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samedi 25 mars 2017

Une campagne électorale polluée, par Gérard AKOUN



UNE CAMPAGNE ÉLECTORALE POLLUÉE

Par Gérard AKOUN 
Judaïques FM
            
          
          Dix millions de téléspectateurs environ ont suivi sur TF1, lundi dernier, le premier débat électoral qui réunissait les cinq candidats, dont les scores dépasseront les 10%, au premier tour de l’élection présidentielle : Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Benoit Hamon, Jean Luc Mélenchon et François Fillon. Durant les trois heures et demie, qu’aura duré le débat, ils ont pu, chacun à leur tour, développer les grandes lignes de leur programme sur les sujets de société, les questions économiques et les enjeux internationaux, en répondant aux questions posées par deux journalistes.  Mais le temps imparti à chacun des candidats pour répondre ou contredire un adversaire était limité et les journalistes ne bénéficiaient pas d’un droit de suite.




            Nous avons donc assisté à une confrontation de programmes sans qu’il y ait eu réellement de débat entre les cinq compétiteurs, qui se sont présentés comme des candidats de rupture : pour Marine Le Pen avec l’Euro et l’Union Européenne, pour Jean-Luc Mélenchon avec la Vème République, pour François Fillon avec la gauche au pouvoir, pour Benoît Hamon avec le quinquennat de François Hollande, pour Emmanuel Macron avec le clivage gauche droite. A l’exception de François Fillon, fidèle à sa promesse de réduire drastiquement les dépenses et le déficit, tous les autres ont pu proposer de dépenser des milliards sans que l’on sache où ils les puiseraient.

            François Fillon n’émit que quelques réserves sur les projets économiques de ses adversaires, il a semblé  éteint,  pendant une bonne partie de l’émission ; il  s’attendait, sans doute, à être durement attaqué sur «les affaires», il fut attaqué en effet, de même que Mme Le Pen, mais  à fleuret moucheté, ce qui permit à  Jean Luc Mélenchon de se moquer des  «pudeurs de gazelle» des autres compétiteurs et d’appeler un chat un chat, en déclarant : «ici, il n’y a que deux personnes qui sont concernées par les affaires, M. Fillon et Mme Le Pen». Passé ce cap difficile, François Fillon se montra plus pugnace en rappelant au passage son expérience de Premier ministre.
            Qu’en est-il des autres participants ? Marine Le Pen, assurée par les sondages d’être présente au second tour, fit preuve d’arrogance et par moment de grossièreté mais je ne pense pas qu’elle ait prouvé, en agissant ainsi, qu’elle était capable de gouverner la France. Benoît Hamon, lui, se trouvait en compétition, d’une part avec Jean-Luc Mélenchon avec lequel il partage le même électorat et d’autre part avec Emmanuel Macron qui attire à lui la gauche social-démocrate. Il a choisi de s’attaquer, principalement à Emmanuel Macron. Ce fut une erreur comme l’ont montré les sondages qui ont suivi l’émission.

            On peut se poser la question suivante : A-t-il vraiment envisagé de gagner cette élection, ou la considère-t’il, déjà, comme perdue et se prépare-t’il, pour 2022 ou 2027, quand Jean-Luc Mélenchon lui aura laissé le champ libre ?  Emmanuel Macron, ne fut pas très à son aise et sa prestation s’en est ressentie, elle déçut ses partisans. Mais comment concilier toutes les composantes d’un électorat disparate : PS, centre droit, centre gauche, si ce n’est, en restant dans l’ambiguïté ? Seul Jean-Luc Mélenchon réussit à tirer son épingle du jeu. Il donna un peu de nerf à ce débat, maîtrisant son discours, faisant même preuve d’humour à l’occasion.  Je ne crois pas qu’un débat réalisé sous cette forme puisse convaincre les indécis à se déterminer et aux abstentionnistes à se déplacer, a fortiori, quand ils seront onze sur un plateau de télévision les prochaines fois !
            Les «affaires» ont été quasiment absentes du débat ; elles ont été évacuées très rapidement, sans doute pour ne pas le polluer, mais il ne sert à rien de pousser la poussière sous le tapis, elle finit par réapparaitre et souvent, plus rapidement qu’on ne le pense.  Le feuilleton Fillon a continué de plus belle : dans la journée de mardi, Le Monde a dévoilé que l’enquête Fillon avait été élargie à des faits de «faux et usage de faux» et d’«escroquerie aggravée». Mercredi le Canard Enchainé, encore lui, nous apprenait que François Fillon, alors député de Paris, avait touché 50.000 dollars en 2015, pour organiser une réunion à Saint-Pétersbourg, entre Poutine, un milliardaire libanais et le pédégé de Total. Pardon, pas Fillon mais la société 2F, dont il est l’unique actionnaire.


            Mais les affaires ne concernent pas seulement la droite. Lundi on apprenait que le ministre de l’intérieur Bruno Le Roux, député PS de Saint Denis, avait employé ses deux filles, depuis qu’elles avaient respectivement quinze et seize ans comme assistante parlementaire. Elles avaient bénéficié, entre 2009 et 2016, de 24 CDD qui leur avaient rapporté environ 55.000 euros. Cette affaire a été réglée, en moins de 24 heures, par le Président de la République et le Premier ministre. Le Parquet national financier s’en est saisi immédiatement et le ministre invité à démissionner, ce qu’il a fait. M. Cazeneuve a déclaré : «lorsqu’on est attaché à l’autorité de l’État, on est impeccable face aux institutions et aux règles qui les régissent. Sans quoi l’autorité de l’État est abaissée et, l’autorité de l’État ça commence par cette exigence et cette rigueur». Ainsi, il n’y aura pas de feuilleton Le Roux. 

3 commentaires:

Marianne ARNAUD a dit…

"Ainsi, il n'y aura pas de feuilleton Le Roux."
Quelque chose a dû m'échapper, je ne savais pas que monsieur Le Roux était candidat à l'élection présidentielle française !

Véronique Allouche a dit…


Après tout ça ne fera que le cinquième ministre démissionnaire de ce gouvernement Hollande ayant le même dénominateur commun: l'argent pas très propre.
Le président "qui n'aimait pas les riches"s'est entouré de collaborateurs qui n'ont pas négligé leur penchant pour l'argent au frais des contribuables.
Le Roux sans l'ombre d'un scrupule n'a pas trouvé à redire sur les CDD attribués à ces filles....
Fillon, pour l'instant, est sous la présomption d'innocence Monsieur Akoun. Vous l'oubliez trop, comme tous vos confrères!
Bien cordialement

Anonyme a dit…

Celui qui ferait campagne sur le retour du latin parlé ferait un tabac. Il sauverait la France de cette horrible décadence en offrant l'accès à 85% de la littérature de l'Occident.

Schola Nova