si certains protagonistes ont changé. Il prouve que le temps aidant, tout reste figé en Israël. 

Ce soir c’est Pourim. Nous célébrerons dans la joie la reine Esther et le sauvetage des Juifs de Perse. Dans ma lointaine enfance à Tunis, nous lancions des pétards, nous agitions des crécelles. La rue était à nous, les «ouled Pourim», les enfants de Pourim. Les voisines échangeaient leurs pâtisseries et le soir l’oncle Sion nous lisait la méguila, le rouleau d’Esther.



Ali Khamenei

Et cette année, j’ai curieusement l’impression que le temps que nous vivons a quelque ressemblance avec ce qui s’est passé à Suze,  il y a 2.300 ans. Il n’y a qu’à remplacer l’infâme Aman par l’Iran et son guide suprême l’Ayatollah Khamenei, dont la seule ambition, la seule obsession formulée à longueur de journée dans l’indifférence générale des Nations est de faire disparaître les Juifs de la terre, tout comme leur ancien concitoyen de sinistre mémoire, que son nom soit effacé.
Le roi Assuérus, c’est tout à fait Barack Obama, président de l’État le plus puissant de la planète. Manque la reine Esther. Benyamin Netanyahou a voulu hier, en s’adressant au Congrès, jouer ce rôle. Dans son discours très fort, passionné et émouvant, sur un ton pathétique, il a évoqué la Shoah, avec dans la salle un témoin de choix en la personne de Elie Wiesel. Il a rappelé que le peuple juif avait aujourd’hui les moyens de se défendre même s’il devait le faire seul, en s’empressant d’ajouter, après un court temps d’arrêt, que les États-Unis viendraient certainement à son secours.

Avec force, il a répété qu’une absence d’accord avec l’Iran valait mieux qu’un mauvais accord qui lui permettrait d’accéder à l’arme nucléaire et serait un immense danger non seulement pour Israël, mais pour toute la région et le monde. Pour introduire une note mystique à sa mission, il était allé se recueillir au mur occidental à Jérusalem avant de prendre l’avion pour Washington, tout comme Esther avait jeûné avant d’affronter son roi. Elle avait osé risquer d’attirer sur elle le courroux d’Assuérus en frappant à sa porte sans y être invitée, tout comme Netanyahou s’est fait inviter au Congrès sans prévenir le chef de l’État. Mais elle a su user de son charme et de diplomatie, le savoir-faire étant la clé du succès dans cette région du monde.
Elle a réussi sa mission parce qu’elle avait compris que l’on ne doit jamais heurter de front un souverain dont l’empire s’étend sur 127 provinces, quand on n’est qu’une faible femme, juive de surcroît. Bref, les Juifs ont été sauvés et l’ignoble Aman perdit dans l’aventure, ses biens, son honneur, sa famille et sa vie.

Pour en revenir à la réalité de ce jour, le premier ministre d’Israël a été brillant. Il a été chaudement applaudi par les parlementaires américains, mais, même s’il est à juste titre hanté par la sécurité de l’État qu’il dirige, il aurait probablement mieux fait de se plier aux règles habituelles du protocole et faire ce voyage en accord avec son homologue américain. Lorsque la reine Esther a pris des risques, elle les a pris pour elle-même, son peuple était déjà condamné. En braquant le président américain, Netanyahou a mis en péril au moins pour les deux ans qui viennent, les liens qui unissent les États-Unis et Israël, qui sont vitaux pour ce dernier. Était-ce très adroit ?

Un proverbe de chez moi, recommande sagement d’embrasser la main que l’on ne peut pas mordre. On ne sait pas encore quel impact aura ce discours sur les négociations en cours, comment réagira Barack Obama que Netanyahou a d’ailleurs couvert de fleurs dans son allocution. Mais était-il vraiment indispensable de se brouiller avec le seul allié d’Israël alors qu’on défend une cause juste, alors que l’on dénonce l’implacable, l’inexplicable haine pathologique du pays des Ayatollahs envers l’État juif ? Les Nations ne devraient-elles pas en préalable à tout accord exiger de Téhéran qu’il mette un terme à cette situation inacceptable et unique dans l’histoire ?
Nous verrons dans les jours qui viennent ce que sera la suite de cette aventure et ses conséquences sur les toutes proches élections israéliennes.

Hag Pourim Sameah. Joyeux Pourim !

3 commentaires:

parolevolee a dit…

Autre proverbe de mon cru version Mord- hehai:
Ne caresse pas la main du maure qui te mord."

Véronique ALLOUCHE a dit…

Le problème est justement que les nations n'exigent pas de Téhéran qu'il cesse de menacer Israël. Dans ces conditions il est normal que celui qui se sent en danger réagisse. D'autant que Netanyahou a pris énormément de précautions verbales envers Obama.
A tout prendre il vaut mieux se froisser avec ses amis que de perdre la vie.
Et Obama n'est pas éternel.
Cordialement
Véronique Allouche

AMMONRUSQ a dit…

Depuis hier au soir le lises réactions à l'intervention de Bibi et suivant la position politique c'est bon ou pas,mais je pense qu'il a eu raison et les applaudissements à la fin de son intervention lui ont véritablement donner raison.

Cela quelques temps que l'Iran roule dans la farine le monde et ce même monde ne veut pas voir,les inspecteurs AIEA ne peuvent toujours pas aller voir ce qui se passe,je me méfie des experts de tous poils,ils ont une grille de lecture qui n'est pas la mienne.(Cela ne s'adresse pas à ce blog)