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samedi 15 février 2020

Hezbollah et Hamas face à l'obsession d'un assassinat


HEZBOLLAH ET HAMAS FACE À L’OBSESSION D’UN ASSASSINAT

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
          
Nasrallah-Sinwar

          L’assassinat du général iranien Kassem Soleimani a créé une psychose au sein du Hamas et du Hezbollah qui craignent un assassinat de leur chef respectif Yahya Sinwar et Hassan Nasrallah. Le départ à l’étranger, pour de longs mois, d’Ismaël Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, serait lié à cette crainte et serait surtout justifié par la volonté d’échapper à une éventuelle élimination. D’ailleurs, Sinwar a refusé de se rendre le 10 février en Égypte pour négocier un accord de cessez-le-feu à long terme avec Israël. Il estime sa vie en danger. En effet, le ministre de la défense, Naftali Bennett, lui a adressé une menace à peine voilée si le Hamas persistait à poursuivre ses attaques contre les villages juifs limitrophes.





Baha Abu Al Atta

            Il n'est pas certain que les Américains autoriseront l'élimination du chef du Hamas, mais cette perspective reste présente si les missiles continuent à survoler le ciel du sud. Sinwar, absent de la réunion en Egypte, a simplement transmis à sa délégation le soin d’informer les négociateurs qu’il n’est pas intéressé par un accroissement de la tension à Gaza et que son assassinat serait le signal d’une flambée de violence sur tout le front. De toute façon, par mesure de précaution, la sécurité a été renforcée autour de sa personne après réduction importante de ses déplacements et des réunions publiques. Il craint aussi le même sort qui a été réservé au commandant du djihad islamique, Baha Abu Al Atta, éliminé en novembre 2019.
            Il a transmis son message à la délégation égyptienne qui a rencontré des membres israéliens du Conseil de sécurité nationale et du Shin Bet. Il fait même un peu de zèle en demandant aux Égyptiens d’envoyer leur armée contrôler la frontière avec Gaza pour s’opposer à l’infiltration de djihadistes depuis le nord Sinaï.
Nouvelles règles de voisinage

            Le Hezbollah est aussi dans la tourmente car il est convaincu que le danger se rapproche autour de son chef Hassan Nasrallah qui vit caché depuis de longs mois dans un bunker protégé en évitant les apparitions publiques. Il sait que les règles du jeu ont changé après l'assassinat de Soleimani et comme pour Sinwar, ses proches ont renforcé les mesures personnelles de sécurité.
            Mais le Hezbollah n’a pas que ces difficultés à résoudre car il fait face à plusieurs défis internes et externes. L’élimination de Soleimani a créé un vide pour le programme de ses missiles de précision et pour l’accroissement de ses capacités militaires. L’opération israélienne Northern Shield, qui a neutralisé les tunnels d'attaque du Hezbollah, a porté un coup à ses capacités stratégiques. L’aide militaire de l’Iran a été réduite compte tenu des frappes israéliennes en Syrie tandis que les capacités financières sont touchées par les sanctions internationales.

            Nasrallah était trop proche de Soleimani pour ne pas se sentir affaibli par sa disparition. Venant après l’élimination en 2008 d’Imad Moughniyeh, commandant militaire suprême du Hezbollah, il a du mal à trouver un bon remplaçant. Si le successeur de Soleimani, Ismail Ghaani est un expert du front de l'Afghanistan et du Pakistan, il est néophyte dans l'arène libanaise. C’est pourquoi on lui a adjoint Mohammad Hossein-Zadeh Hejazi, expert en missiles de haute précision mais surtout très introduit au Liban.
            Le Hezbollah a besoin de calme pour se reconstituer et se réorganiser, donnant ainsi quelques mois de répit à Israël. Bien sûr Nasrallah est contraint de continuer à diffuser ses discours de haine enflammés mais le doute s’est instauré dans sa maison jusqu’à empêcher toute aventure militaire dans les mois à venir, sauf coup de folie ou volonté de suicide. 
        Il reste cependant présent sur la scène libanaise car la démission de Hariri lui a permis de consolider sa stature politique. Au sein du nouveau gouvernement libanais, les chiites du Hezbollah et d’Amal restent les deux forces les plus puissantes et les plus influentes mais elles n’ont pas les moyens de supprimer la corruption et de réduire la dette nationale et le chômage. Alors, paradoxalement, le Hezbollah adopte un profil bas pour stabiliser la situation politique afin de s’assurer le contrôle des centres de décision du pays, avec l’aide du président Aoun.
            Tsahal évalue donc que ce n’est pas demain qu’il cherchera à utiliser ses 150.000 missiles et roquettes qui menacent les villes d’Israël. Mais l'alerte reste permanente au sein de l'Etat-major.

2 commentaires:

Marianne ARNAUD a dit…

Cher monsieur Benillouche,

Vous écrivez : "Il sait que les règles du jeu ont changé...", mais de quelles "règles" et de quel "jeu", parlez-vous ?
Voulez-vous dire que le Droit International qui s'exprime par l'ONU dans ses résolutions, ne s'appliquera pas à Israël ?
Et quant au Liban, n'est-il pas victime du différend Isrélo-Palestinien, lui qui, avec ses 4 millions de citoyens Libanais, voit les 2 millions de réfugiés Syriens s'ajouter aux 500 000 réfugiés Palestiniens, à qui la Pax Americana n'accorde pas le droit au retour ?

Très cordialement.

V.Jabeau a dit…

Les 2 millions de réfugiés syriens n’ont rien à voir avec le conflit israélo palestinien, ils sont la malheureuse conséquence de la guerre civile en Syrie et de la volonté de Poutine d’y maintenir le régime et les accès de la Russie à la Méditerranée, en y perpétrant des crimes de masse. Si vous avez des doutes lisez par exemple les articles et le fil Twitter de Nicolas Tenzer.
Le Liban, fantasme français, est dirigé par des mafieux au premier rang desquels M. Aoun, un chrétien qui trahit sans vergogne ses concitoyens au profit du Hezbollah.