JOE
BIDEN, LE MOYEN-ORIENT ET ISRAËL
Par Jacques BENILLOUCHE
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Joe Biden se distingue de Donald Trump par une meilleure connaissance de la
politique internationale alors qu’en prenant possession de la Maison Blanche
Trump était un véritable néophyte en politique étrangère. Sénateur il avait occupé le poste de
président du Comité des relations extérieure. En tant qu’ancien vice-président,
Biden a eu à traiter des questions internationales pour le compte de Barack
Obama, en particulier pour tout ce qui touchait au Moyen-Orient. Il a donc une
expertise qui lui permet d’être immédiatement opérationnel en cas d’élection.
Ses options politiques sont souvent à l’opposé de celle du président actuel
mais sur le plan international, il rejoint souvent les thèses des Républicains
car les écarts idéologiques sont faibles. La campagne électorale aborde peu la
politique étrangère qui n’exprime de différence notable qu'en ce qui
concerne l’Iran et l’Arabie saoudite. Il est vrai que la crise du coronavirus,
doublée d’une crise économique, a relégué les questions internationales au
second plan.
Le début du mandat de Trump avait été caractérisé par une envolée économique et un
chômage totalement maîtrisé. Mais en quelques mois tout s’est dégradé. Une crise économique
et sociale plus forte qu’au cours des «subprimes» de 2077-2008 a été
attisée par des manifestations contre le racisme et une brutalité policière inédite. La situation s’éclaircit donc pour Joe Biden.
Il avait cautionné toutes les grandes décisions internationales de Barack
Obama à savoir le retrait américain d’Irak en 2011, la création en 2014 d’une
coalition mondiale contre Daesh et l’accord sur le nucléaire iranien en 2015.
Les Israéliens craignent avec lui une attitude plus tendue car les
Démocrates sont plus enclins à dialoguer avec l’Iran. Ils sont pour la
réactivation de l’accord négocié par Obama qui supprimait les sanctions
américaines si l’Iran respectait son programme nucléaire. Le programme de Biden
mentionne explicitement que «si Téhéran revient au respect de l'accord, le
président Biden réintégrerait l'accord, utilisant une diplomatie intransigeante
et le soutien de nos alliés pour le renforcer et l'étendre, tout en repoussant
plus efficacement les autres activités déstabilisantes de l'Iran».
Conférence au sommet |
Depuis
Obama la situation militaire a évolué. Les forces iraniennes ont lancé le 29
juillet 2020 leur premier missile et mené des exercices militaires bien
médiatisés pendant deux jours dans un contexte de tensions accrues avec les
États-Unis. Ils viennent d'annoncer de nouveaux missiles balistiques et de croisière. Les Gardiens de la révolution ont procédé à des exercices dans la province méridionale d'Hormozgan,
le long du golfe Persique. Des missiles stockés dans des bunkers ont été tirés
à la surface de la terre avec la volonté de viser les États-Unis.
Trump n’a
pas l’intention d’évoluer dans sa politique contre l’Iran fondée sur une «pression
maximale». Selon lui «l'Iran insistera pour un accord encore meilleur
que celui qu'il a conclu avec Obama». En revanche, le programme électoral
de Joe Biden est plus modéré puisqu’il s’engage à «mettre fin à jamais
aux guerres et à retirer les troupes d'Afghanistan». Il précise cependant
que l’armée américaine doit se concentrer sur la lutte contre Daesh. Il
s’oppose à la fin de toutes les opérations
militaires américaines dans la région sachant que plusieurs milliers de soldats
américains combattent aux côtés des forces irakiennes
et des forces démocratiques syriennes dirigées par les Kurdes contre Daesh.
Biden a eu cependant
une politique en zigzag au Moyen-Orient. Durant le week-end de Thanksgiving
2009, alors qu’Obama était sur le point d'engager 30.000 nouveaux soldats en
Afghanistan; Biden avait jugé que la stratégie
du Pentagone était trop large, trop coûteuse et trop centrée sur l'insurrection
talibane, au lieu d'Al-Qaïda. Biden avait
voté contre la première guerre en Irak en 1991 et en faveur du président George
W. Bush pour qu'il puisse lancer la deuxième invasion de l'Irak en 2003. Il a ensuite
exprimé ses regrets pour ses deux votes.
Dans les
années qui ont suivi, il a critiqué l'administration Clinton pour sa réticence
initiale à utiliser la force militaire pour arrêter les tueries en Bosnie. Il
avait estimé que «c'est vraiment une politique de désespoir et de lâcheté». Même
sur l'Afghanistan, Biden avait été d'une incohérence exaspérante, appelant à
plus de troupes américaines et d'argent en 2008 pour abandonner sa position en
2009 lorsqu'il est passé du Sénat à la Maison Blanche. Obama a finalement retiré les troupes américaines
d'Irak en 2011, respectant une promesse électorale. Ce retrait avait créé un vide de pouvoir dans le pays, ce qui a
conduit Daesh à balayer le nord de l'Irak en 2014.
Réunion sur l'Afghanistan |
En 2006,
Joe Biden avait prôné la division de l'Irak en trois zones autonomes: une
kurde, une sunnite et une chiite mais cette proposition ne tenait pas compte de
la diversité ethnique et religieuse en Irak. Aujourd’hui il veut mettre fin au
soutien américain à la coalition dirigée par l'Arabie saoudite au Yémen. Il montre ainsi qu’il n’est pas un allié inconditionnel de l’Arabie comme Trump.
A l’instar
des Juifs qui votent à 70% pour les Démocrates, Joe Biden ne se cache pas
d’être pro-israélien mais il déteste la relation trop personnelle entre
Netanyahou et Trump. D’ailleurs le premier ministre israélien a eu une relation
extrêmement tendue avec l’Administration Obama qui n’a cependant jamais failli
dans ses votes de soutien pour Israël à l'ONU. Mais Obama n’avait pas apprécié que
Netanyahou le double en 2015 en s’adressant directement au Congrès pour
qualifier l’accord nucléaire avec les Iraniens de «très mauvais accord».
Biden est
un allié mais pas à n’importe quel prix. Il n’est pas certain qu’il soutiendra
le projet israélien d’annexion d’une partie de la Cisjordanie car il est
fondamentalement partisan d’une solution à deux États que l’annexion taille en
pièce. En ce sens, il suit les traces d’Obama en n’hésitant pas à
affirmer que les États-Unis devaient «faire
pression» sur Israël pour la création d’un État palestinien car Netanyahou s’est
écarté de cette voie : «Bibi Netanyahou et moi nous connaissons bien.
Il sait que je pense que ce qu'il fait est scandaleux».
En revanche
il y aura peu de différences sur la Turquie qui devra s’attendre à des
relations plus fraîches de la part de Biden. Il n’avait pas hésité à traiter
Erdogan «d’autocrate». Il a aussi critiqué le repositionnement par Trump
des troupes américaines en Syrie en octobre, qui a précédé l'incursion de la
Turquie dans le nord-est de la Syrie pour combattre les groupes kurdes.
Kamala Harris |
Il a choisi la sénatrice Kamala Harris comme vice-présidente en voulant exploiter le fait qu’elle soit de couleur, l’épouse d’un avocat juif et fondamentalement pro-israélienne pour rassurer une frange de l’électorat américain sensible aux habitants des implantations. De plus, elle fait partie de l'élite en tant que fille d’un économiste d’origine jamaïcaine de l’université Stanford et d’une endocrinologue originaire de l’État indien du Tamil Nadu. Elle n'aura pas un rôle de potiche.
Netanyahou aurait
beaucoup à perdre d’une élection de Joe Biden. Sa tâche lui sera rendue plus
difficile bien qu’il n’ait jamais été freiné par ce genre de considérations. Il
sait qu’Israël restera l’allié fidèle des États-Unis et que l’épisode peu
glorieux de George Bush père ne se reproduira pas.
Shamir - Bush |
En effet, l’administration Obama n’était pas la première à s’être trouvée en
conflit avec une coalition nationaliste au pouvoir en Israël, à propos de la
poursuite de la construction d’implantations dans les territoires. Au début des
années 90, l’administration Bush père et le gouvernement Shamir s’affrontèrent
sur cette question. Le secrétaire d’État James Baker et le président ne
ménagèrent pas leurs efforts pour faire plier le gouvernement Shamir et obtenir
un gel de la colonisation, jugé indispensable pour donner une chance aux
efforts de paix.
Le heurt entre l’administration Bush et le gouvernement Shamir à propos de
la colonisation s'est concrétisé autour de la question des garanties américaines à
un emprunt israélien. À cette époque, en effet, le gouvernement israélien avait sollicité de son allié américain des garanties pour emprunter sur les marchés
internationaux 10 milliards de dollars à un taux d’intérêt semblable à celui
des emprunts américains, donc extrêmement favorable pour Israël. Le
gouvernement israélien avait impérativement besoin de ces capitaux pour intégrer
les centaines de milliers d’immigrants libérés des ex-républiques soviétiques. Mais Ytzhak
Shamir n'était pas prêt à se plier aux injonctions de l’administration américaine.
Prudents, James Baker et George Bush se gardèrent, dans un premier temps,
d’une confrontation avec Israël et ses soutiens à Washington tandis que Shamir était bien décidé à poursuivre la colonisation. Sans pour autant refuser mais au titre d'un blocage volontaire, le 6 septembre 1991 le président Bush demanda officiellement au Congrès un délai
de 120 jours avant de décider de l’octroi des garanties à Israël et il
l’obtient. C'était un refus déguisé.
Shamir n’avait pas obtenu les garanties bancaires pour le prêt de 10
milliards de dollars mais la mobilisation des Juifs américains dans un temps record lui avait permis d'obtenir des dons et non pas un prêt. Mais Bush avait choisi ce moyen pour faire tomber le
gouvernement Shamir. D’ailleurs aux élections de juin 1992, les travaillistes
jouèrent la restauration de l’alliance avec les États- Unis et la promesse de
prospérité contre Shamir. Ytzhak Rabin
a été élu ce qui a fait dire à Shamir :«Il ne faut pas s’y tromper, ce n’est
pas Rabin qui a vaincu Shamir, c’est George Bush».
Par analogie avec la situation actuelle, le siège de
Netanyahou deviendrait branlant en cas de victoire de Joe Biden mais Israël n'a pas encore trouvé son Ytzhak Rabin.
1 commentaire:
Mon cher Jacques Benillouche , ceux qui pleureront si Biden Obama est élu ce sera le peuple Perse qui n'en peut plus des ayatollahs mis en place par les démocrates américains et le quai d'Orsay en 1979 . Pour les perses le maintient de la terrible dictature islamique d'Iran sera un cauchemar .
Le régime islamiste convient parfaitement aux démocrates américains et aux chancelleries antisémites européennes car ce régime veut rayer eretz Israël du monde . Voilà pourquoi les sanctions Trump sur ce terrible régime est à 2 doigts d'aboutir .
S'il y a un pays où Trump et Bibi sont très bien vu , c'est en Iran , mais par le peuple perse
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