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lundi 21 novembre 2022

Les revers de la Fosse aux Lions augmentent sa popularité

 

REVERS DE LA FOSSE AUX LIONS AUGMENTENT SA POPULARITÉ

Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps


          Les raids de Tsahal à Naplouse contre les terroristes de La Fosse aux Lions ralentissent certes sa croissance mais augmentent sa popularité auprès des Cisjordaniens.  De nombreux portraits de terroristes tués occupent les murs de la ville de Naplouse pour maintenir la mobilisation. Partout à l’intérieur des commerces, les photos avec les logos du groupe sont accrochées pour rappeler à leur bon souvenir. Il s’agit de très jeunes militants qui sont apparus depuis le 2 septembre 2022 alors que les «anciens» sont restés fidèles au Hamas, au Djihad ou au Fatah.





Dans les rues, des dizaines de jeunes armés, tous vêtus de noir, entièrement masqués et portant des chapeaux noirs, leurs fusils ornés d’un linge rouge. Leur logo est constitué de deux canons, le Dôme du Rocher de Jérusalem et la carte de la vieille Palestine. Le communiqué qu’ils ont publié est clair : «À la lumière de la révolution qui fait rage de notre peuple, à Jérusalem, à Gaza et à Djénine, nous sommes venus annoncer que l'étincelle vient de partir de la vieille ville de Naplouse».

La population arabe s’inquiète cependant de cette présence armée car elle attire les opérations militaires de Tsahal pour arrêter les émeutiers ou les tuer. Après une attaque meurtrière sur une soldate israélienne, la caporale Noa Lazar, 18 ans, le 8 octobre à Jérusalem-Est, un deuxième soldat israélien, le sergent-chef Ido Baruch, 21 ans, a été tué le 11 octobre.  Ces assassinats audacieux ont changé les codes car la Fosse aux Lions, constituée de jeunes illuminés, se retrouve en première ligne des combats en prenant du galon auprès des Cisjordaniens. La population les soutient, dans une sorte de grande fierté, malgré les dommages économiques et sécuritaires qu'elle a subis en conséquence.

Ido Baruch

Effectivement le blocus de Naplouse avait désorganisé la ville. Le marché de la vieille ville était presque désert tandis que la principale université de la ville, An-Najah, avait fermé ses campus forçant les élèves à se rabattre sur les études en ligne. Les ouvriers qui se rendaient en Israël pour travailler dans les chantiers sont restés chez eux avec un manque à gagner tandis que l’approvisionnement alimentaire s’était dégradé mettant en difficulté les commerces.

Ces restrictions n’ont pas atteint le moral des Palestiniens. Au contraire la popularité de la Fosse aux Lions a grimpé en flèche et les chants révolutionnaires se font entendre dans les ruelles de la ville. Tsahal a frappé durement en éliminant certains chefs mais le lieu, où ils ont été tués, est devenu un lieu de pèlerinage. Pour un dirigeant palestinien : «Les gens ont soif de ce type de résistance. C'est devenu une cause nationale maintenant, y compris Naplouse et ses villages et camps de réfugiés». Et pour preuve, les terroristes armés ont réussi à convaincre les habitants de Naplouse de chanter des chants patriotiques depuis leurs toits, et même, pour les plus courageux, de défiler dans les rues.

Pourtant Benny Gantz n’a pas été tendre avec ces jeunes armés. Il a permis de nombreuses opérations militaires contre leurs leaders, au plus profond de la ville de Naplouse, éliminant cinq terroristes dont un chef.  Mais la tâche de Tsahal est lourde car il s’agit de nouveaux venus, inconnus des services israéliens de sécurité, agissant indépendamment des organisations palestiniennes connues.

Ibrahim Nabulsi à gauche et Musab Shtayyeh

L’AP a tenté de reprendre les affaires en mains en affrontant le groupe la Fosse aux Lions et en arrêtant l’un des meneurs Musab Shtayyeh, ancien du Hamas. Mais certains observateurs mettent en évidence sa complicité pour mettre à l’abri des leaders ciblés par les forces israéliennes. Malgré cela, la colère contre la police palestinienne s’est exprimée dans la rue. Ibrahim Ramadan, l'actuel gouverneur de l'A.P de Naplouse a rencontré à plusieurs reprises des membres de la Fosse aux Lions afin de parvenir à un compromis et de les convaincre de se joindre aux forces légales palestiniennes : «Nous voulons sauver nos enfants. Ils ne peuvent pas affronter Israël avec des armes simples. C'est un fait».

Tsahal ayant mis au pas les jeunes armés, le blocus de Naplouse a été assoupli le 3 novembre pour permettre la reprise des activités normales de la ville après que deux membres éminents de la Fosse aux lions, Mahmoud al-Banna et Muhammad Tabanja, se sont livrés à l'AP, qui les a placés en détention provisoire. Selon Al-Banna : «Après avoir consulté mes camarades, j'ai convenu avec nos frères des services de sécurité de nous rendre, afin qu'ils nous protègent de l'occupant». L’AP a fait une demande officielle d’amnistie auprès des Israéliens pour leur permettre d’être intégrés dans sa police mais le Lion’s Den a rejeté cette démarche : «Le groupe Lions' Den n'a demandé à aucun officiel ou groupe de sécurité, avec toute sa gratitude, de reprendre l'un de ses combattants. Quiconque se détourne de nos combattants, c'est leur décision personnelle]et son choix. C'est faux de penser que le groupe va finir». 

Photo de terroristes éliminés

La répression forte israélienne a eu un effet inverse à celui escompté car elle a renforcé l’attrait des jeunes pour le combat. Selon le journaliste arabe Nawaf Al-Amer : «La poursuite des assassinats peut attirer la jeune génération et l'encourager à se joindre. Ils deviennent la source d'inspiration de la jeune génération, qui n'a vu que les armes de l'occupation en plein visage et les attaques des colons». D’ailleurs par mimétisme, un nouveau groupe terroriste, la Brigade Balata, a été créé à l’est de Naplouse. Un autre groupe plus petit, Jaba Brigade, est également apparu, basé dans le village de Jaba, au nord de Naplouse.

Mais le danger est grand de voir le Fatah, le Hamas et le Djihad islamique, chercher à reprendre le contrôle de la rue palestinienne en faisant de la surenchère. La Brigade de Jénine, des Brigades Al-Quds de la branche armée du Djihad islamique, a pris du service. De petits groupes de Palestiniens armés s'organisent dans plusieurs villes, pour combattre l'armée israélienne ; fait sans précédent depuis la deuxième Intifada. Ces oppositions armées avaient faibli depuis 2007, après des années d'opérations israéliennes, en coordination avec l'Autorité palestinienne, pour démanteler la branche armée du Fatah, les Brigades des martyrs d'al-Aqsa, le principal groupe de résistance de la ville. 

Mais plus des jeunes sont tués, et plus d’autres s’enrôlent dans ces nouveaux groupes pour combattre les forces spéciales israéliennes. La résurgence de groupes armés sera un défi pour le nouveau gouvernement et son ministre de la Sécurité intérieure. Le Shin Bet observe l’évolution de la situation avec inquiétude car il en va de l’effondrement de l’Autorité palestinienne. Netanyahou en a été informé alors qu’il est sous la pression de Ben Gvir et Smotrich qui veulent libérer les conditions d’ouverture du feu et augmenter plus encore les opérations militaires en Cisjordanie. Le défi est grand.

3 commentaires:

Yaakov NEEMAN a dit…

Il va falloir qu'on s'occupe sérieusement de l'identité musulmane. Les arabes ne savent pas d'où ils viennent, et le Coran les confortent dans l'erreur. Abandonner l'éducation des jeunes arabes à leurs enseignants musulmans a été une grosse faute. Or eux et nous avons un père commun : Abraham-Ibrahim. Il y eut un moment où Itshak et Ychmaël vivaient ensemble, mangeaient ensemble, priaient aussi sans doute ensemble : nous sommes les descendants de ce couple uni et brisé par une violence fraternelle. Avant nous, Ychmaël a connu l'exil, puisqu'il fut chassé de la maison de son père. Mais nous aussi avons connu l'exil : cela fait un point commun. Il est donc urgent d'expliquer le judaïsme aux musulmans.
Certains s'y emploient activement, comme le Rabbin Elhanan Miller. Une personnalité résolument hors-norme : juif ashkénaze, né de parents canadiens et habitant à Jérusalem, il étudie l’arabe. Puis, journaliste à Times of Israel, dialoguant autant avec des rebelles syriens qu’avec des politiciens islamistes, au Caire comme à Ramallah, il réalise que les Arabes ignorent tout du judaïsme. C’est le déclic : en 2017, pour expliquer au monde musulman ce qu’est la culture juive, il fonde l’association People of the Book. Sur le web (www.youtube.com/watch?v=wCz1UG7_WbA&t=27s) il publie des vidéos très simples expliquant en arabe comment les juifs prient (3 fois par jour et non 5, et pourquoi assis ou debout – et pas par terre), et ce que représentent pour nous la Tora et Jérusalem. Grâce à des entretiens avec des juifs arabophones et des conversations interconfessionnelles individuelles, il entend favoriser la paix entre juifs et musulmans au niveau local. Il précise : « Une meilleure compréhension du judaïsme peut atténuer l’animosité que de nombreux Arabes de la région ressentent envers les Juifs et les Israéliens. En leur expliquant pourquoi les Juifs sont revenus en Israël, on pourrait normaliser l’existence juive dans ce pays et dédramatiser le conflit. Il existe très peu d’informations en arabe sur les juifs et le judaïsme. Le monde arabe a un besoin urgent d’outils éducatifs gratuits, intéressants et accessibles, pour les écoles et les adultes. Je précise que mon but n’est pas de faire la hasbara (les relations publiques) d’Israël. Je parle dans ces vidéos en tant que juif beaucoup plus que comme Israélien. »
Il faudrait citer aussi Elhanan Miller qui organise fréquemment des sessions sur le judaïsme en direct sur Facebook, en arabe, sous la forme « demandez-moi n’importe quoi ». Le champ des questions est vaste : du statut de Moïse dans les deux religions jusqu’à la façon dont les juifs perçoivent les autres cultes. Son initiative répond à un réel besoin de savoir puisqu’elle est régulièrement suivie par 60 000 personnes, tous musulmans....
Si tous ces jeunes terroristes de la Fosse aux Lions avaient pu accéder à ces contenus, ils ne seraient certainement pas en train de commettre l'irréparable.

bliahphilippe a dit…

Chez eux, tous ceux qui tuent des juifs sont populaires, vivants ou morts!
Quand ce groupe n'existait pas il y'en avait d'autres toujours encensés dans les rues de Gaza ou en Judée-Samarie sous administration israélienne ou non. Avec l'impertubable rituel : chants de joie doublés de distribution de bonbons.
Cela ne date pas d'aujourd'hui et pour reprendre l'expression biblique : "rien de nouveau sous le soleil".
Il y'en a eu hier sous d'autres appellations, toujours avec des noms ronflants, "les lionceaux du Fatah" par exemple .
Il s'en trouveront d'autres demain!! ...qu'on leur donne un état ou pas, jamais ils n'admettront l'existence d'un état juif souverain.

Avraham NATAF a dit…

Le nationalisme Islamique et fanatique ne cherche que des victimes et des martyrs qui se font tuer; le progrès économique et social reste le plus grand ennemi pour les cancres qui veulent se distinguer.