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lundi 24 février 2020

J-10 avant le scrutin en Israël : les jeux sont faits



J-10 AVANT LE SCRUTIN EN ISRAËL : LES JEUX SONT FAITS

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
            

          Lors des dernières élections, nous avions pratiquement des sondages tous les jours de la part de plusieurs instituts mais pour ce scrutin les électeurs sont peu consultés car rien ne change. Certes il faut être prudent et ne pas trop croire aux résultats publiés sachant que certaines publications sont inféodées à un clan, jetant ainsi des doutes sur les chiffres réels souvent télécommandés. Les sondages ont toujours été décriés en Israël parce qu'ils se sont souvent trompés, voire toujours. 



        L’électeur israélien n’attend pas la dernière minute pour décider de son choix pour l’élection législative du 2 mars 2020. Il est généralement fidèle à son parti et les meetings ou émissions télévisées le font rarement changer d’avis. A la rigueur pourrait-il hésiter entre le Likoud et Yamina à droite ou entre Kahol-Lavan et l’union de la gauche au centre, mais un transfert important de voix d’un clan à un autre est exclu en raison même du système à la proportionnelle intégrale qui module les variations brusques. Les raz de marée comme en Europe sont des notions inconnues en Israël.
            L’intérêt des réunions de campagne est faible car seuls des militants convaincus se déplacent pour entendre ce qu’ils aiment entendre, la même chanson, la même rengaine des deux premiers tours. Les électeurs israéliens changent rarement d’avis sauf si un événement grave intervient, et encore ! C’est pourquoi les sondages sont dans une phase stationnaire, dans une sorte d’encéphalogramme plat avec des écarts de deux à trois députés récupérés généralement au sein du même clan de droite ou de gauche.
            La presse a tenté d’animer la campagne électorale en laissant croire à quelques surprises, quelques trahisons, quelques renoncements et quelques vengeances, à la rigueur à un sursaut face à un blocage institutionnel. Rien de semblable n’est intervenu pour déplacer le curseur des élections. Malgré sa mise en accusation et sa convocation au tribunal le 17 mars, Netanyahou mène la course à droite; ses électeurs aussi bien que les dirigeants du parti lui sont totalement dévoués, presque des idôlatres. La convocation par la justice n’entame en rien leur détermination même si les intérêts personnels priment souvent sur l’intérêt du pays.
Droite et gauche liées

            Pour l’instant, selon cinq instituts de sondages, la droite évolue entre 54 et 57 députés tandis que l’opposition du centre et de la gauche oscille entre 42 et 44 députés. Les députés arabes, avec 13 à 14 sièges sont comptés à part, comme des pestiférés bien qu’élus de la nation. Personne ne veut d'eux et les partis sionistes insistent pour affirmer qu'en aucun cas ils ne feraient appel à eux. 
            De son côté, Avigdor Lieberman s’est brouillé avec le Likoud au point d’envisager sérieusement de rejoindre Benny Gantz. Il vient de déclarer que la carrière politique de Netanyahou est terminée, il «ne peut plus être premier ministre». Il jure que son parti ne recommandera pas Netanyahou pour former un gouvernement après les élections israéliennes du 2 mars mais il «aimerait beaucoup voir» son parti dans une future coalition. Il a même déclaré qu’il ne voyait aucun inconvénient à siéger aux côtés d’Amir Peretz avec lequel il avait eu plusieurs expériences gouvernementales et aussi d'Orly Levy-Abecassis qu’il avait reçue à son parti.
            Mais les 7 à 8 députés de Lieberman amèneront au mieux 52 sièges à l'opposition , moins que la droite réunie à qui il manque quelques députés pour obtenir une majorité. Alors intervient la politique politicienne. A vouloir affaiblir absolument Yamina par des attaques en règle pour permettre au Likoud d’arriver en tête, Bennett et Shaked sont tentés de voir ailleurs en apportant dans la corbeille de mariage leurs quelques députés. On comprend que le Likoud vise uniquement ses alliés pour les réduire afin d’arriver à la première place quitte à les placer au dessous du seuil d'éligibilité. 
            Mais les hommes politiques doivent prendre en compte la lassitude d’une population qui rechigne à être sans cesse appelée à voter. Un quatrième scrutin serait lui donner le coup de grâce. Mais Lieberman s’est engagé à l’empêcher soit en rejoignant Netanyahou ce qui serait une grosse surprise après les noms d’oiseaux qu’ils ont échangés ces derniers temps. On le voit plus accepter de faire partie d’un gouvernement minoritaire dirigé par Benny Gantz sous réserve de mettre à l’écart la liste arabe qui culmine à 14 députés. 

      Personne ne veut de députés arabes dans un éventuel gouvernement mais les partis sont prêts à monnayer leur neutralité en cas de vote d’une motion de censure. Si un gouvernement minoritaire Netanyahou est constitué, il aura toute l’opposition contre lui dans une motion de censure. Si Gantz choisit la voie d’un gouvernement minoritaire, alors jamais la droite ne pourra rassembler 61 députés pour le faire tomber. Mais certains à droite, par dépit, assimilent la neutralité des Arabes à une participation de fait au gouvernement. D’autres à gauche estiment qu’il est difficile d’ignorer pendant longtemps encore 20% de la population et qu’il est normal de les associer à la gouvernance du pays ; un bon moyen pour les écarter de l’Autorité palestinienne et pour leur donner un certificat arabe de sionisme. 
         Gantz a promis d'appeler un Arabe et un Druze dans son gouvernement. Il est prêt à offrir des compensations aux Arabes qui ne lui barreront pas la route pour le pouvoir en échange de financements pour leurs villages, leurs routes et leurs écoles, voire même leurs hôpitaux. Itzhak Rabin avait expérimenté son gouvernement minoritaire en 1992 qui fut rejoint moins de deux mois plus tard par des députés qui ont fini par accepter un portefeuille ministériel ou une présidence de commission. La faiblesse de l'homme fait qu'il recherche toujours les honneurs.
      Certains au Likoud, parmi les amis de Gidéon Saar, ne supporteraient pas longtemps de siéger dans les rangs de l’opposition après avoir été marginalisés pendant longtemps par le Lider Maximo. Par discipline et par conviction, ils ne sont pas prêts à tuer le père avant les élections mais si Netanyahou est écarté de la gouvernance alors, ils peuvent reprendre leur liberté pour éventuellement créer une entité autonome de frondeurs qui garderait sa spécificité de droite, représentant le Likoud historique de Menahem Begin, totalement compatible avec les anciens à l'instar de Moshe Yaalon.

            Au sein de Bleu-Blanc, certains apprécieraient cette caution de droite qui éviterait des dérives «gauchistes» du gouvernement de coalition. Cette éventualité est prise au sérieux par Benjamin Netanyahou qui fustige la droite de Yamina à qui on aurait fait des propositions alléchantes s’il elle rejoignait Benny Gantz, en particulier les ministères de la justice et de la défense. Cette option parait improbable mais elle entre dans le cadre de la méthode Coué; elle existe pour faire monter les enchères pour un groupe qui ne parvient toujours pas à dépasser 7 députés.
            Ces gesticulations prouvent cependant que l’intérêt de l’État est bafoué car les députés songent plutôt à leurs intérêts sans aucune morale politique. C’est toujours moi ou le chaos, malgré la possibilité d’un gouvernement d’union nationale si les exclusives sont levées. Mais en fait, le pays se porte bien sans gouvernement ; seules les grandes décisions sont exclues.

3 commentaires:

Max a dit…

Je serais tres prudent en ce qui concerne les sondages: ils représentent beaucoup plus la droite que le centre. Au centre se retrouvent beaucoup de citoyens désabusés, comme moi, qui refusent de repondre aux demarcheurs/sondeurs. Beaucoup de mes connaissances voteront “strategique” et non pas conviction quite à se retrouver après les élections dans l’opposition au parti qu’ils ont mis au pouvoir mais debarassés d’une clique jugee malhonnête.

Anonyme a dit…

Pouvez-vous me rappeler ainsi qu'à vos lecteurs le nombre de députés arabes qui reconnaissent Israël comme Etat juif ?
Combien de pays démocratiques dans le monde à part Israël acceptent dans leur Parlement des députés qui refusent de respecter les Lois fondamentales ou la Constitution?

Yves a dit…

Et n oublions pas qu en echange de leur soutien tacite, les parlementaires arabes anti sionnistes exigent l annulation d une loi qui reduisait la construction illegale et le retrait de la loi de la nation qui donnait une valeur juridique a l appelation de l Etat d Israel. Et les parlementaires arabes qui sont tous farouchement pro bds et soutiennent indirectement les terroristes ne representent pas je l espere l ensemble des 20 pourcents d Israel qui sont arabes. D ailleurs une partie d entre eux ne votent pas pour ces partis...