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dimanche 28 novembre 2021

Benny Gantz au Maroc ou le nouveau paradigme par Albert NACCACHE

 


BENNY GANTZ AU MAROC OU LE NOUVEAU PARADIGME


Chronique d’un papy flingueur Albert NACCACHE



      Le ministre de la Défense israélien Benny Gantz effectuera sa première visite officielle au Maroc les 24 et 25 novembre pour signer un accord de défense. Il s’entretiendra avec le ministre de la Défense nationale, Abdellatif Loudiyi, et avec le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita. Pour comprendre l’importance de cette visite examinons la carte du Sahara occidental.





Les relations entre le Maroc et l’Algérie sont traditionnellement difficiles et froides et caractérisées par une rivalité pour le leadership de la région, ce qui a empêché la formation d’un Maghreb arabe uni malgré les soixante années d’indépendance. La rupture du cessez-le-feu entre les forces indépendantistes du Front Polisario soutenues par l’Algérie et le Maroc a entrainé une escalade violente entre le Maroc et l'Algérie. Détérioration des relations diplomatiques puis leur rupture complète en août 2021, fermeture de l’espace aérien algérien à tous les avions marocains et arrêt des approvisionnements en gaz algérien.

Ce conflit s’est aggravé avec la décision des États-Unis de reconnaître la souveraineté territoriale de Rabat sur l'ensemble du Sahara occidental et, en parallèle, avec la reconnaissance politique mutuelle entre le Maroc et Israël.

Maroc- Algérie


Le Maroc veut porter un coup sévère à ses adversaires historiques. Le Maroc et l'Algérie voient dans le Sahara occidental et dans la question qui s'y rattache un facteur géopolitique important capable de définir, positivement ou négativement, leurs destins respectifs en matière de politique étrangère continentale. Tous deux trouvent dans le territoire sahraoui une porte d'entrée vers l'Afrique sahélienne et plus généralement, vers l'Afrique de l'Ouest.

 « Le Sahara n’est pas à négocier »,

Le roi du Maroc Mohammed VI


Maroc : «le Sahara n’est pas à négocier», rappelle Mohammed VI  [1]. Dans son discours à la nation, le 6 novembre 2021, à Fès. «Le Sahara occidental n’est pas à négocier», a déclaré le roi du Maroc. «Aujourd’hui comme par le passé, la Marocanité du Sahara ne sera jamais à l’ordre du jour d’une quelconque tractation», a souligné le monarque marocain, dans un discours retransmis par la télévision nationale. «De fait, la Marocanité du Sahara est une vérité aussi pérenne qu’immuable. Elle ne souffre, de ce fait, aucune contestation», a assuré Mohammed VI.

Ce discours a été prononcé à l’occasion du 46e anniversaire de la Marche Verte vers le Sahara occidental. En novembre 1975, à l’appel du roi Hassan II, 350.000 Marocains franchirent à pied la frontière du Sahara occidental, alors colonie espagnole, au nom de «l’appartenance» du territoire au royaume.

Restes des camions algériens calcinés.

La tension est encore montée d’un cran

Dans un communiqué diffusé le 3 novembre par l’agence de presse officielle APS, la présidence algérienne a affirmé que «trois ressortissants algériens ont été lâchement assassinés par un bombardement barbare» de leurs camions alors qu’ils faisaient la liaison Nouakchott-Ouargla. Deux jours après les autorités algériennes ont évoqué un «armement sophistiqué meurtrier», comprendre un drone. Les deux voisins se sont dotés ces dernières années de nombreux appareils sans pilote. Le site algérien Menadefense, qui a le premier fait état de l’attaque, estime dans un billet publié le 5 novembre que celle-ci aurait été menée par un drone, plus précisément un Bayraktar TB2 acquis auprès de la Turquie. Entre Alger et Rabat, la crise diplomatique s’exacerbe et l’escalade se traduit par l’acquisition d’armement et de drones.

Algérie-Maroc  drones de combat l’escalade

L’essor du partenariat entre le Maroc et Israël

En période d’absence de relations officielles entre Israël et le Maroc, des liens sécuritaires étaient maintenus entre les deux pays, au niveau des renseignements et au moyen de livraisons d’armes, notamment de drones. Le ministre des Affaires étrangères israélien Yaïr Lapid s’était rendu au Maroc en août 2021 pour inaugurer officiellement le bureau de liaison israélien à Rabat ainsi que pour rencontrer des responsables et signer une série d’accords.

Entretien du ministre des Affaires étrangères Yair Lapid avec son homologue Nasser Bourita


Depuis la normalisation des relations entre les deux pays, plusieurs lignes aériennes ont été ouvertes par les compagnies El Al et Israir. Le 12 décembre 2021, Royal Air Maroc va également lancer des vols directs vers Tel-Aviv à raison de trois fréquences hebdomadaires. Les accords commerciaux, économiques, scientifiques et culturels fusent avec les voyages d’hommes et la coopération de centres de recherche. On connaitra la semaine prochaine le contenu des nouveaux accords militaires qui devraient renforcer le hard-power du Maroc dans un contexte régional tendu. Ces accords de coopération sécuritaire et de défense entre les deux pays seront signés lors d’une cérémonie officielle.


       La presse fait déjà état de divers projets :

1/ Vente de drones

2/ Fabrication conjointe de drones de combat (équipés de missiles, qui ciblent, détruisent et reviennent à leur base) comme le Harop qui a fait des prouesses en Azerbaïdjan. Des informations publiées le 15 septembre par la lettre confidentielle Africa Intelligence révèlent que Rabat envisagerait de mettre en place un programme dédié au développement de drones kamikazes en collaboration avec la filiale BlueBird Aero Systems du groupe israélien Israel Industries (IAI).

3/ Organisation d’exercices d’entraînement conjoints à l’air libre (au vu et au su de tous).

4/ Selon le journal marocain Bledi.net du 8 novembre 2021 : «Le Maroc envisage d’acquérir auprès d’Israël, le système de défense anti-missile «Dôme de fer» pour se défendre contre toute attaque du Front Polisario au Sahara, et aussi de l’Algérie».

Système Dôme de fer


     Nous assistons à la transformation complète du paysage politique en méditerranée dans le cadre des Accords d’Abraham, un sujet qui passionnerait l’historien Fernand Braudel :   

- Avec le premier voyage dans un pays d’Afrique du Nord d’un ministre de la Défense israélien et la première fois que de tels accords bilatéraux sont signés officiellement avec un État arabe.

- avec la transformation de l’entité sioniste honnie par les radicaux arabes et les islamo-gauchistes occidentaux en un État allié officiellement à une grande monarchie arabe. C’est sans doute la fin du vieux rêve du Maghreb arabe uni mais sans doute aussi, l’exacerbation du délire de destruction de l’État juif.

 [1] Jeune Afrique 7 novembre 2021 

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