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dimanche 7 mars 2021

La vraie-fausse popularité du président Macron par Maxime TANDONNET

 


LA VRAIE-FAUSSE POPULARITÉ DU PRÉSIDENT MACRON


Par Maxime TANDONNET


       Nous pouvons lire ce matin sur le site de Paris-Match : «A treize mois de la présidentielle, l’exécutif peut voir l’avenir sereinement. Certes, le paysage politique semble comme gelé́. Mais avec 41 % de satisfaction, le locataire de l’Élysée est dans une situation plus confortable que celle de François Hollande (22%) et Nicolas Sarkozy (31%) à pareille époque de leur mandat» (sondage Paris-Match Ifop 2 mars 2021).



Macron et ses "mormons"

     Emmanuel Macron serait donc un président «populaire» comparativement à M. Hollande et M. Sarkozy. Cette évidence ressort de la plupart des commentaires. Le refrain, comme obsessionnel, s’impose dans la presse et les media radio-télévision. Il se présente comme un dogme politico-médiatique, un fait reconnu et admis, une vérité quasi officielle. Nous subissons un véritable matraquage sur la popularité de M. Macron supposée supérieure à celle de ses deux prédécesseurs, à l’image du modeste échantillon ci-dessous :

* «La popularité du chef de l’État est en hausse de 3 points au mois de novembre, passant de 38 à 41% d’opinions favorables. Des chiffres supérieurs à ceux de ses prédécesseurs Nicolas Sarkozy (32%) et François Hollande (27%) au même stade de leur mandat» (LCI 22 nov 2020)

* «La popularité d’Emmanuel Macron, à ce stade de son mandat, est supérieure à celle de Sarkozy (31%) et François Hollande (27%). (20 déc. 2020 — Ouest France)

* «La cote de popularité d’Emmanuel Macron est en hausse de deux points et supérieure à celle de ses prédécesseurs immédiats François Hollande (24%) et Nicolas Sarkozy (30%)». (Le Point 24 janv. 2021)

* «Le chef de l’État gagne un point en un mois dans notre baromètre Ifop*, à 41% de satisfaction. S’il reste majoritairement impopulaire, son socle de soutien est solide. François Hollande et Nicolas Sarkozy, par exemple, étaient à ce moment de leur quinquennat respectivement à 19% et 31%» (JDD 21 février 2021).

L’insistance à rapprocher le niveau de popularité du président Macron de celui de M. Hollande et M. Sarkozy est lourde de signification. Si l’objectif est de convaincre que M. Macron est un président populaire, le niveau d’environ 40% n’est pas suffisant : loin de la majorité de 50%. D’où le recours systématique à la comparaison avec M. Hollande et M. Sarkozy supposée favorable à l’actuel occupant de l’Élysée. En filigrane, le message est clair : si les deux prédécesseurs du président Macron ne sont pas parvenus à obtenir un second mandat, ce dernier est dans une situation plus favorable qui lui ouvre en 2022 la voie de la réussite.

Comparaison est-elle raison ? Le biais de ce raisonnement tient à la différence radicale qui oppose la période 2007-2017 à celle que vit la France depuis un an. La crise sanitaire est sans doute le plus grand bouleversement qu’ait connu notre pays depuis la guerre d’Algérie : 82.000 morts, naufrage économique et social, ruine de nombreuses catégories professionnelles, anéantissement des libertés, en particulier de la liberté d’aller et venir. Cet ouragan produit naturellement un réflexe légitimiste autour du chef de l’État. Une partie des Français dans la tourmente – comme souvent dans l’histoire – se tourne vers le «guide de la nation». François Hollande avait bénéficié de ce phénomène après l’attentat de Charlie Hebdo et du magasin kacher de janvier 2015 (+20%). À la différence, le séisme du covid-19 se prolonge indéfiniment dans le temps et le réflexe légitimiste joue ainsi de manière beaucoup plus étalée.

Par ailleurs, la crise sanitaire a bouleversé dans ses profondeurs le paysage français. Le régime politique a été radicalement transformé. La démocratie libérale et parlementaire s’est trouvée suspendue de fait au profit d’un état d’urgence indéfiniment prolongé. Sous le couvercle de la peur du covid-19, le Parlement a été marginalisé. La liberté d’aller-et-venir, mère de toutes les libertés, a été conditionnée. Les oppositions s’enferment dans le silence, la complaisance, la prudence ou l’autocensure. Une pensée unique sanitaire bat son plein et toute réflexion ou parole dissidente est vouée aux gémonies. Les grands débats de société (chômage, pauvreté, sécurité, pouvoir d’achat, immigration) se sont volatilisés. La nature du nouveau régime reste à définir. Post démocratique ? Autoritaire ? De fait, la quasi-extinction de la contestation sociale ou intellectuelle et de la critique (voire de la caricature), contraste lourdement avec le lynchage quotidien des deux présidents précédents.

Un chef de l’État de Ve République a traditionnellement deux missions : l’une d’incarnation du pays («le père de la nation») et l’autre de gouvernement. Les enquêtes d’opinion montrent que les Français ne sont pas satisfaits de la manière dont la France est gouvernée : 81% estiment que l’exécutif «ne sait pas où il va» (Odexa-Figaro 4 février). L’allégeance de 40% d’entre eux au président Macron se rattache dès lors à la fonction emblématique de ce dernier et à la quête d’un protecteur, d’un symbole d’autorité ou d’un sauveur. Ce taux de confiance ne semble guère tenir à l’approbation d’une politique, à la conscience de réformes réussies ou à des résultats satisfaisants sur le plan économique, social ou sécuritaire. Il correspond à un phénomène émotionnel ou affectif autour d’une figure médiatisée. Il relève de la psychologie de foule dans une période troublée et touche pour l’essentiel les personnes et les catégories les plus exposées à la peur.

C’est pourquoi la sempiternelle comparaison de la cote de confiance du président Macron avec celle de ses deux prédécesseurs est largement infondée. Derrière la stabilité de la cote présidentielle depuis un an, l’avenir politique du pays n’a jamais été aussi incertain. Le climat de relative allégeance au chef de l’État peut-il se prolonger encore un an jusqu’aux élections ? De fait, il durera aussi longtemps que la peur continuera de hanter les esprits. Par ailleurs, cette cote de confiance à 40% conservera-t-elle toute sa pertinence à l’approche des échéances électorales, quand il faudra reparler de bilan et de projet ? L’inertie et l’immobilisme de la période sont-ils le calme qui prépare la tempête ? De fait, sous le couvercle de la crise sanitaire, la France glisse vers un abîme d’incertitude politique qui n’a guère de précédent…

 

 

 

3 commentaires:

bliahphilippe a dit…

Ainsi "La France glisse vers un abîme d’incertitude politique qui n’a guère de précédent…"Mais la France dispose d'un président.N'est ce pas se contenter de peu?
La France depuis la V ième république a toujours eu un président!
Aucun d'entre eux depuis les années De Gaulle-Pompidou n'a pu faire une politique capable de s'extraire du politiquement correct sur les sujets brulants aboutissant aujourd'hui à une fuite en avant.
Il est vrai que tant qu'on a les moyens de payer... Et ça eu payé!
Nous assistons à des crises que les présidents successifs gérent au quotidien à l'aide du verbe pour éviter une explosion qu'ils craignent de ne pas maitriser.
Et pour cause : le véritable pouvoir est entre les mains des commissions européennes, des juridictions européennes.
Aucun président fut-il étiqueté à droite tel Sarkozy par exemple ou prétendu rassembleur comme Macron faute de démarcation politique claire sur les fameux sujets qui fachent ne peut ni ne veut se soustraire.
Tant que cette situation durera il n'y'a rien à attendre de n'importe quel président.
Tout au plus un changement de personne... dans la continuité, mais cette fois dans un contexte bouillonnant avec pour principe classique une fois la patate chaude transmise au successeur de s'évertuer à refermer au mieux le couvercle de la marmite.
Le tout avec la volonté de gagner du temps en espérant échapper à deux éventualités probables en résultat d'un "abime d'incertitudes" (sic):
1)-La ruine dans un déclin moins rapide s'il n'y'a pas guerre civile
2) La ruine si guerre civile il y'a!

ingrid Israël-Anderhuber a dit…

Vous dites : «Ce taux de confiance ne semble guère tenir à l’approbation d’une politique, à la conscience de réformes réussies ou à des résultats satisfaisants sur le plan économique, social ou sécuritaire. Il correspond à un phénomène émotionnel ou affectif autour d’une figure MEDIATISEE.». Exact ! Car là vous touchez du doigt le véritable problème en France. En effet, ce sont surtout les médias français qui sont principalement responsables de la situation actuelle, et manipulent l’opinion publique en orientant les informations, et même les chiffres. Car la presse française n’est plus indépendante et a perdu depuis belle lurette sa vocation, qui est d’informer de manière neutre, objective. Aujourd’hui quasiment tous les médias sont politisés et dans leur grande majorité séduits par Macron (tout comme l’ont été les 99 % de la communauté juive qui ont voté pour lui), les médias sont à la botte de l’État, à la solde des gros bonnets financiers et politiques dont les gouvernants. En France, les médias font la pluie et le beau temps. Ils sont le fer de lance principalement des politiciens au pouvoir qui les utilisent habilement pour arriver à leurs fins. Et ces derniers savent comment y faire. En fait là les médias sont tout simplement l’arroseur arrosé. D’ailleurs on le voit très bien notamment lors d’interviews télévisées quand des médias, favorables au gouvernement, accueillent des personnalités politiques qui sont par exemple de l’opposition : ça devient pratiquement des empoignades où les invités peinent à répondre aux questions des «journalistes» car sans cesse interrompus et contrés, ils arrivent à peine à s’exprimer, jamais au bout de leurs phrases car toujours coupés. Ce n’est plus de l’information mais de véritables matches ou carrément du lynchage où le gouvernement sort pratiquement toujours victorieux grâce à ses sbires «journalistes». C’est à décourager les auditeurs de vouloir entendre quelque chose d’audible. D’ailleurs, en France, c’est devenu pratiquement une habitude pour les «journalistes» de frayer avec les gens de pouvoir jusque dans les alcôves du pouvoir...

Véronique Allouche a dit…

La France est un paradis mais les français la voient comme un enfer.

Ce genre d’article à répétition le démontre: aucun optimisme, aucun pragmatisme. Monsieur Tandonnet broie du noir plutôt que de voir le vert dans le pré. Quant au commentaire plus haut nous ne devons pas lire ni entendre le même son de cloche concernant les médias qui font « la pluie et le beau temps » et qui seraient séduits par Macron selon Ingrid Israël-Anderhuber. Tout au contraire et comme il est de coutume en France , les journalistes auraient plutôt tendance à verser une avalanche de critiques anti gouvernementales, en témoigne cet article.