L’IRAN, ALLIÉ PUTATIF ET CATALYSEUR DES RELATIONS ISRAÉLO-ARABES
Par Jacques BENILLOUCHE
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C.C.G |
S’il n’existait pas une haine
tenace de la part des Mollahs à l’égard d’Israël, on aurait pu croire à une
certaine complicité dans le développement des normalisations israélo-arabes. Le
désengagement des États-Unis du Moyen-Orient a transformé Israël en allié
objectif contre l’Iran. Les pays arabes du Golfe, à l’exception du Qatar qui a
quitté le CCG (Conseil de Coopération du Golfe), se sentent de plus en plus menacés
par Téhéran. La question palestinienne, qui freinait l’ouverture de relations
diplomatiques, a été reléguée au deuxième plan ce qui a permis à Israël, non
pas de signer un accord de paix puisqu’il n’a jamais été en guerre avec les Émirats
ou le Bahreïn, mais un acte de reconnaissance.
Check Qassim |
Il existait des prémices à cette reconnaissance car en mai 2018, le Bahreïn avait brisé un tabou en affirmant «le droit d’Israël de se défendre», à la suite des frappes israéliennes contre des bases iraniennes en Syrie. Le petit royaume se sentait en danger depuis 2016, lorsque l’Iran l’avait menacé d'une «intifada sanglante» en tant qu’allié de l’Arabie saoudite. En cause, la déchéance de nationalité qui avait frappé le plus haut dignitaire chiite, cheikh Issa Qassim, accusé d'«encourager le confessionnalisme et de servir des intérêts étrangers».
À l’époque, le chef des Gardiens de la révolution, Kassem Soleimani, chargé
de la stratégie d’exportation de la révolution iranienne, avait estimé que «la décision déraisonnable des Khalifa
(famille régnante à Bahreïn) attisera la flamme d’un mouvement révolutionnaire
islamique et façonnera une rébellion dévastatrice contre les dirigeants, sous
dépendance, de ce pays». Le Hezbollah avait relayé cette menace claire avec l'intention de l'appliquer au sein du royaume.
Ligue arabe 2020 |
Les membres de la Ligue arabe,
qui rivalisaient naguère de surenchère anti-israélienne, ont alors fait preuve
de modération étonnante en favorisant les liens israélo-arabes et en oubliant
d’une certaine manière la question palestinienne. Israël ne pouvait pas trouver
de meilleur allié que l’Iran. Pour Hussein Ibish, chercheur à l’Arab Gulf
States Institute de Washington : «le
réel intérêt de se rapprocher d’Israël est stratégique et entièrement centré
autour de la question iranienne, considérée comme une menace existentielle».
Le mot est lancé. Alors, comme les États-Unis ne voulaient plus aider
militairement les pétromonarchies du Golfe, Israël était devenu le seul pays susceptible
d’affaiblir «l’axe de la résistance» constitué
de l’Iran, de la Syrie et du Hezbollah. Les pays arabes ont alors trouvé un
nouveau gendarme pour les protéger.
Mais les Israéliens ne sont pas
de nature à intervenir au-delà de leurs frontières pour d’autres pays et ils axent
leur défense sur leurs propres intérêts. Mais face à l’Iran, ils pourraient
faire exception. Le comble reste que les Iraniens, qui ont utilisé les
Palestiniens comme cheval de bataille dans leur combat contre Israël, les ont
poussés vers une marginalisation que Benjamin Netanyahou a eu du mal à obtenir
par sa propre politique. Ainsi on parle de moins en moins d’une solution
politique à deux États qui semble pour l’instant enterrée et encore moins de
l’annexion de la Cisjordanie. Les Iraniens ont réussi à faire comprendre aux Palestiniens qu’ils sont
isolés et qu’après «le coup de poignard
dans le dos de la cause palestinienne», ils avaient intérêt à s’installer
rapidement à la table des négociations.
Le
Hamas, qui n’a jamais été un activiste de la création d’un État palestinien, où
il serait à coup sûr perdant, se montre lui-aussi
très discret à l’instar de son mentor iranien et il se borne à fustiger le «grave préjudice» à la cause
palestinienne sans faire de vagues.
Israël
ne pouvait pas avoir de meilleur allié politique que les Mollahs.
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