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jeudi 22 mars 2012

L’IMPLANTATION ISLAMISTE EN FRANCE



L’IMPLANTATION ISLAMISTE EN  FRANCE 

Par Jacques BENILLOUCHE
            
Les victimes de Merah

            Avec la tuerie de Toulouse, les autorités françaises donnent l’impression qu’elles découvrent subitement le terrorisme islamiste dans leur pays. Pourtant, les israéliens les avaient mis en garde depuis plusieurs années, dans le cadre d’échanges entre services de renseignements, contre l’implantation des islamistes en France. Selon eux, le port de la burqa et le problème du voile ne sont que des prétextes qui n’ont rien à voir avec la volonté des islamistes d’embraser le sol français. Les israéliens connaissent parfaitement cette mouvance, ayant pris naissance en 1962 et manipulée par la Syrie et l’Egypte, parce que le Mossad l’avait alors totalement infiltrée. 

L’islam n’a pas cessé de s’imposer dans le paysage français. Chaque rencontre annuelle de l’UOIF (Union des Organisations Islamiques de France) bat chaque année son propre record puisque, de quelques milliers de participants à la création de l’union, la fréquentation est passée à plus de 300.000, concrétisant ainsi l’impact de cette organisation auprès de la communauté française. On date, à tort, l’existence d’un islamisme actif depuis le 11 septembre 2001 parce que les joutes politiques et les contingences économiques avaient masqué la réalité de sa propagation au sein de la population française. En fait les islamistes, dans le strict respect du droit, agissent en toute liberté depuis un demi-siècle en s’appuyant sur les règles de la démocratie occidentale.

Les tunisiens de 1962

            L’implantation islamiste et l’introduction du fondamentalisme en France ont été le fait des tunisiens. L’UOIF, créée en 1983 sous forme d’association religieuse, s’est transformée progressivement en groupe politique, préparant la tête de pont d’un islam mondial pur et dur qui a nécessité une méthode et un investissement préparés durant de longues années.
            Au cours de l’année 1962, quelques étudiants groupés autour de l’A.E.I.F (association des étudiants islamiques de France) n’avaient au départ aucune stratégie de prosélytisme. Ils se bornaient à placer leurs pions au sein de la société française tout en attendant le jour où ils tireraient les bénéfices de leur implantation méthodique. Le Mossad, intéressé à cette époque à suivre et à ficher les activistes arabes du Proche-Orient, avait infiltré le milieu étudiant à Paris, terreau des futurs dirigeants arabes, afin de comprendre et de contrer la stratégie planifiée par ces groupes naissants.
Centre culturel arabe boulevard Saint Michel
            L’A.E.I.F avait vu le jour sous l’impulsion de Mohamed Hamidullah, au centre culturel arabe du boulevard Saint Michel, en plein Quartier Latin. Cette entité, émanation radicale des Frères Musulmans syriens, était contrôlée par de pseudo-étudiants, dont l’allure et l’âge ne faisaient pas illusion, en permanence pistés par le Mossad qui se doutait qu’ils n’étaient pas en France pour des raisons universitaires. Elle reproduisait déjà à petite échelle les effets de la concurrence entre les dictateurs du Moyen-Orient d’alors et se nourrissait du conflit idéologique qui opposait les égyptiens à leurs cousins syriens.
Les égyptiens avaient choisi de se montrer plus pragmatiques et plus modérés pour attirer le plus grand nombre d’adhérents. Les israéliens surveillaient ces luttes intestines qui avaient pour conséquence de se traduire par la neutralisation réciproque et concrète des différents courants. La lutte syro-égyptienne pour le contrôle des étudiants arabes en France sombrait, à la grande satisfaction des israéliens, dans des luttes de clans qui annihilaient toute action efficace de la part des activistes.

Compétition syro-égyptienne
Ahmed Jaballah

            Des étudiants tunisiens menés par Ahmed Jaballah, mandaté par le parti islamique tunisien MTI (mouvement de la tendance islamique) pour implanter des cellules en France, sont alors noyautés par les égyptiens qui les poussent à s’inscrire à l’AEIF afin de bouter, hors de l’association, le courant majoritaire syrien. La tentative fut un échec et entraina de ce fait la scission du groupe pro-égyptien qui décida la fondation en 1979 du G.I.F (groupement islamique de France). La politique répressive du président Bourguiba allait faire le reste en permettant aux nombreux militants islamistes, poursuivis en Tunisie, de venir se refugier en France dès 1981 pour grossir les rangs du G.I.F. A compter de cette date le groupe s’organisa alors en une structure unique, l’U.O.I.F, en politisant un mouvement qui n’était encore qu’à l’état d’entité confidentielle.
            Les tunisiens contrôlaient toutes les instances puisque le président Ahmed Jaballah et le secrétaire général Abdallah Benmansour avaient pris en main les destinées de ce qui n’était alors que la branche française du parti islamiste tunisien. Cette structure avait pour ambition de représenter, seule, l’islam en France mais son audience restera longtemps marginale. Les tunisiens, gênés dans leur action par les répressions en masse que leur faisait subir leur gouvernement, finiront par céder leur place en 1995 à des marocains, au moment même où de nombreux attentats étaient organisés en France. Fouad Alaoui, le nouveau responsable, comprit judicieusement qu’il devait jouer la carte de notable modéré, respectueux de la loi, afin d’obtenir les bonnes grâces de l’administration française.

Evolution politique
Prière de l'UOIF pour l'Aïd

            Il décida alors de réorienter la stratégie de l’UOIF en l’impliquant dans le développement d’un islam de proximité et d’un mouvement religieux de masse. Il apprit de ses frères étrangers arabes les méthodes d’encadrement et transforma progressivement son union en un véritable parti grâce à la mise en place de bases fortement politiques. Les dirigeants essaimeront de multiples groupuscules chargés d’étendre leur toile autour des musulmans. Les Frères Musulmans, toujours eux, les aideront à créer des réseaux dormants prêts à être activés sur ordre puis à  organiser et structurer leur mouvement.
            La France est alors divisée en huit régions dirigées par un responsable local prenant ses ordres à Paris. L’UOIF a ouvert une trentaine de centres cultuels, a pris le pouvoir dans les mosquées de Lille et de  Bordeaux, s’est attaqué à la jeunesse en créant l’association des Jeunes Musulmans de France, aux étudiants avec l’association des Etudiants Musulmans de France et aux femmes avec la Ligue Française des Femmes Musulmanes. Cette prise de pouvoir progressive fabriqua alors un Etat dans l’Etat, inspiré des méthodes des Frères Musulmans, agissant ouvertement sous couvert d’une existence légale démocratique.    
            Forte de cette puissance, l’UOIF quitta alors le monde associatif pour entrer de plein pied dans la politique avec son Comité de Bienfaisance et de Soutien à la Palestine prouvant ainsi que l’organisation n’était plus ouvertement d’essence cultuelle. La boucle était bouclée et les masques tombèrent. La religion, qui n’était qu’un alibi pour conquérir par l’islam tous les musulmans de France, devenait le moteur d’une action politique concrétisée par l’impression du journal « Actualis », démontrant ainsi qu’il ne s’agissait plus de diffuser uniquement la voix des imams.

Nerf de la guerre

            Les islamistes passèrent ainsi du stade artisanal au stade industriel. Ils comprirent alors qu’ils devaient se défaire de l’image de petits barbus incultes, récitant par cœur les sourates du Coran, et favoriser l’élévation du niveau intellectuel de leurs leaders. Les dirigeants, en majorité marocaine, firent alors appel à des prétendus étudiants du Moyen-Orient, venus parfaire leur niveau universitaire en France mais, en fait, formateurs politiques issus des rangs des Frères Musulmans. Leur image se positiva. Le président Thami Brèze était titulaire d’un doctorat de sciences politiques, le secrétaire général Fouad Alaoui docteur en neuropsychologie, tandis que le secrétaire adjoint Okacha ben Ahmed était docteur en informatique.
Tarik Ramadan
            Cependant cette stratégie de dirigeants diplômés a paradoxalement indisposé la base, souvent inculte, et a joué le rôle de repoussoir parmi des militants issus essentiellement des classes populaires. Ces derniers auront du mal à s’identifier à tous ces lettrés qu’ils accusaient de constituer une nouvelle nomenklatura. Mais la grogne n’était pas perdue pour tout le monde puisque les déçus iront rejoindre le mouvement plus radical de Tariq Ramadan qui défendait la vision originale du fondateur des Frères Musulmans Hassan El Banna : « Certains pensent, à tort, que l’islam se limite à une pratique religieuse spirituelle et dévote. Quant à nous, nous considérons l’islam comme régissant aussi bien le temporel que le spirituel. ». Le ton est donné. Cette frange de contestataires n’attendait plus qu’un déclic ne vienne les entrainer dans un combat plus violent pour l’islamisation du pays par la force.
            L’UOIF joua alors deux rôles contradictoires. D’une part elle prépara le retour des islamistes au Maghreb d’où ils étaient pourchassés et, d’autre part, elle activa l’islamisation de la communauté française. Mais la transformation en parti politique, qui a vu un embryon d’effet aux élections locales, implique un financement indispensable puisque l’UOIF avoue officiellement un budget annuel de deux millions d’euros mais ce montant semble bien loin de la réalité. Les cotisations des militants de base ne suffisent pas à couvrir un budget à la hauteur des prétentions du parti. L’appel aux contributions étrangères d’Iran, de l’Arabie Saoudite et des Emirats du Golfe imposera  des contreparties idéologiques quand il ne s’agira pas d’actions militantes risquées. Le règne de l’argent soumet ainsi à un intégrisme radical des militants qui n’avaient pas fait ce choix, les noie dans la démagogie et le populisme et  pousse les jeunes vers un salafisme dangereux.
           
Immunité remise en cause

            La France est ainsi maillée par des réseaux islamistes qui parviennent à s’insérer dans le paysage politique du pays. La France a orienté sa politique pour s’acheter une  immunité contre les troubles et les attentats. Mais certains prétendus imams venus de l’étranger, du Pakistan même, prêchent en toute liberté la haine et le djihad avec le risque de mettre à long terme la république en danger. Les hommes politiques n’hésitent plus à attirer l’attention de leurs dirigeants sur ce qu’ils appellent une « négligence » car ils auront alors bien du mal à combattre la réislamisation des musulmans et l’islamisation forcée d’une certaine frange de la population chrétienne en difficulté, fragile et vulnérable. Philippe de Villers avait d’ailleurs considéré que « l’islam est le terreau de l’islamisme et l’islamisme le terreau du terrorisme ». 
La décision soudaine d’élever l’alerte en France au niveau rouge a été prise pour trois raisons n’ayant aucun lien entre elles mais toutes liées au risque islamiste. Les paroles rassurantes du directeur général de la police nationale Fréderic Pechenard tendent plutôt à inquiéter : « Je ne suis pas ici pour effrayer les gens mais nous avons des preuves sérieuses venant de sources fiables de renseignements nous informant qu'il y a un risque d'une attaque de grande envergure. » Les sources dont il parle ne sont pas le contre-espionnage français mais les services de renseignements algérien et marocain ainsi que l’Africom qui regroupe les activités militaires et sécuritaires des États-Unis en Afrique.
Le gouvernement français est inquiet du risque de réactivation des réseaux islamistes dormants sous la pression d’Al-Qaeda en Afrique du nord. L’AQMI aurait envoyé en Europe des femmes djihadistes algériennes formées pour commettre des attentats-suicides dans les trains et les gares, en particulier la gare du nord d’où partent les trains pour les capitales européennes qui ont pris de sérieuses mesures de sécurité. Les experts israéliens du renseignement ont confirmé le danger de l’activisme de cette nébuleuse africaine.

Activisme d’Al-Qaeda
AQMI en armes

De sérieuses rumeurs de négociations entre les Etats-Unis et les talibans, pour mettre fin à la guerre en Afghanistan, poussent de nombreux combattants arabes à rejoindre le camp d’Al-Qaeda. Ils n’acceptent pas de cautionner un accord qui les mettrait à la merci des talibans et qui les condamnerait à être cantonnés et isolés à l’intérieur de l’Afghanistan sans possibilité d’en sortir. Ils s’inquiètent aussi du sort qui leur sera réservé dans le cadre d’une paix qui les rendra inutiles. A leur arrivée en Afrique du nord, ces réfractaires ont fait part de leur volonté de poursuivre le combat en commettant des opérations contre des cibles occidentales afin de redorer le blason d’Al-Qaeda.
La France, d’autre part, n’a jamais cessé sa guerre secrète en Algérie, en Mauritanie, au Mali et au Niger. Sept terroristes ont été tués dans un raid conjoint franco-mauritanien, opéré par les forces spéciales qui avaient pour rôle de libérer l’otage français Michel Germaneau, exécuté par ses ravisseurs. Les représailles ont consisté à enlever sept techniciens nucléaires, dont cinq français. Le cycle de la violence s’est alors poursuivi puisque le ministère de la défense a contre-attaqué en envoyant des unités de l’air au Niger, équipés de jets de combat, à la recherche des ravisseurs.
Les services de renseignements israéliens, qui disposaient de relais en Mauritanie, pointent la difficulté de distinguer les enlèvements conduits dans un but de terreur islamiste de ceux qui servaient au financement des opérations des rebelles. La plupart des dirigeants de ces réseaux ne sont pas des politiques mais des contrebandiers ou des criminels qui n’appartiennent pas à Al-Qaeda mais qui sont prêts à se plier, par opportunisme, à l’autorité de cette organisation. Cependant l’AQMI est suffisamment affecté par son conflit avec la France et par l’arrivée massive de djihadistes pour être contraint d’organiser des opérations ambitieuses sur le sol européen, français en particulier, pour ne pas décevoir ses volontaires armés et surtout pour entretenir leur flamme militante.
Enfin, l’implantation d’AQMI en Tunisie et en Algérie a subi des revers et des échecs qui les poussent à présent à s’orienter vers l’Europe, le Sénégal et le Nigéria, pour maintenir la mobilisation de leurs troupes. Cette organisation risque donc de faire appel à la collaboration de certains extrémistes islamistes français qui n’apprécient pas la passivité et le respect démocratique de l’UOIF et qui voudraient profiter de l’arrivée de djihadistes pour réorienter leur combat vers des actions violentes. Leur réveil risque d’être brutal et justifie donc les mesures prises par les forces de sécurité françaises. 
Aucun homme politique ne pourra dire qu'il ne savait pas et aucun ne pourra se retrancher derrière son refus de stigmatisation des musulmans de France  pour rester passif devant le danger couru par la République. 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Le pire de tous les dangers, face à l'islamisation complète de la France : c'est de ne pas y croire! Or c'est ce DOUTE qui est en permanence mis en œuvre partout, que l'on appelle le déni. Que ce soit les "politiques" locaux ou nationaux, les grands médias audios ou écrits, les syndicats..etc..soit on minimise les faits pour nous rassurer, soit ils sont incontournables par leur gravité, et alors on lance des campagnes "pour ne pas stigmatiser", c'est-à-dire, en fait, bloquer autant que faire se peut, la mise en œuvre de la défense -légale bien sûr - du pays, donc au final, permettre un jour (dans 30 ou 40 ans, ils ne sont pas pressés, ils le disent) la victoire sans retour possible de nos ennemis. Voilà hélas, la vraie situation.