RADIO KOL-ISRAËL :
ÉCHEC PRÉVISIBLE DES NÉGOCIATIONS ISRAÉLO-PALESTINIENNES
Par Jacques
BENILLOUCHE
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Personne n’était prêt à parier
un centime sur l’issue favorable des négociations de paix alors que les deux
parties, israélienne et palestinienne, n’y croyaient pas elles-mêmes. Aujourd’hui
les Américains craignent un effondrement des pourparlers dont la date butoir
est prévue pour le 29 avril. Ils les ont imposés en usant de la méthode Coué,
espérant que les contacts humains pouvaient favoriser une ouverture
diplomatique. Benjamin Netanyahou avait accepté, contre l’avis de membres
importants de sa coalition, de libérer des prisonniers palestiniens sans
contrepartie.
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Journal de Kol-Israël du 23 mars 2014
Jacques BENILLOUCHE
au micro de
Annie GABBAI
Ping-Pong
Mais Mahmoud Abbas lambine
sachant qu’il ne se sent pas homme à apposer sa signature sur un traité quelconque
avec les Israéliens. Il soulève de nombreux obstacles en guise d’arguments. Dans
une sorte de jeu de ping-pong, les Israéliens ne s’estiment plus obligés de
libérer la quatrième tranche de prisonniers si les négociations capotent. En
écho, Mahmoud Abbas considère que le refus de libérer ces prisonniers lui
laisserait les mains libres pour agir sur le plan international.
Il est paradoxal que le président de l’Autorité s’affiche comme le
leader du blocage puisqu’il se vante d’avoir résisté à la pression des États-Unis.
Il a été accueilli en héros à Ramallah, non pas comme faiseur de paix, mais
comme expert en intransigeance. Il semblait fier que sa position n’ait pas
avancé d’un pouce lors de ses entretiens avec Barack Obama à Washington. Rien n’a
d’ailleurs n’a transpiré de ces entretiens, explicitant ainsi l’échec des
négociations. Il a refusé de faire un pas sur la reconnaissance d'Israël en
tant qu'État juif et a marqué son opposition au déploiement à long terme de
troupes israéliennes dans la vallée du Jourdain.
Marwan Barghouti |
En fait Mahmoud Abbas voulait obtenir des concessions sans en
faire. Il avait absolument besoin de la libération du dernier contingent de
prisonniers pour des raisons internes à l’Autorité palestinienne et pour
pouvoir se présenter en héros national. En effet le dernier groupe de
prisonniers représenterait une victoire pour lui. Il comprend des Arabes israéliens
qui lui permettraient de légitimer son pouvoir sur les Arabes à l’intérieur de
la ligne verte et justifieraient sa volonté de ne pas considérer Israël comme État
juif puisque 20% d’Arabes y vivent.
Résoudre les problèmes internes
Mohamed Dahlan |
Le président a besoin de consolider sa position vis-à-vis des
dirigeants palestiniens et c’est pourquoi il pose comme condition la libération
des prisonniers en échange d’une prolongation des discussions au-delà du 29
avril, sans que l’on sache ce qu’il y aurait de nouveau dans sa stratégie. Le
Président est exigent puisqu’il réclame l’arrêt des constructions dans les
implantations et la libération de trois grands chefs palestiniens : Marwan
Barghouti, leader de l’OLP, Ahmad Sadaat du FPLP et Foad Shawbki de l’OLP. Il a
besoin d’eux pour contrecarrer l’influence grandissante de l’ancien homme fort
de Gaza et ancien chef des services de sécurité qui conteste de plus en plus le
leadership de Mahmoud Abbas au point de revendiquer
sa place.
Il est improbable qu’Israël accepte de se défaire de telles cartes
maitresses en échange d’une seule prolongation des discussions, sans assurance
de résultats, pour le seul effet de maintenir sur son siège Mahmoud Abbas. Il
est vrai que la libération de Marwan Barghouti, qui dispose d’un grand capital
de sympathie auprès de tous les Palestiniens, pourrait faire bouger les lignes
mais Benjamin Netanyahou attend des engagements tangibles de l’autre partie.
Alors les États-Unis, qui s’inquiètent de la stagnation des
pourparlers, envisagent d’user de leur arme suprême, la libération de Jonathan Pollard contre la libération des prisonniers
Palestiniens mais il n’est pas sûr que Barack Obama appuie cet échange. De son
côté, le premier ministre israélien refuse de faire le lien entre Pollard et
les Palestiniens s’agissant de deux sujets différents. Jonathan Pollard n'est pas un terroriste, n'a pas de sang sur les mains et a passé plus de 28 ans en prison pour avoir informé Israël. Le temps est venu de le libérer sans condition. La situation est donc
bloquée et il faudrait un miracle pour qu’elle évolue de manière positive.
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