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lundi 19 décembre 2022

Arie Dehry, l'homme fort du prochain gouvernement


ARIE DEHRY, L’HOMME FORT DU PROCHAIN GOUVERNEMENT

Par Jacques BENILLOUCHE

copyright © Temps et Contretemps


       Shass, parti ultra-orthodoxe séfarade, n’est que le cinquième parti de la Knesset avec 11 députés et pourtant son leader Arie Dehry sera l’homme fort de la nouvelle coalition. Il représente la gauche sociale du gouvernement et à ce titre, Netanyahou l’a choisi pour contrebalancer l’influence de Bezalel Smotrich et d’Itamar Ben Gvir, les dirigeants sulfureux à la droite du Likoud. Le premier ministre désigné veut afficher le dirigeant le plus modéré de la coalition et d’ailleurs, il lui a offert de nombreux ministères sans rapport avec l’importance de ses résultats électoraux.




Dans l’accord de coalition, il est prévu que Dehry sera à la fois ministre de la Santé et de l'Intérieur avant de remplacer Smotrich au poste de ministre des Finances après deux ans. Shass aura en outre la responsabilité des services religieux et de l’aide sociale et nommera deux vice-ministres de l’Éducation et de l’Intérieur. Mais cela reste conditionné par l’adoption d’une nouvelle loi permettant aux députés condamnés à des peines de prison de devenir ministres, sachant que la loi en vigueur ne fait pas de distinction entre une peine avec sursis et la durée de sa peine. En effet, Dehry est un dirigeant expérimenté dont la carrière a été entachée par ses condamnations qui font désordre et qui lui enlèvent une légitimité certaine. En 1999, il avait été reconnu coupable de corruption, de fraude, d’abus de confiance, et condamné à trois ans de prison ferme. En décembre 2021, il a démissionné de la Knesset dans le cadre d'un accord de plaidoyer pour de nouvelles infractions fiscales.

Sortie de prison d'Arie Dehry


Et pourtant, parce qu’il pèse 11 sièges et qu’il est modéré, il est chargé de «gauchir» sa coalition, Netanyahou est prêt à le blanchir parce qu’il n’a pas d’autre solution. Le gouvernement dispose d’une majorité confortable qui lui permet les changements de la Loi fondamentale. En outre, il a décidé de faire de lui le ministre le plus élevé dans la hiérarchie en lui accordant le titre honorifique de vice-premier ministre, poste sans statut spécial. Mais il représente une certaine gauche sociale. Netanyahou a aussi besoin de lui au Cabinet de sécurité pour calmer les ardeurs des turbulents de droite.

Arie Makhlouf Dehry, né le 17 février 1959 à Meknès (Maroc), a fait son alyah en 1968 et n’a fait que des études talmudiques ce qui limite ses connaissances en matières profanes. Il a occupé très jeune des postes ministériels, ministre de l’Intérieur dans le gouvernement Rabin de 1992-93 au moment de la signature des Accords d’Oslo, ministre du Développement du Néguev et de la Galilée et ministre de l'Économie. Il a toujours été fidèle à Netanyahou et l’a soutenu systématiquement sans état d’âme. Il a été d’une certaine manière le meneur de l’orthodoxie religieuse : «J’ai toujours été à la fois un homme de paix et un partisan d’Eretz Israël, prêt à faire des concessions à condition qu’elles nous donnent en échange la paix et la sécurité, mais tout accord avec des ennemis doit s’appuyer sur un consensus en Israël, qui n’existe pas».

Mais le Shass fait face à un dilemme car Arie Dehry est une «colombe»  alors que sa base est «faucon» constituée des couches les plus pauvres des Juifs originaires des pays arabes, qui sont plus proches de l’extrême-droite que de la droite sur tout ce qui touche à un règlement de paix. Ils gardent vivace le sentiment des discriminations subies par les Juifs orientaux dans les années qui ont suivi la création de l’État. Le positionnement d’Arie Dehry au sommet de la hiérarchie est pour eux une sorte de revanche.

Foule marocaine dans le parce de la Knesset


On donne au premier ministre l’intention de constituer un super mini cabinet de sécurité composé avec Dehry et le ministre de la Défense, probablement Yoav Galant, où les grandes décisions seront prises en court-circuitant les autres ministres. Par des prises de position conformes à l’esprit de Netanyahou, il veut donner aux Américains une image plus modérée d’un gouvernement historiquement le plus à droite de l’Histoire d’Israël. Alors nommer un repris de justice comme vice-premier ministre peut donc se justifier à ses yeux.

 

2 commentaires:

yossef a dit…

un repris de justice récidiviste et qui plus est ultra orthodoxe c'est ouvrir la possibilité à tout un chacun de faire ce que bon lui semblera.

Georges Kabi a dit…

Yossef, mais tout un chacun fait ce que bon lui semble. L'industrie la plus rentable en Israel est l'escroquerie. Apres, vient la corruption gouvernementale et institutionnelle.
Nous sommes bien au Proche-Orient.
Jacques, pourrais tu m'expliquer pourquoi les fils de Bibi ont fait ou fonnt leurs etudes aux USA? La famille de Bibi prepare-t-elle une relocalisation?