LES PALESTINIENS A L’UNESCO
Par Jacques BENILLOUCHE
GUYSEN-TV - JOURNAL DU 30 OCTOBRE 2011
Jacques BENILLOUCHE
au micro de
Danielle ATTELAN-GOLDMINC
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L’Autorité palestinienne est devenue le 31 octobre 2011 membre à part entière de l'Unesco après un vote organisé lors de la conférence générale de cette agence des Nations unies chargée de l'éducation, la science et la culture. La France a fait savoir qu'elle avait voté en faveur de cette adhésion qui a été adoptée par 107 voix pour, 52 abstentions et 14 voix contre. Les États-Unis, le Canada et l'Allemagne ont voté contre l'Autorité palestinienne qui passe ainsi du statut d’observateur à membre.
Organisation politisée
Le vote a été sans surprise puisque les pays arabes et leurs alliés disposaient d’une majorité confortable tandis qu’aucun veto ne pouvait être opposé lors de cette conférence générale. Les israéliens n’avaient aucun moyen de contrer une telle demande et avaient fini par être résignés. Les États-Unis ont affirmé, sans aucune réserve, qu’ils s’opposaient à cette demande parce qu’elle venait trop tôt alors que le Conseil de Sécurité doit se prononcer dans deux semaines sur la déclaration unilatérale d’indépendance de la Palestine. N’ayant pas été entendus, ils ont décidé de retirer à cette institution leur contribution financière qui s’élève à 22% du budget total.
Ce n’est pas la première fois qu’ils agissent ainsi contre l’Unesco. Ronald Reagan avait décidé que la quitter en décembre 1984 car il l’estimait trop politisée alors que l'Organisation des Nations-unies pour l'éducation, la science et la culture a des objectifs précis définis par ses statuts. Son premier programme devait reposer sur «une philosophie exempte de tout sectarisme, globale et universelle, fondée sur un humanisme mondial, scientifique, évolutionniste». Les américains s’étaient alors inquiétés de voir que des «tendances dans la politique, l'orientation idéologique, le budget et la gestion de l'Unesco nuisent à l'efficacité de l'Organisation». Ils avaient réintégré l’Organisation le 29 septembre 2003.
Vote symbolique
Le vote à l’Unesco est un vote purement symbolique. L’entrée des palestiniens dans l’organisation pourrait être l’occasion pour eux de s’imprégner de la démocratie occidentale qui fait défaut dans les pays arabes. Ils ne doivent pas oublier qu’elle a pour objectif, selon son acte constitutif, de « contribuer au maintien de la paix et de la sécurité en resserrant, par l’éducation, la science et la culture, la collaboration entre nations, afin d’assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion.»
S’ils décident d’utiliser cette tribune pour fustiger en permanence l’État d’Israël, ils n’obtiendront aucun résultat tangible et l’Unesco deviendra alors une organisation de plus, influencée par les pays à pétrodollars qui régissent le comportement de la majorité de ses membres. Israël quant à lui sait que sa situation ne changera pas et qu’il ne trouvera jamais grâce parmi les États du globe qui jugent toujours les actes juifs de manière strictement négative. Alors l’Unesco reprendra, par ses résolutions «unanimes», ses habitudes de blâmer, de critiquer et bien sûr d’accuser Israël à chaque occasion qui se présentera. Les diplomates juifs constateront que les gesticulations pacifiques et la volonté d’Israël de prôner une politique d’apaisement ne rencontrent jamais, en face, une acceptation réelle pour promouvoir la paix.
Si, en revanche, les palestiniens défendent la protection des institutions éducatives et culturelles, la garantie du droit à l’éducation et de l’accès à la culture, la promotion de la diversité des expressions culturelles et la préservation de leur patrimoine, alors ils pourront trouver des oreilles attentives. Mais ils ne pourront pas utiliser l’Unesco pour obtenir un quelconque droit de propriété sur certains sites religieux protégés car alors ils trouveront des pays déterminés à leur faire barrage.
Position française décevante
Les français, qui gardent l’œil fixé sur la ligne d’horizon de leur balance commerciale, semblent vouloir faire cavaliers seuls en se désolidarisant des États-Unis, du Canada et de l’Allemagne. Le Quai d’Orsay persiste dans sa volonté de se distinguer dans sa doctrine vis-à-vis de l’État juif. En ne s’abstenant pas, comme d’autres pays européens, la France perd de sa crédibilité en Israël et donne des arguments aux centristes et aux sympathisants de droite qui hésitaient à rejoindre François Hollande et qui pourraient à présent le faire, non pas par conviction, mais par défaut, comme ceux qui avaient déserté Giscard d’Estaing en 1981, pour voter François Mitterrand.
Les israéliens vont de déception en déception. Les palestiniens pourront se targuer d’avoir obtenu une victoire diplomatique mais la question ouverte reste l’usage qu’ils en feront.
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