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dimanche 20 septembre 2020

RT-France : Signature des accords de normalisation

 

RT FRANCE


SIGNATURE DES ACCORDS DE NORMALISATION


Jacques BENILLOUCHE au micro de

Amira BENDJABALLAH JEAN-PIERRE


          Benjamin Netanyahou est arrivé lundi 14 septembre à Washington pour assister à la cérémonie du 15 à la Maison Blanche au cours de laquelle il devait signer les accords de normalisation avec les ministres de haut rang des Émirats arabes unis et de Bahreïn : «Je suis en route pour apporter la paix en échange de la paix». Les Émirats étaient représentés par le ministre des affaires étrangères Abdullah bin Zayed Al Nahyan et le Bahreïn par le ministre Abdullatif bin Rashid Al Zayani. 




La cérémonie a été décalée pour des raisons qui font désordre. Il s’avère que le premier ministre n’avait pas qualité pour signer les documents officiels et qu’il revenait au ministre Gabi Ashkenazi de les parapher. Sa présence était, sinon requise, au moins souhaitée face aux autres ministres des affaires étrangères mais Netanyahou refuse toujours de mettre en lumière quiconque peut lui faire de l’ombre.  En urgence un pouvoir a dû être envoyé à Washington depuis Jérusalem.

 Beaucoup de secret entoure cette signature. Le contenu de la normalisation ne sera publié qu’après la signature. Et pour cause. Certaines clauses peuvent créer une mauvaise humeur chez certains Israéliens. En fait, il sera mis en œuvre par étapes pour empêcher Israël d'appliquer sa souveraineté en Cisjordanie avant 2024. Ainsi, les deux pays n'échangeront pas immédiatement d'ambassadeurs, mais commenceront par une coopération économique, sécuritaire et sur les renseignements. Les Émirats ont exigé ces conditions pour maintenir la pression sur les États-Unis qui doivent achever la vente prévue de chasseurs F-35. Il est d’ailleurs établi que dans les négociations sur les accords surnommés accords d’Abraham, Netanyahou a accepté de «suspendre» son plan de souveraineté, sine die.

Yossi Cohen en visite à Oman

Cette normalisation marque un changement distinct dans un statu quo vieux de plusieurs décennies car la solidarité arabe contre Israël a été brisée. Netanyahou a certes conclu de manière historique «deux accords de paix en un mois ce qui représente une aubaine économique pour le pays. C’est toujours bien, mais c’est particulièrement bien pendant le coronavirus».

Le vrai maître d’œuvre des accords, l’habitué des palais arabes, l’homme des alcôves des chancelleries qui ne reconnaissent pas Israël, le successeur putatif de Netanyahou, Yossi Cohen, était du voyage de manière toujours discrète. Le chef du Mossad, a expliqué qu’il ressentait «une grande excitation avec l’espoir que d’autres pays imitent les EAU et le Bahreïn vis-à-vis d’Israël. Nous y travaillons». L’administration Trump a tout fait pour obtenir la participation de représentants d’autres pays arabes à la cérémonie de signature, en vain. L’UE a été la grande absente, à l’exception de la Hongrie, comme si pour les Européens la paix était une notion abstraite.

Cependant la sémantique est très importante dans cette région du monde. Selon les délégations, l'accord avec les Émirats est défini comme un «traité de paix» tandis que celui avec Bahreïn est une «déclaration de paix». Les experts jugeront la différence concrète de ces deux expressions et les implications.

Il faut noter que la loi israélienne impose une ratification officielle d’abord par le Cabinet de sécurité des dix principaux ministres et ensuite par la Knesset. Il ne fait aucun doute que l’approbation par le parlement obtiendra une majorité écrasante dépassant les lignes partisanes. Mais cela n’a pas convaincu les manifestants anti corruption de cesser leur protestation devant la résidence du premier ministre et même sur la route le conduisant à l’aéroport Ben Gourion.

Souverain du Bahrein


De même, tous les Palestiniens, fidèles à leur attitude toujours négative, ont dénoncé ces accords et ont organisé une «journée de rejet populaire» rejoints en cela par l’Iran et la Turquie.

Cette normalisation est la régularisation de faits avérés. Israël et les pays arabes du Golfe ont entretenu des relations furtives pendant plusieurs années, mais la peur de l’Iran les a poussés à des relations normales et officielles. Les pays du Golfe vont pouvoir développer au grand jour le commerce et le tourisme avec Israël, bénéficier de sa haute technologie et acquérir des armes avancées que les Américains refusaient toujours de leur livrer. Pour conjurer la menace iranienne, ils ont accepté de sacrifier la question palestinienne. Les Émirats sont à peine à 100 kms de l’Iran.

Le cas de Bahreïn est différent car la population est à 70% chiite tandis que les dirigeants sont sunnites, en particulier le roi Hamad bin Isa bin Salman al-Khalifa qui craint à tout moment un soulèvement chiite sous l’influence de l’Iran. Le Hezbollah, a implanté et formé des cellules terroristes parmi la communauté chiite avec l’objectif avoué de renverser  le trône d'Al Khalifa. Le soutien d'Israël l'immunise contre l'Iran.

En 2011, l'Arabie saoudite voisine avait envoyé des troupes pour aider le roi à réprimer le soulèvement chiite du «printemps arabe» soutenu par l'Iran. Les dirigeants d'Al-Khalifa dépendent de Riyad non seulement comme bouclier, mais aussi pour leur santé économique sachant que le champ pétrolifère d'Abu Safah, s'épuise rapidement.



L'importance stratégique du petit royaume est disproportionnée par rapport à sa taille. Coincé entre l’Arabie saoudite, le Qatar et l'Iran, l'archipel de Bahreïn accueille des bases américaines importantes : Naval Support Activity Bahreïn, US Naval Forces Central Command et United States Fifth Fleet. C'est la principale base de la région pour les activités navales et marines américaines. Il n’est pas impossible que sous une forme ou une autre, les Israéliens puissent s’y installer pour avoir un œil proche face à l’Iran.

L'Iran a menacé Bahreïn de représailles, tandis que l'Autorité palestinienne a furieusement retiré son envoyé de Manama. Si l’on comprend l’attitude de l’Iran, on n’arrive pas à justifier la solitude forcée des Palestiniens qui auraient pu profiter de cette normalisation pour faire avancer leurs thèses. Par ailleurs un paradoxe ne s’explique pas. L’Arabie a été très influente dans cette normalisation mais elle-même n’a pas encore sauté le pas.

2 commentaires:

V. Jabeau a dit…

@M. Benillouche : des infos et une analyse intéressantes, comme souvent. 2 questions : RT est la télé de propagande du gouvernement russe, pensez-vous que votre présence permet de mieux faire connaître Israël et ses courants de pensée à ses téléspectateurs ? D’autre part il est écrit que vous êtes à Paris, ce qui est bien possible. Quand vous êtes en Israël, est-ce que la télé le mentionne de même ?

Jacques BENILLOUCHE a dit…

@Jabeau
J’étais en vacances à Paris et il est normal que RT précise ma situation pour justifier qu’on ne me voit pas à l’image. Sur mon site vous trouverez les archives de mes émissions sur RT et il est bien mentionné Israël.
https://benillouche.blogspot.com/2020/07/articles-television-rt-historique-des.html


En ce qui concerne mes interventions elles sont tout à fait libres et d’ailleurs elles sont volontairement toujours en direct. Il y a moins de propagande sur RT que sur I24news entièrement dévouée à Netanyahou.

J’estime qu’une télé juive s’adresse à des convaincus, donc aucun impact. RT France me permet de toucher un public différent qui peut entendre un autre son de cloche sur Israël.