LE BEST-OF DES ARTICLES LES PLUS LUS DU SITE, cliquer sur l'image pour lire l'article


 

lundi 13 décembre 2021

Radio-J 07.12.21 : L'Iran au menu de la visite de Gantz et Barnea à Washington

 

RADIO-J : Journal DU 7 DÉCEMBRE 2021

L’IRAN AU MENU DE LA VISITE DE GANTZ ET DE BARNEA À WASHINGTON

Jacques BENILLOUCHE au micro d’Eva SOTO BLANCA

 

 

 

Gantz et Blinken

Le directeur du Mossad, David Barnea, s'est envolé le 5 décembre au soir pour Washington tandis que Benny Gantz le suivra le 9 décembre. Ils vont tenter de convaincre les États-Unis de s'engager dans une action militaire contre l'Iran, d'appuyer l'action secrète israélienne ou au moins d'intensifier les sanctions. Les négociations de Vienne entre l’Iran et les Grandes puissances ont repris le 6 décembre dans un contexte de montée en puissance des capacités de Téhéran. Si l'Iran a pu accélérer sa marche vers la bombe atomique, c'est en partie à cause d'erreurs stratégiques de Trump et de Netanyahou. Ce serait un miracle de revenir à un accord sur le nucléaire iranien. La dénonciation de l’accord nucléaire en mai 2018 par Donald Trump a permis à Téhéran de relancer ses activités atomiques. Selon les experts, l’Iran s’est rapproché du seuil nucléaire.

Cliquer sur la suite pour écouter l'émission

Partie:1

Partie 2


Au cours des deux dernières années, l'Iran a accumulé une quantité très importante d'uranium enrichi et de matière fissile. Mais bien sûr, il faut faire la distinction entre un état de seuil et une arme nucléaire opérationnelle. Il ne suffit pas d’avoir des matières fissiles pour parvenir à l’arme nucléaire opérationnelle qui consiste à installer des ogives nucléaires sur des missiles à longue portée. Il est certain que Téhéran cherche à abandonner les accords conclus en 2015. Le Secrétaire d'État américain Antony Blinken estime que la République islamique «ne semble pas être sérieuse». La Chine et la Russie n’approuvent pas la ligne dure iranienne. L’Iran exige la suppression de toutes les sanctions, pas seulement nucléaires, tout en voulant conserver ses progrès nucléaires réalisés grâce à de nouvelles centrifugeuses.

Joe Biden a déjà annoncé qu’il n’était pas favorable à une action militaire. Israël ne pourra pas se lancer dans une opération contre l’Iran sans le soutien logistique des États-Unis et encore moins sans son appui politique. Alors les deux responsables sécuritaires israéliens vont tenter d‘obtenir des sanctions plus sévères et une sorte de blanc-seing pour une guerre cybernétique ciblée.



Le gouvernement israélien par la voix du chef du Mossad a annoncé qu’il s’opposera à toute tentative de Téhéran de posséder des armes nucléaires. Selon Barnea : «L'Iran n'aura pas d'armes nucléaires - pas dans les années à venir, jamais. C'est mon engagement personnel : c'est l'engagement du Mossad». Pour le président Herzog : «Si la communauté internationale ne prend pas une position vigoureuse sur cette question, Israël le fera. Israël se protégera».

Israël n’attendait rien de ces négociations car il sera difficile de revenir au JCPOA parce que l’Iran a choisi une ligne dure totalement irréaliste en exigeant la levée de toutes les sanctions, liées ou non à la question nucléaire, et la garantie qu'aucune future administration américaine ne se retirera pas de l’accord. De leur côté, les Américains font un geste en libérant des avoirs gelés à l'étranger en échange d'un retour au statu quo. 

David Barnea chef Mossad


Pour Israël, toutes les options sont sur la table, y compris la possibilité d'une option militaire fort improbable en raison de ses conséquences. Israël multiplie les déclarations martiales et les mises en garde. Cependant on ignore la capacité opérationnelle d'Israël en Iran. Le pays peut agir unilatéralement mais cela peut entrainer une escalade régionale impliquant les forces américaines. Par ailleurs, on ignore les lignes rouges fixées par Israël pour juger que l’opération militaire devient indispensable. Les Américains ne semblent pas disposés à utiliser la force militaire sauf s’ils sont certains que l'Iran a accédé à l’arme nucléaire.

Usine nucléaire


Pour l’instant, il ne s’agit que d’une guerre sémantique, chacun cherchant à avancer ses pions pour obtenir plus. Israël ne pourra pas agir tout seul et l’Iran qui est déjà en forte crise économique ne peut supporter des sanctions encore plus sévères. Alors le ton monte et les menaces s’expriment dans une surenchère à des fins de guerre d’intoxication qui devrait finir sur un consensus international.

Biden est très réservé vis-à-vis d’Israël car il est convaincu que Donald Trump a dénoncé les accords de Vienne sous la pression de Benjamin Netanyahou. Cela a permis à l’Iran, à partir de l'été 2019, de s'éloigner du JCPOA très graduellement sachant qu’il s'agissait simplement d'enrichir l'uranium à hauteur de 4,5%. Après le sabotage de la centrale de Natanz et l’assassinat de plusieurs scientifiques nucléaires iraniens, Téhéran a décidé d'enrichir l'uranium à 20 % puis à 60 %.

            Israël ne veut pas uniquement un accord sur le nucléaire. Le nucléaire iranien n’est pas sa seule inquiétude mais le programme balistique et son influence régionale via le Hezbollah au Liban qui est le bras armé de l’Iran. Israël veut inclure l’interdiction des missiles balistiques. Les activités régionales du Hezbollah reflètent l'alignement de plus en plus étroit du groupe avec l'Iran. La milice ne défend pas les intérêts de l'État ni des citoyens libanais. L'aventurisme régional du Hezbollah se traduit par le déploiement de ses forces expéditionnaires en Syrie et ailleurs dans la région grâce à d'autres milices chiites. 

Le missile balistique sol-sol à combustible solide Hajj Qassem


     Le Hezbollah a pris le relais pour ses vastes activités de financement illicite dans la région, et ses activités d'approvisionnement, de renseignement, de cybersécurité et de désinformation. Cela dénote l'ampleur des actions d’une milice qui s’est transformée en acteur régional agissant à la demande de l'Iran. Le Hezbollah se substitue à l’Iran pour fournir une assistance significative à ses alliés en Syrie, au Yémen et en Irak. S'il est d'usage de caractériser le Hezbollah comme un «État dans l'État», il est plus exact maintenant de le définir comme un «État dans un non-État», compte tenu de l’incapacité du gouvernement libanais à fournir les services de base à une population désespérée plongée dans une grave crise économique. Israël souhaite l’élimination du Hezbollah du paysage libanais.

Dans le passé, le Hezbollah a pu se distinguer des cercles dirigeants du Liban, en mettant en avant son rôle de «résistance» à Israël. Mais il s'est de plus en plus mêlé aux élites dirigeantes libanaises pratiquant à une très grande échelle la corruption et le blanchiment d'argent qui ont aliéné nombre de leurs compatriotes. Cette mutation du rôle du Hezbollah est en train de l’affaiblir.  Il avait servi pointe de la lance iranienne au Levant contre Israël qui a permis à des citoyens libanais et de nombreux membres du monde arabe à se rallier à lui.

1 commentaire:

Yaacov Baum a dit…

Cher Monsieur Benillouche
Merci tout d'abord pour votre intéressant article et toute ma gratitude pour cette pérennité de l'animation de votre blog.

Je souhaite cependant vous faire observer que l'Iran continuait à développer secrètement son programme nucléaire avant le retrait de D. Trump de l'accord
Ce retrait a d'ailleurs été le résultat de l'analyse des documents probants subtilités en Iran à la barbe des ayatollahs
En fait, une fois les iraniens pris la main dans le confiture, il leur devenait inutile de feindre l'innocence. Ils justifient donc leur course à la bombe en prenant prétexte de la "méchanceté " et le sadisme de Trump et Israël à l'égard de leur peuple

Les juifs ont longtemps courbé la tête en gola en espérant amadouer leurs bourreaux
L'ashkense que je suis connaît les souffrances que cette attitude à engendrées.
Mais Biden n est pas Juif et l'Amérique est loin
Bien à vous
Yaacov Baum