LE BEST-OF DES ARTICLES LES PLUS LUS DU SITE, cliquer sur l'image pour lire l'article


 

mercredi 29 décembre 2021

La menace croissante de l'islamisme turc en France par Francis MORITZ

 


LA MENACE CROISSANTE DE L’ISLAMISME TURC EN FRANCE

                 Par Francis MORITZ

 

Mosquée turque de l'association Mili Gorus à Grigny

Que constate la représentation nationale à propos du terrorisme en France ? Le premier juillet 2021, la commission conjointe du Sénat et de l’Assemblée nationale a publié son rapport relatif à l’activité́ de la délégation parlementaire au renseignement pour l’année 2020-2021. On y apprend notamment la persistance d’une menace terroriste à un niveau élevé, qui a changé de nature depuis 2015 sans faiblir. Le rapport recense 39 attentats dont 21 ont abouti et 18 ont échoué, perpétrés en France, causant la mort de 263 personnes. 22 attentats ont eu pour cible les forces de sécurité. Le mode opératoire a évolué, passant d’une menace projetée (2015) à une menace désormais endogène. 34 ressortissants étrangers ont été impliqués dans des projets depuis 2014 ce qui représente environ 20% du total des individus impliqués.


Lucile Rolland


Parmi eux, entre 2015 et 2017, deux tiers étaient originaires du Maghreb. Sur la période 2018/2020 ce pourcentage tombe à 23%. Plus de la moitié soit 54% des auteurs d’attentats sont originaires de Syrie et de Russie. Lorsqu’il s’agit d’auteurs étrangers, il apparaît que sur la période 2018/2020 environ la moitié avaient le statut de réfugiés ou de demandeurs d’asile. Sur la période antérieure 2015/2017 parmi les étrangers, la majorité était non-résidents ou titulaires d’un titre de séjour. La DGSI ainsi que le SCRT (Service central du renseignement territorial), dirigé par Lucile Rolland et d’autres qui s’y rattachent, sont chargés du suivi de l’islam en France. Depuis 2015, les autorités indiquent avoir déjoué 17 attentats en 2016, 20 en 2017 et 3 au premier semestre 2021.

Voici quelques-uns des enseignements tirés des attentats récents : il faut renforcer les échanges avec le monde psychiatrique et les préfets dans le cadre de la lutte contre la radicalisation car 15,8% des personnes enregistrées présentent des troubles psy. Il faut répondre aux signalements effectués par les réseaux sociaux.  En 2020, 141 procédures judiciaires ont été ouvertes pour apologie du terrorisme. Les attentats de la période récente soulignent un processus de radicalisation de plus en plus rapide et une accélération de la décision prise souvent du passage à l’acte, sans aucun contact avec des individus suivis sur le territoire national ou à l’étranger. Prise de nouveaux dispositifs juridiques de lutte contre l’islam politique. Les fermetures des lieux de cultes et l’extension à leurs dépendances. 

Les tentatives d’ingérence n’ont pas connu de réelle évolution, mais les risques se sont accentués Après une période d’adaptation, la DGSI a observé une certaine constance des activités d’espionnage et des tentatives d’ingérence ou d’influence menées sur le territoire national par les principaux services offensifs. La menace qui nous vient de Turquie se situe précisément dans ce cadre. On évalue à 600.000 personnes d’origine ou de nationalité turque présents sur le territoire. On se souvient que le ministre de l’Intérieur n’avait pu obtenir la signature de la charte républicaine par les associations culturelles d’obédience turque, qui refusaient d’être soumises aux lois républicaines.

Refus des associations turques de signer la charte républicaine

          Ce qui était un aveu.  La confédération islamique CIMG) qui est issue de l’AKP du président Erdogan, contrôlerait de 60 à 70 mosquées, tandis que l’autre association directement dépendante de l’État turc, fait partie de l’Union turco-islamique des affaires religieuses. Elle administrerait de l’ordre de 250 lieux de prière. Les imams y sont téléguidés par la Turquie.  La Constitution turque proclame que la religion de l’État turc est l’islam (dans sa version sunnite), bien que depuis 1937 la «laïcité» soit également inscrite dans ladite constitution, qui n’a rien à voir avec la laïcité française. Il s’agit d’un contrôle de l’État sur le religieux qui se traduira par la création d’un ministère des affaires religieuses. Le coup d’État de 1980 marque le début d’une transformation qui conduit à la formation de l’islam politique, lequel subtilement amalgame l’islam avec l’identité turque.

L’apparition en 2002 du parti présidé aujourd’hui R.T. Erdogan marque la convergence entre le nationalisme exacerbé et l’islamisme, qui deviennent les deux piliers d’une force politique, qui s‘éloigne radicalement du kémalisme qui l‘a précédé. Très proche des Frères musulmans, bien qu’il s’en défende, Erdogan s’est fait champion de cet islamo-nationalisme qui le pousse à intervenir hors de son pays, militairement et comme soft power. C’est le cas en France à travers les associations d’obédience turque. Il s’appuie aussi sur la réminiscence de l’empire Ottoman, qu’il allie à une hostilité contre les Occidentaux coupables de tous les maux bien qu’il soit leur allié au sein de l’Otan. On n’oublie pas ses insultes en direction du président français.

En s’appuyant sur sa diaspora, Erdogan pratique la déstabilisation, l’ingérence, principalement à travers deux grands réseaux islamistes, l’un qu’on dit être indépendant officiellement du pouvoir, dénommé Mili Goris, la Vision nationale, dont la Confédération islamique en France est la filiale, l’autre émanant de l’État, l’Union turco islamique des affaires religieuses. Depuis l’arrivée au pouvoir de l’AKP, on observe un rapprochement des réseaux et leur convergence dans l’action. Il s’agit notamment d’empêcher l’intégration de la diaspora turque en France et donc de propager une identité nationaliste-islamiste et d’élargir cet objectif aux musulmans en France. Les services secrets turcs qui sont à la manœuvre, pratiquent l’entrisme. On met systématiquement en avant l’islamophobie dès que ces associations élèvent une critique, ce qui est évidemment repris par d’autres musulmans, islamistes, non turcs. Il s’agit clairement d’éviter aux Turcs en France (et non aux Turcs de France) toutes les formes d’exogamie, pas de mixité ni de métissage, en fait une forme de pureté ethnique et religieuse qui ne dit pas son nom. Ça nous rappelle une autre époque. C’est la nouvelle «turcitude» avec un double objectif, celui de l’endogamie et la force électorale, par le biais de la double nationalité, l’une issue de l’autre.  Cette communauté a voté à plus de 60% en 2018.

Ce qui précède devient le fondement d’un communautarisme actif capable d’exercer une influence locale, qui s’inscrit dans la croisade d’islamisation chère à Erdogan qui veut en être le leader. On retrouve ici le même objectif que celui des Frères Musulmans. Le message est parfaitement clair : pas d’intégration, pas d’assimilation, mais un communautarisme à outrance qui veut s’imposer contre les lois républicaines, en connaissant les moyens de s’y opposer. C’est aussi une stratégie d’infiltration qui veut faire tache d’huile auprès de tous les musulmans, tout en interférant dans la vie locale grâce au poids relatif des électeurs musulmans. Selon les services en charge, sur plus de 2.000 lieux de cultes en France, il semble qu’une centaine environ propagent un discours séparatiste qui rejette la devise républicaine.



La conclusion appartient à Lucile Rolland directrice du Service Central de Renseignement Territorial : «l’immense majorité́ des lieux de culte ne pose aucun problème. Mais une petite minorité́ propage un discours fondamentaliste, comme il en existe dans les deux autres religions du Livre. Une fraction encore plus faible répond à un discours pouvant être qualifié de séparatiste. Il peut être qualifié ainsi, car il fait prévaloir la loi de Dieu sur la loi des hommes, et particulièrement sur celles de la République» et devant la commission paritaire sénat-assemblée nationale,

La cheffe du service central du renseignement territorial (SCRT) a notamment pointé du doigt les «limites» que rencontrait son service pour lutter contre le «séparatisme» et le repli communautaire. «Les outils existent, mais ne sont pas directement orientés vers la lutte contre le séparatisme. Ils ne peuvent pas prendre en compte la totalité du phénomène», a déclaré la policière, regrettant de ne pas pouvoir «agir de la façon la plus optimale».


1 commentaire:

Takouhi a dit…

Vous auriez pu aussi parler "des loups gris" secte terroriste intégriste turque"!!!!!!!!!!