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dimanche 14 mars 2021

A la veille des élections, rififi au sein du Fatah

 


A LA VEILLE DES ÉLECTIONS, RIFIFI AU SEIN DU FATAH


Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps

Nasser al-Qudwa 

            

          Mahmoud Abbas a enfin accepté de procéder à des élections législatives en mai et présidentielles en juillet mais certains militants frondeurs ont été exclus du parti en raison de divergences qu'ils expriment à présent ouvertement. Mohamed Dahlan a été contraint à l'exil et il est d’ailleurs interdit de candidature. Le Fatah vient de limoger un haut responsable, une grande figure du parti, Nasser al-Qudwa, qui n’est autre que le neveu de Yasser Arafat. Mahmoud Abbas ne veut voir aucune tête dépasser et a imposé une liste unique unifiée ce qui a poussé Qudwa à présenter une candidature indépendante s’opposant aux candidats officiels.



Barghouti au tribunal

Marwan Barghouti, qui purge actuellement cinq peines d'emprisonnement à perpétuité dans une prison israélienne, avait annoncé son intention de se présenter aux élections présidentielles. Il avait été condamné le 20 mai 2004 pour cinq meurtres (4 israéliens et un prêtre orthodoxe). Mais sa candidature risque de tomber à l’eau car le Fatah a déjà décidé que son seul candidat serait Mahmoud Abbas qui n'a toujours pas fait part de ses intentions.

Qudwa et Barghouti sont en désaccord avec le parti car ils exigent des changements et des réformes internes au sein du mouvement. Nabil Barghouti, autre dirigeant du Fatah, a aussi annoncé son intention de se présenter avec une liste qui intègrerait l'ancien Premier ministre Salam Fayyed. Mohamed Dahlan a de son côté formé une liste distincte. Abbas a menacé d’exclusion toute liste qui se présenterait en dehors de la liste officielle du Fatah.

Hatem Abdel Qader, proche de Marwan Barghouti et membre du Conseil révolutionnaire du Fatah, a précisé que si des changements démocratiques ne sont pas appliqués, alors Barghouti fera liste à part. Qudwa a par ailleurs annoncé qu'il soutiendrait Marwan Barghouti si ce dernier présentait sa candidature à l'élection présidentielle.

Hatem Abdel Qader

         Les menaces d’exclusion risquent de briser la cohésion du Fatah alors que certains membres se plaignent de son incapacité à répondre aux réalités palestiniennes concernant les conditions économiques et sociales. L'hégémonie du Fatah en Cisjordanie est de plus en plus contestée et des changements sont espérés des élections. Les membres du Fatah qui se présentent sur des listes indépendantes nuisent aux chances de la faction de remporter les élections législatives et favorisent le Hamas, comme cela s'est produit lors du vote parlementaire de 2006. Dans ce désordre, la Cisjordanie pourrait aussi basculer.

            L’exclusion d’une grande figure historique est un coup porté au Fatah car Qudwa était le représentant permanent de la Palestine aux Nations Unies et ancien ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne. Depuis 2009, il est membre du comité central, le politburo du Fatah. En raison de ses relations tendues avec Abbas, il avait démissionné du comité central en 2018. Rien n’a pu les réconcilier depuis. D’ailleurs Qudwa avait boycotté les dernières réunions du Fatah car il n’avait plus aucune possibilité d’influencer les décisions. Il compte sur une candidature de Barghouti à la présidentielle, ce qui n’est pas encore acquis.  

Le président Mahmoud Abbas préside la réunion du Comité central du Fatah


Actuellement il existe trois listes de candidats, la liste officielle dirigée par Mahmoud Abbas, l'Assemblée nationale démocratique de Qudwa et le Bloc de réforme démocratique de Mohammed Dahlan qui a été expulsé du Fatah en 2011. Ces querelles au sein du Fatah font désordre face au Hamas qui montre son unité et sa discipline autour de son chef Yahya al-Sinwar dont le mandat a été prorogé jusqu'en 2025.

Mahmoud Abbas, qui s’accroche à son poste de président de l’Autorité palestinienne depuis 2005, malgré sa santé fragile, ne rend pas service à son peuple qui a besoin de sang nouveau et de changement démocratique. Il est un obstacle pour toute évolution politique dans ses relations avec Israël et même avec les États-Unis. Sa présence à la tête de l'Autorité est une assurance pour le maintien du statu quo. Tant qu’il est pouvoir, tout restera figé.

2 commentaires:

Gilbert BRAMI a dit…

Dommages beaucoup cherchent à garder pour eux seuls le gâteau de l'aide du Qatar au lieu de soulager les souffrances des populations musulmanes et chrétiennes qui ont voté pour eux croyant ainsi échapper à la corruption du Fatah !

Hanane ZRAIER a dit…

L'amour du pouvoir passe avant les intérêts du peuple... Malheureusement, ce n'est pas une nouveauté dans les pays arabes!