Comme on pouvait s’y attendre, la
réunion internationale qui s’est tenue vendredi à Paris, si elle eut le mérite
d’avoir lieu, n’a pas débouché sur des résultats concrets. Mais ce n’était pas
le but proclamé, il s’agissait principalement de remettre à l’ordre du jour du calendrier international, une reprise du processus de paix israélo
palestinien et de l’actualiser en fonction des changements qui se sont produits
au Proche et au Moyen-Orient.
En ouvrant la réunion, le président de la
République a déclaré : «Nous
sommes en 2016, avec la guerre en Syrie,
en Irak, avec le terrorisme fondamentaliste. Les menaces et les priorités ont donc changé. Les
bouleversements régionaux créent des obligations nouvelles pour la communauté
internationale et pour rechercher la paix».
Les différentes tentatives de
négociations lancées par le seul parrain
américain, depuis 2001 à partir de ce que l’on a appelé les «paramètres
Clinton», ont échoué. Les Israéliens comme les Palestiniens en portent,
tour à tour la responsabilité. Cela fait plus de quinze ans, Bill Clinton
était encore président, qu’ont été jetés les fondements d’un accord pour en finir
avec ce conflit, vieux d’un siècle. Ils sont
connus de tous les protagonistes. Deux Etats, aux frontières reconnues, Israël et
Palestine vivant côte à côte dans la paix et la sécurité.
Cette perspective s’éloigne, alors
que le statu quo n’est plus tenable. On a accusé la «grenouille» France, de
vouloir, en organisant cette réunion, se hausser du col, se faire aussi grosse que le «bœuf» américain qui
semble ne plus vouloir intervenir dans la politique Moyen-orientale, en quelque
sorte, prendre sa place. Je ne le crois pas ; la France veut certes jouer
un rôle, elle possède un certain nombre d’atouts qu’elle pourrait utiliser mais
elle a conscience de ses moyens ; le monde a changé, nous ne sommes plus à
la belle époque des accords Sykes-Picot.
Je pense que la convocation de cette
réunion, quand on sait que la plus forte communauté musulmane d’Europe réside
en France, répond à l’inquiétude de voir s’éloigner comme l’a dit Jean Marc
Ayrault la perspective des deux États : «nous approchons du point de non-retour au-delà duquel elle ne sera plus possible» et
de voir le vide s’installer comme l’a souligné François Hollande: «le vide sera forcément rempli par les
extrémistes et les terroristes pourront en tirer avantage».
Il est évident que si Daesh est
éliminé géographiquement en Syrie et en Irak, mais il ne faudrait pas l’enterrer
trop vite, sa malfaisance ne disparaitrait
pas pour autant. Il se reconvertira dans l’action terroriste à grande échelle. Israël,
l’Arabie Saoudite, les Monarchies du Golfe, l’Europe deviendront ses cibles préférées.
Il n’est pas étonnant, dans ce contexte que l’Arabie Saoudite, la Ligue Arabe aient
rappelé l’initiative de paix arabe lancée par l’Arabie saoudite en 2002.
Le ministre saoudien des Affaires
étrangères a déclaré en marge de la
conférence de Paris que l’initiative arabe de 2002 comportait «tous les éléments qui permettent de parvenir
à la paix» et d’ajouter «Nous
espérons que la sagesse prévaudra en Israël et que les Israéliens l’accepteront».
Adel-al-jubeir-ministre-saoudien-affaires-étrangères |
Benyamin Netanyahou avait, devant la
Knesset il y a quelques jours, évoqué positivement cette initiative, en
proposant de l’actualiser au nouveau contexte régional tout en maintenant «l’objectif de deux États pour deux peuples».
Des convergences se font jour avec le monde arabe comme en témoignent les
déclarations, à la télévision, du président égyptien : «un accord israélo palestinien garantirait
sécurité et stabilité aux deux côtés» et sa proposition d’organiser
une réunion tripartite au Caire avec les Israéliens et les Palestiniens.
L’Egypte, Israël, l’Arabie Saoudite ont des ennemis communs : l’Iran,
Daesh et les Frères musulmans. Leurs positions se rapprochent de plus en plus
ouvertement mais le conflit israélo
palestinien demeure à la fois un frein à
ce rapprochement et un abcès de fixation que pourraient utiliser, contre eux,
leurs ennemis. Disons avec beaucoup de précautions qu’une lueur d’espoir
apparait par delà les attentats.
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