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jeudi 15 décembre 2011

ELECTIONS 2012 :MARINE LE PEN CHANGE LA DONNE EN ISRAËL



Elections législatives 2012 :

MARINE LE PEN CHANGE LA DONNE EN ISRAËL

Par Jacques BENILLOUCHE

                 


      La décision du Front National de présenter un candidat à l’élection législative de 2012 dans la 8ème circonscription des français de l’étranger comprenant entre autres, Israël, l’Italie, la Grèce et la Turquie  change la donne. La campagne, qui ronronnait sur des sommets détestables tant la haine était déversée entre adversaires, tous juifs, va trouver un deuxième souffle car ceux qui étaient convaincus d’être certainement au deuxième tour risquent d’être déçus dans leur certitude.
L’information  ne surprend pas puisque nous avions déjà écrit en mars 2011 que la présidente du Front national et candidate à la présidentielle de 2012 cherchait depuis plusieurs années à gagner le vote juif en Israël et en France. Une stratégie de rupture avec son père soigneusement élaborée. Il n’y a certes pas de vote juif car l’électorat de 200.000 votants en France et de 8.000 en Israël se répartit normalement selon l’échiquier politique traditionnel. Mais un signe de réconciliation du Front National avec les citoyens juifs peut offrir un certificat d’honorabilité et de démocratie à une candidate alors que l’esprit antisémite de certains membres éminents colle encore à la peau du parti. Un dialogue avec cette communauté peut lui donner une nouvelle crédibilité en effaçant les scories qui entachaient le parti et lui amener de nombreux électeurs français qui accepteront de donner à présent leur voix à une extrémiste repentie.

La force et l’ordre

                L’entrée en lice de Michel Thooris n’est pas une candidature de témoignage. Conseiller politique de Marine Le PEN à la sécurité,  il sera le 6ème candidat déclaré à ces élections. Il vient de faire un voyage de contacts en Israël en compagnie de Louis Aliot, le compagnon de Marine Le PEN. Dans l'organigramme officiel de campagne, présenté jeudi 6 octobre par la présidente du F.N, il est l'un des 43 conseillers politiques qui entourent la candidate, plus précisément en charge de la sécurité. Michel Thooris, 31 ans, est un syndicaliste policier qui fut tour à tour encarté au Syndicat national des policiers en tenue (SNPT, gauche) puis à Action Police CFTC, qu'il a contribué à fonder. 
        Sa désignation n’est pas fortuite. Il symbolise la force et l’ordre qui pourraient rassurer ceux qui sont inquiets de la montée d’un islamisme pur et dur en France et bien sûr dans le camp palestinien. La caution d’un pays comme Israël sera utile au moment où le débat sur l’islamisme s’ouvre en Europe.
Un courant de sympathie s’est déjà développé à l’égard de Marine Le Pen dans la communauté francophone par des éléments les plus extrêmes qui lui servent de fer de lance pour répandre la propagande frontiste dans la communauté juive française à travers un site à la politique éditoriale douteuse. La haine est leur fond de commerce. La haine de l’arabe, la haine du gouvernement israélien jugé timoré, la haine des travaillistes et des centristes,  la haine des gens de gauche décrits comme «vermines gauchistes juifs», et  la haine des corps constitués juifs. Marine Le Pen est la seule à avoir grâce à leurs yeux. 

Sensibles aux thèses du F.N

Le communiqué d’un pseudo «front juif anti collabos» prône «qu’aucune voix juive ne doit manquer à Marine le Pen, la seule personnalité politique d’envergure nationale, réellement opposée au nazislamisme».  Mis à part le fait qu’ils banalisent le terme de nazi qui ne devrait être utilisé que pour qualifier les monstres criminels de la Shoa, ils réussissent à permettre la pénétration des idées du FN parmi les français d’Israël. Nous constatons donc le paradoxe qu’en Israël, pays juif, la peur gangrène les esprits.
Le raisonnement est limpide. Le musulman étant l’ennemi commun, ceux qui le combattent deviennent des amis. Or Marine le Pen n’hésite pas à enfoncer le clou de «l’islamisation de la société» en se démarquant des propos contestés de son père sur les chambres à gaz et les camps nazis et a exclu du parti ceux qui arboraient de façon voyante un antisémitisme qui n’était plus de cours. En se rapprochant des juifs et d’Israël, elle veut faire du F.N un parti républicain qui pourrait attirer à lui les déçus du sarkozisme et du socialisme. Nombreux sont ceux qui ne veulent pas voter à gauche et qui en veulent à Nicolas Sarkozy d’avoir été timide dans ses approches proche-orientales malgré ses promesses de campagne. Ils trouvent ainsi une ouverture qualifiée de dangereuse.
Louis Aliot au Kotel
Une nouvelle information de circonstance, dévoilée par le responsable lui-même à l’occasion d’une interview en Israël, attribue  à son compagnon le virage opéré par la présidente. Louis Aliot, dont le grand-père est juif, originaire de Médéa, en Algérie, se targue de compter parmi ses contributeurs des auteurs juifs, dont l’ancien chef des jeunes frontistes aux origines juives ukrainiennes. Louis Aliot avait fait fort en obtenant un entretien entre Marine le Pen et Ron Prosor, l'ambassadeur d'Israël à l'ONU, qui ne peut être accusé d’inexpérience puisqu’il a été en poste à Berlin, Londres et Washington. Marine Le Pen avait aussi participé à une réunion à huis-clos à Miami face à des membres de l'American Israel Public Affairs Committee (Aipac), le lobby juif américain.

Nouvelle dialectique

Les Français sont très sensibles aux thèmes de l’immigration et de l’islam radical. Le choc du vote des tunisiens vivants en France à 48% pour les candidats islamistes a marqué les esprits. Marine Le Pen a donc caressé dans le sens du poil certains membres des organisations juives au point d’entrainer une cassure entre les partisans juifs du F.N et les autres. Le CRIF reste certes fondamentalement engagé contre le F.N mais il ne représente pas la totalité du corps électoral juif et pas du tout les électeurs français d’Israël.
La candidature de Michel Thooris va déplacer le débat du thème communautaire vers les thèses politiques. Le clivage politique traditionnel refera surface. Trois candidats de droite dont Valérie Hoffenberg et Edward Amiach, un centriste Gil Taïeb et la socialiste Dapha Poznanski devront dorénavant affuter leur arguments face à un candidat du F.N. Il pourra faire la différence dans les autres pays qui représentent la moitié du corps électoral de la circonscription et renvoyer à leurs études les candidats qui ont eu un discours monolithique pro-israélien. Il prendra des voix aussi bien à droite qu'à gauche car le dogme anti-islamiste du programme primera sur les idées. Ceux qui se lassent des querelles intestines entre candidats juifs pourraient, par dépit, voter pour lui et lancer un avertissement aux francophones pour qu'ils apprennent à s'unir.  
Le débat en Israël, parmi les 10.000 votants habituels, va prendre de la hauteur et perdre en invectives, en injures et en platitudes mais il peut contaminer la France car les partisans juifs de Marine Le Pen sont en mesure de convaincre les électeurs français non juifs qu’une nouvelle star est née puisque, grâce à son compagnon, elle s’éloigne de l'antisémitisme encombrant des anciens collabos et des pétainistes.  

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