Au Liban, depuis des mois, les quelques 250.000 travailleurs immigrés
sont les victimes impuissantes des trois
fléaux qui accablent le pays, la crise économique et sociale, la pandémie,
l’explosion. Ils n’ont plus été payés et ont été littéralement jetés à la rue
par leur employeur, en l’absence de contrat et de lois sociales. Pour ceux qui
disposent encore d’un emploi pour survivre sans être rémunéré, il s’agit d’un
travail forcé, une forme d’esclavage. Ils ne disposent d’aucun soin médical. Leurs
autorités consulaires les ignorent. Ils sont devenus le Lumpenprolétariat de la
société libanaise. Tous souhaiteraient rentrer chez eux, plutôt que de subir
cet enfer au quotidien. Ça l’était déjà avant l’explosion, c’est pire après.
Paradoxalement, ces migrants africains ou réfugiés de Syrie, seront
la seule main d’œuvre de demain, si le Liban obtient des financements pour sa
reconstruction. Leur départ est presque impossible, faute de moyens pour se
procurer un billet et en l’absence du passeport confisqué par l’employeur qui
dispose ainsi de tous les droits sur son employé. Ce n’est donc pas une
pratique limitée à la péninsule arabique. Cette situation se double depuis
quelques temps d’un nouveau problème de sécurité pour Israël.
Le Hezbollah qui contrôle la frontière pose un nouveau défi à
l’état hébreu. En s’inspirant de sa stratégie bien connue d’utiliser la
population comme boucliers humains, les stratèges de l’organisation terroriste
ont imaginé une nouvelle méthode bon marché pour provoquer Israël : utiliser
de malheureux travailleurs soudanais au chômage. Ces migrants qui sont
plusieurs milliers, constituent un vivier idéal pour y recruter des candidats au
passage clandestin de la frontière avec Israël, en leur laissant miroiter une
bien meilleure situation qu’au Liban et la mansuétude des autorités.
On se souviendra des infiltrations de travailleurs clandestins via
le Sinaï et l’Egypte dans un passé récent, qui provoquèrent un réel problème
social en Israël. L’ampleur n’est certes pas la même, mais pose plusieurs problèmes
sécuritaires, sinon sanitaires, en raison de la pandémie.
Beyrouth manifestation de Travailleurs soudanais |
Jusqu’à maintenant, avant l’explosion de Beyrouth, les cas étaient
peu nombreux. L’armée avait réussit soit à arrêter les candidats à
l’infiltration soit à les renvoyer au Liban. On reconnait un seul cas d’un
infiltré arrêté puis finalement libéré en Israël.
Les médias proches du Hezbollah ont rapporté ces incidents en les
amplifiant et en soulignant la porosité
de la frontière nord longue de 104 km, pour
miner le moral de la population, notamment dans la région du Mont Dov.
La presse israélienne à vocation populiste s’est également fait l’écho de ces
tentatives, en exagérant leur importance. En fait, s’il n’y a rien de
comparable avec ce qui s’est produit dans le passé le long de la frontière de
250 km avec l’Egypte, Israël, dans la conjoncture actuelle, sanitaire et sécuritaire,
ne veut ni ne peut se permettre un nouveau problème de même nature.
Le succès de telles tentatives permet aussi au Hezbollah
d’effectuer autant de tests que de tentatives réussies, qui révéleraient des failles
dans la barrière de défense. Il opère aussi sous couvert de diverses
associations ou ONG dont «Green
without borders» qui a comme vocation( !) de planter des arbres dans
les zones contestées. Ce qui leur permet de justifier leur présence, entre
autre, face à la FINUL qui observe ces zones et lui permet d’effectuer des
missions d’espionnage.
Le chaos actuel du Liban et la mainmise des terroristes sur tout le
sud-Liban, accroissent significativement tous les risques sécuritaires. Que n’écriraient
pas les médias bien intentionnés si demain Tsahal abattait des malheureux soudanais
infiltrés ? La période est d’autant plus critique que le renouvellement du
mandat de la FINUL est en cours.
Les forces politiques existantes et le président Michel Aoun, très
proche du Hezbollah, sont favorables au maintient du statu quo, qui est
insupportable pour Israël. Sa mission et la taille limitée de cette force, la
rendent inefficace, de fait plutôt complaisante envers le Hezbollah et ses affiliés. On peut espérer que le refus de
la situation actuelle par la majorité de la population libanaise le conduira
peut-être à mettre la filiale terroriste de l’Iran hors jeu. Accessoirement Michelle
Bachelet, haut Commissaire aux Droits de l’homme, sera peut être intéressée par
ce sujet.
L’UE doit sortir de son immobilisme, d’abord en interdisant sa
présence en Europe, ensuite les amis du Liban, qui semblaient très nombreux,
auront à cœur de libérer ce pays du joug terroriste. Il faut espérer que le
FMI n’acceptera pas de prêter
massivement à ce pays en l’absence de véritables reformes et aussi longtemps
qu’il acceptera la présence du groupe terroriste au sein des institutions dont
il tire les ficelles.
Au delà, l’UE et la France seule, absentes des grands changements
dans la région, ne pourront pas renverser la table.
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