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vendredi 24 juin 2022

L'avertissement d'Israël à la Syrie

 

L’AVERTISSEMENT D’ISRAËL À LA SYRIE

Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps


          La Syrie a annoncé que de très gros dégâts ont été occasionnés par Israël, le 10 juin à l’aube, à la suite de bombardements de son aviation. Les pistes de l’aéroport international de Damas, civiles et militaires, ont été rendues inutilisables par des frappes aériennes. Les images satellites parlent d’elles-mêmes et montrent l’intensité des dégâts. Israël, comme à l’accoutumée, n’a pas revendiqué ces frappes. Mais tous les observateurs sont formels, il s’agit d’un avertissement en bonne et due forme lancé par Israël à la Syrie pour qu’elle cesse d’utiliser des avions civils pour transporter du matériel militaire iranien destiné au Hezbollah. Des messages diplomatiques avaient été transmis à El-Assad mais il n’en a pas tenu compte. Le résultat est que son aéroport a dû être fermé pour réparations.



Tsahal au Golan


Depuis que la guerre civile a éclaté en Syrie en 2011, Israël a mené des centaines de frappes aériennes pour cibler les forces iraniennes en Syrie et les miliciens du Hezbollah. Jamais l’aéroport de Damas n’a été visé et Israël ne s’est jamais attaqué aux installations civiles pour éviter de provoquer un arrêt du trafic aérien. Mais la Syrie n’a pas tenu compte de plusieurs mises en garde car des images satellitaires montraient le débarquement de matériel depuis des avions civils. Aucune victime humaine n’est à déplorer mais plusieurs hangars de stockage, des salles de réception et la tour de contrôle ont été détruits. Certaines des salles de réception, utilisées pour recevoir des responsables iraniens et des membres du Hezbollah, ont été visées ainsi que les entrepôts où étaient stockés des armes en provenance d'Iran.

L'aéroport se trouve dans une région au sud de Damas où des groupes soutenus par l'Iran, dont le Hezbollah libanais, opèrent régulièrement. La zone a été ciblée à plusieurs reprises par Israël, qui a lancé 15 attaques aériennes contre la Syrie cette année seulement et qui accuse régulièrement l'Iran d'utiliser l'aéroport pour envoyer des cargaisons d'armes à ses alliés. Les médias d'État syriens ont rapporté qu'une volée de missiles avait été tirée depuis les hauteurs du Golan vers 04h20 le vendredi 10 juin.



La Russie, alliée de la Syrie, a fermement condamné «l'attaque israélienne provocatrice contre des infrastructures civiles essentielles». Un porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a qualifié ces attaques de «violation absolument inacceptable des normes internationales». Pourtant ces normes internationales sont bafouées tous les jours en Ukraine. Le ministre syrien des Affaires étrangères, Faisal Mekdad, qui s’est entretenu avec son homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian, a également condamné l'attaque. La Syrie «se défendra par tous les moyens légitimes contre les attaques israéliennes».

Le 20 mai, des missiles sol-sol israéliens lancés depuis les hauteurs du Golan avaient tué trois personnes près de Damas. Ces frappes visaient des positions iraniennes et des dépôts d'armes près de Damas, déclenchant un incendie près de l'une des positions proches de l'aéroport. Israël, qui commente rarement les frappes individuelles, avait reconnu en avoir mené des centaines en Syrie, au titre d’avertissement pour empêcher l’installation pérenne d’Iraniens en Syrie.



La Russie occupe des bases militaires dans le pays mais elle les a dégarnies pour renforcer ses troupes en Ukraine. Mais bien qu’elle ait durci le ton après la destruction de l’aéroport de Damas, Israël pense qu’elle n’est pas en situation de le critiquer quand on songe au drame ukrainien. Il faut s’attendre cependant à une dégradation des relations entre Israël et la Russie qui avaient déjà souffert de la condamnation de l’invasion de l’Ukraine par Naftali Bennett. Sergueï Lavrov est malvenu de soulever la question de «la provocation qui met la vie d’innocents en danger».   Devant la situation inadmissible en Ukraine, Israël ne craint plus de remettre en cause l’accord tacite avec le Kremlin qui lui permettait d’agir en toute liberté en Syrie. La Russie s’est trop affaiblie en Syrie pour peser sur le cours des évènements. Israël mesure ce risque.

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