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vendredi 15 juillet 2016

Kol-Israël : La visite à Jérusalem du ministre égyptien des A.E



Radio Kol-Israël

LA VISITE À JÉRUSALEM DU MINISTRE ÉGYPTIEN DES A.E


Jacques BENILLOUCHE
Au micro de
Annie Gabbai



Cette visite s’insère dans un contexte général dont il est bon de rappeler les grandes lignes pour la comprendre. Cette visite est liée au chaos qui règne au Moyen-Orient et qui est en train de détruire les structures étatiques actuelles avec le risque de favoriser l’émergence de nouveaux États nations. En particulier la recomposition est en marche pour les Kurdes et pour les Druzes qui se révoltent depuis longtemps pour avoir leur autonomie. Israël y voit son intérêt car le morcellement d’États ennemis, en plusieurs entités moins menaçantes, réduit les risques et cela explique sa stratégie du statu quo.
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Israël n’est pas impliqué dans ces conflits qui déchirent le monde arabe et qui entraînent une mutation dans l’équilibre régional. Et pourtant, sous prétexte de la persistance du conflit israélo palestinien, il est courant d’attribuer à Israël l’origine des troubles de la région. Le monde en général veut ignorer le fait que les conflits dans la région ont éclaté à la suite de rivalités internes au sein du monde arabe et surtout de l’émergence d’un islam radical.
Mais, on ne prête qu’aux riches. Les pays de la région imputent à Israël la responsabilité du conflit israélo palestinien, de la guerre ouverte avec l’Iran et de la guerre civile en Syrie. Israël est accusé d’avoir suscité la radicalisation des mouvements au Moyen-Orient en raison des guerres à Gaza, de l’isolement du Hamas, de la politique de construction dans les implantations et de la stagnation du processus de paix avec les Palestiniens.
Sous ces motifs discutables, un boulevard a été ouvert aux mouvements terroristes extrémistes. Al-Sissi est entré dans le combat contre le terrorisme islamique. L’Égypte a aussi déclaré la guerre au Hamas, considéré comme une branche des Frères musulmans égyptiens. Cela explique que les tunnels de contrebande entre l’Égypte et Gaza aient tous été détruits et qu’une zone tampon de sécurité ait été instituée, entraînant un arrêt de l’approvisionnement en produits alimentaires, en pétrole et en armement militaire.
Les Israéliens sont intéressés à une recomposition au Moyen-Orient pour contrer l’Iran qui constitue une menace existentielle. Deux axes dirigés contre Israël créent la menace existentielle. D’une part les djihadistes maintiennent leur objectif d’éradiquer Israël. D’autre part, l’axe Syrie, Hezbollah, Iran constitue un front dangereux. Israël s’est refusé à prendre position dans le conflit syrien, a fortiori d’intervenir directement. Il préfère le pacte tacite de non-agression qui permet de maintenir le calme au Golan et à la frontière libanaise. Les frappes de convois d’armement à destination du Hezbollah ne sont pas considérées comme une ingérence israélienne mais comme des mesures ponctuelles.

Pendant que se prépare une recomposition du Moyen-Orient, Israël reste attaché au maintien du statu quo.  L’Égypte a compris que Daesh était un élément secondaire pour Israël. Les faits sur le terrain et les déclarations publiques prouvent que Daesh et Israël évitent d'entrer en confrontation directe. Constitué d’anciens militaires et policiers de Saddam Hussein, licenciés et démobilisés par les Américains, Daesh a un compte à régler avec la gouvernance irakienne pour reprendre le pouvoir dans son pays. C’est une tâche déjà trop lourde pour lui permettre d’ouvrir un autre front connaissant la force militaire de Tsahal. Par ailleurs, les discours politiques ne comportent aucun appel à combattre Israël ni même à libérer Jérusalem. Les Palestiniens ne les intéressent pas.
Ainsi donc les Égyptiens pensent qu’en réglant le conflit israélo-palestinien on règle le chaos au Moyen-Orient. C’est pourquoi le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri a rencontré Benjamin Netanyahu pour tenter de relancer les négociations de paix israélo-palestiniennes. Il s’agit de la première visite d'un ministre égyptien des Affaires étrangères en Israël depuis neuf ans. La dernière visite, en Juillet 2007, a été celle du ministre des Affaires étrangères Ahmed Aboul-Gheit, qui était venu à Jérusalem avec son homologue jordanien Abdul Ilah Mohammad Khatib pour discuter de l'initiative de paix arabe avec Tsipi Livni  et Ehud Olmert .
Cette visite égyptienne entre dans la proposition faite en mai par le président égyptien al-Sissi d'aider à relancer le processus de paix israélo-palestinien, au point mort depuis plus de deux ans. Selon Sameh Choukri : «Le règlement du conflit israélo-palestinien aurait un impact significatif et considérable sur la situation globale dans la région du Moyen-Orient. L'Égypte est toujours prête à contribuer aux efforts pour réaliser cet objectif».
Point de passage de Rafah entre Gaza et l'Egypte

L'Égypte a maintes fois joué un rôle de médiateur dans le conflit israélo-palestinien, en tant que seul pays arabe avec la Jordanie à avoir des relations diplomatiques. Sameh Choukri s'était rendu en juin à Ramallah pour rencontrer le président de l’Autorité palestinienne ainsi que des responsables palestiniens. Les milieux israéliens laissent entendre que la visite du ministre égyptien préparerait une visite de Netanyahu au Caire.
La visite de Sameh Choukri fait suite à la réunion à Paris, le 3 juin 2016, de la trentaine de ministres et de représentants de pays arabes et occidentaux, de l'ONU et de l'Union Européenne, pour soutenir une initiative française visant à organiser une conférence internationale incluant Israéliens et les Palestiniens à la fin de l'année. Cette initiative a été totalement rejetée par Netanyahou mais soutenue par les Palestiniens. Il n’est pas impossible que cette visite ait pour but de réduire les réticences israéliennes.
Isaac Molho

L’Égypte veut accueillir des pourparlers directs entre Israël et les Palestiniens au Caire avec la participation des responsables égyptiens et jordaniens. L’émissaire spécial de Netanyahou, Isaac Molho, a coordonné la visite du ministre des Affaires étrangères égyptien après de nombreuses discussions au Caire, presque chaque semaine, avec Al-Sissi.
Israël y voit un intérêt certain si ce groupe de travail mène à des négociations directes entre Israël et les Palestiniens. Les Égyptiens proposent de lutter contre le terrorisme en gelant les travaux de constructions dans les implantations, de transférer les pouvoirs civils aux Palestiniens et d’assouplir les conditions économiques de l'Autorité palestinienne. Ces étapes devraient conduire à la solution à deux États. Netanyahou devra pour celui neutraliser la grogne de son aile droite et des amis de Naftali Bennett à moins que les pourparlers directs ne poussent les Travaillistes à entrer dans un gouvernement d’union pour booster une solution rapide.

2 commentaires:

Yan Arie WOLFF a dit…

Jacques, vous écrivez:
"Israël y voit son intérêt car le morcellement d’États ennemis, en plusieurs entités moins menaçantes, réduit les risques et cela explique sa stratégie du statu quo. "

Ca me fait sourire, car je me souviens que dans les années 50, au temps heureux de la guerre froide, et de la RDA, Francois Mauriac disait:
-J'aime tellement l'Allemagne, que je préfère qu'il y en ait deux !
Les moeurs n'ont donc pas changé.

Anonyme a dit…

Bonsoir Jacques,
Excellente analyse d'une situation ambiguë que le monde entier, et en particulier l'Europe avec en tête la France, se refuse de comprendre pour des intérêts politiques, à mes yeux petits et mesquins. Mais que peut-on attendre d'un monde pour qui les résultats d'un match de football (et j'aime beaucoup le foot) sont plus importants que le conflit syrien ou le nombre de morts à Bagdad.
Bravo et Merci. Que ces bonnes paroles atteignent les oreilles adéquates.