BONNE CHANCE MANUEL VALLS
La chronique de André NAHUM
Parmi les images très fortes
qu’il nous a été donné de voir à la télé durant ces deux journées historiques que nous venons de vivre depuis dimanche,
une m’a particulièrement frappé et ému, celle du visage triste et digne de
l’ancien premier-ministre prenant avec son épouse le TGV pour rentrer chez lui
à Nantes, assumant à lui seul et payant des erreurs et un échec qui sont loin d’être
uniquement les siens.
Attente des Français
Et l’on peut se demander si face
au tsunami qu’il a subi dimanche dernier, François Hollande a trouvé les bonnes
réponses. En répudiant sans ménagement Jean-Marc-Ayrault et en nommant
premier-ministre Manuel Valls pour lequel il n’éprouverait pas à ce que l’on
dit un amour fou, a-t-il répondu aux attentes des Français ? A-t-il sauvé
son quinquennat, la république et son parti ? Difficile à dire au vu de
l’ampleur de l’abstention et de l’ampleur du recul socialiste.
Le désenchantement et la rancœur
d’une partie de l’électorat de gauche, pour lequel le gouvernement n’a pas été
suffisamment à gauche, rejoignent le rejet de ceux qui au contraire pensent qu’il
faut aller vers davantage de libéralisme. Deux colères, deux
revendications, qui
s’opposent. C’est-à-dire que le nouveau premier ministre va se trouver écartelé
entre ceux qui veulent une politique sociale de plus en plus engagée et la mise
en œuvre rapide du pacte de solidarité promis lundi soir par François Hollande
et ceux qui regardent davantage vers le pacte de responsabilité et souhaitent
une marge de manœuvre encore plus grande pour les entreprises. On ne voit
pas très bien comment il pourra contenter tout le monde.
Et ce ne sont pas les propos du
président de la république au lendemain de son désastre électoral qui permettent
d’envisager l’avenir immédiat avec optimisme. S’il faut réduire les charges
sociales, diminuer les impôts et faire plus de justice sociale, on se demande
où le nouveau gouvernement, quelles que soient son habileté et sa compétence, ira trouver les 50
milliards ou plus dont il va avoir besoin. D’autant que c’est dans sa majorité,
voire même face au président que Manuel Valls rencontrera des difficultés.
Dissolution de l’Assemblée
Ministres verts |
Les Verts prennent déjà leurs
distances et refusent de faire partie du nouveau gouvernement malgré des
propositions alléchantes. L’ultra gauche rue dans les brancards. On peut alors
se demander naïvement si l’attitude la plus pertinente, la mieux adaptée pour
s’en sortir n’aurait pas été pour François Hollande de dissoudre l’Assemblée
Nationale avec le risque calculé et assumé d’aller vers une cohabitation. Vu la
gravité de la situation économique, le taux de chômage, la désaffection d’une
partie importante de la population pour la classe politique, la poussée du Front
national, ne risque-t-on pas de voir un jour la contestation se manifester avec
violence dans la rue.
Une dissolution sauverait
probablement le parti socialiste du suicide que lui prédit un Jean-Luc Mélenchon, apparemment sonné par les
évènements, et ferait porter sur une droite, pas encore prête pour la relève la
responsabilité d’un éventuel échec avant les prochaines présidentielles. Mais
imaginer une telle décision suppose beaucoup d’audace, d’autant qu’elle se
heurterait aux intérêts de députés peu empressés de perdre leurs places et
de retourner devant leurs électeurs.
De plus, outre le choc
psychologique qu’elle entrainerait, elle permettrait de rééquilibrer des
pouvoirs dont le maintien actuel dans les mains des seuls socialistes ne
correspond plus à la réalité du terrain. Enfin !… Les choses étant ce
qu’elles sont, il faut souhaiter bonne chance à Manuel Valls, dont le succès
dans la mission périlleuse qui lui a été confiée serait aussi le nôtre.
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