ÉLECTIONS : LA SOLITUDE DES FRANCOPHONES
Par
Jacques BENILLOUCHE
sur une idée de Michel LEVY (Guysen)
sur une idée de Michel LEVY (Guysen)
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Contretemps
Il est un fait
qu’en s’installant en Israël, les francophones mettent au pied de l’avion leur
passé vécu en diaspora pour embrasser leur nouvelle condition d’israélien à
part entière. Mais il est difficile de fuir ses racines et le pays lui-même est
attaché à entretenir la culture importée par les nouveaux immigrants pour
enrichir le terreau. Les dirigeants politiques savent aussi qu’une bonne intégration passe
par la mise en valeur des identités communautaires. C'est pourquoi leur identité francophone leur colle à la peau.
Francophones orphelins
Malgré les quelques 2.000
francophones qui rejoignent Israël tous les ans et malgré les centaines de
milliers qui font partie du paysage national, il semble qu’ils soient considérés
comme quantité négligeable par les partis politiques israéliens. A preuve,
aucun nouvel immigrant francophone ne figure sur les listes des candidats des
partis alors que les Russes et les Éthiopiens ont eu leur place réservée. Un éminent
universitaire a bien tenté de figurer parmi les élites du Likoud, mais il n’a
pas rencontré l’ardeur des militants qui l’ont ignoré, et encore moins, celle
des dirigeants qui auraient pu imposer sa présence comme source positive de la
diversité.
Certes les francophones ont souvent
le tort de ne pas maitriser la langue, ce qui reste un handicap pour ferrailler
dans les meetings et demain, à la
Knesset. Certes la culture politique n’est pas l’apanage de ceux qui sont souvent
issus de pays nord-africains qui les avaient écartés de la chose publique parce
que, à quelques exceptions près, ils ne les sentaient pas en phase avec un
nationalisme exacerbé. Certes ils ont d’abord à régler leurs problèmes d’intégration
matérielle et psychologique avant de s’occuper du superflu, c’est-à-dire la
politique politicienne. Certes certains partis, et il ne faut pas s’en cacher,
sont réfractaires à donner une place aux «noirs», en majorité parmi les
francophones, parce que, à l’instar des années 1970, ils les cataloguent
encore comme citoyens de deuxième zone.
Individualisme
Mais la réalité
est sévère : les francophones sont boudés par les partis politiques comme électorat
négligeable.
Il faut dire que l’unité
n’est pas leur préoccupation majeure et que, s’activant de manière individuelle,
ils ne constituent pas une force d’attraction ou un poids politique avec lequel
il faut compter. Il suffit de constater la dizaine de petites publications éditées
alors qu’une seule aurait pu concentrer les talents et les moyens et servir de
référence comme il existe dans le milieu anglophone. La persistance des individualités
condamne à l’inertie et à l’inefficacité. On se souvient que trois listes
concouraient aux élections locales à Ashdod et à Netanya. La dispersion des
voix a conduit à leur élimination alors que ces villes auraient pu prétendre au
moins à deux conseillers municipaux. Elles ont préféré le sabordage plutôt que
le consensus et l’union.
Le fait est là ; les
francophones d’Israël ne seront pas représentés à la Knesset alors qu’ils le
sont à l’Assemblée nationale française. La défense en Israël de leurs intérêts ou de
leurs spécificités le sera peut-être par
d’autres voies mais la question se pose de savoir s’ils sont considérés comme aptes
à faire partie de l’élite politique ou uniquement comme une population seulement digne à
peupler les implantations.
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