A LA VEILLE DES ÉLECTIONS, RIFIFI AU SEIN DU FATAH
Par Jacques BENILLOUCHE
Nasser al-Qudwa |
Mahmoud Abbas a enfin
accepté de procéder à des élections législatives en mai et présidentielles en
juillet mais certains militants frondeurs ont été exclus du parti en raison de divergences qu'ils expriment à présent ouvertement. Mohamed Dahlan a été contraint à l'exil et il est d’ailleurs interdit de candidature. Le Fatah
vient de limoger un haut responsable, une grande figure du parti, Nasser
al-Qudwa, qui n’est autre que le neveu de Yasser Arafat. Mahmoud Abbas ne veut
voir aucune tête dépasser et a imposé une liste unique unifiée ce qui
a poussé Qudwa à présenter une candidature indépendante s’opposant aux
candidats officiels.
Barghouti au tribunal |
Marwan Barghouti, qui purge actuellement cinq peines
d'emprisonnement à perpétuité dans une prison israélienne, avait annoncé son
intention de se présenter aux élections présidentielles. Il avait été condamné
le 20 mai 2004 pour cinq meurtres (4 israéliens et un prêtre orthodoxe). Mais
sa candidature risque de tomber à l’eau car le Fatah a déjà décidé que
son seul candidat serait Mahmoud Abbas qui n'a toujours pas fait part de ses intentions.
Qudwa et Barghouti sont en désaccord avec le parti
car ils exigent des changements et des réformes internes au sein du mouvement.
Nabil Barghouti, autre dirigeant du Fatah, a aussi annoncé son intention de se
présenter avec une liste qui intègrerait l'ancien Premier ministre Salam
Fayyed. Mohamed Dahlan a de son côté formé une liste distincte. Abbas a menacé
d’exclusion toute liste qui se présenterait en dehors de la liste officielle du
Fatah.
Hatem Abdel Qader,
proche de Marwan Barghouti et membre du Conseil révolutionnaire du Fatah, a
précisé que si des changements démocratiques ne sont pas appliqués, alors
Barghouti fera liste à part. Qudwa a par ailleurs annoncé qu'il soutiendrait
Marwan Barghouti si ce dernier présentait sa candidature à l'élection
présidentielle.
Hatem Abdel Qader |
Les
menaces d’exclusion risquent de briser la cohésion du Fatah alors que certains
membres se plaignent de son incapacité à répondre aux réalités
palestiniennes concernant les conditions économiques et sociales. L'hégémonie
du Fatah en Cisjordanie est de plus en plus contestée et des changements sont espérés des élections. Les membres du Fatah qui se présentent sur des listes
indépendantes nuisent aux chances de la faction de remporter les élections
législatives et favorisent le Hamas, comme cela s'est produit
lors du vote parlementaire de 2006. Dans ce désordre, la Cisjordanie pourrait aussi basculer.
L’exclusion
d’une grande figure historique est un coup porté au Fatah car Qudwa était le
représentant permanent de la Palestine aux Nations Unies et ancien ministre
des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne. Depuis 2009, il est membre
du comité central, le politburo du Fatah. En raison de ses relations tendues
avec Abbas, il avait démissionné du comité central en 2018. Rien n’a pu les
réconcilier depuis. D’ailleurs Qudwa avait boycotté les dernières réunions du
Fatah car il n’avait plus aucune possibilité d’influencer les décisions. Il compte
sur une candidature de Barghouti à la présidentielle, ce qui n’est pas encore
acquis.
Le président Mahmoud Abbas préside la réunion du Comité central du Fatah
Actuellement il existe trois listes de candidats, la liste
officielle dirigée par Mahmoud Abbas, l'Assemblée nationale démocratique de
Qudwa et le Bloc de réforme démocratique de Mohammed Dahlan qui a été expulsé
du Fatah en 2011. Ces querelles au sein du Fatah font désordre face au Hamas qui montre son unité et sa discipline autour de son chef Yahya al-Sinwar dont le mandat a été prorogé jusqu'en 2025.
Mahmoud Abbas, qui s’accroche à son poste de président de l’Autorité
palestinienne depuis 2005, malgré sa santé fragile, ne rend pas service à son
peuple qui a besoin de sang nouveau et de changement démocratique. Il est un
obstacle pour toute évolution politique dans ses relations avec Israël et même
avec les États-Unis. Sa présence à la tête de l'Autorité est une assurance pour le maintien du statu quo. Tant qu’il est pouvoir, tout restera figé.
2 commentaires:
Dommages beaucoup cherchent à garder pour eux seuls le gâteau de l'aide du Qatar au lieu de soulager les souffrances des populations musulmanes et chrétiennes qui ont voté pour eux croyant ainsi échapper à la corruption du Fatah !
L'amour du pouvoir passe avant les intérêts du peuple... Malheureusement, ce n'est pas une nouveauté dans les pays arabes!
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